RAMATA SISSOKO CISSÉ, UNE CITOYENNE ENGAGÉE

Malienne très engagée dans la refondation du Mali depuis les États Unies d’Amérique, Mme Cissé Ramata Sissoko est spécialiste en Biologie, Professeur au Collège Georges G. et à l’École des Sciences et de la Technologie à Atlanta en Géorgie. Elle a été instructeur au Collège Gwinett de Géorgie, après avoir fait de la recherche scientifique à USDA SERL dans la même université. Ramata Sissoko Cissé est mariée depuis une trentaine d’années et mère de trois (3) enfants. C’est l’une des maliennes les plus suivies sur les réseaux sociaux pour son franc parlé et son engagement patriotique. Une Niéléni de son époque, pendant ses vacances elle est venue avec son équipe assainir le marché rose de Bamako. Nous nous sommes entretenus avec elle.

NYELENI Magazine : Nous vous avons connu sur les réseaux sociaux sous IBK dénonçant la mal gouvernance, quels sont vos sentiments aujourd’hui ?

Ramata Sissoko Cissé : Mes sentiments aujourd’hui, c’est que, beaucoup de maliens sont au moins conscients que la mal gouvernance est une réalité. Quand on est malade et qu’on ne sait pas de quoi on est malade, on ne pourra jamais se soigner. Au Mali, on sait qu’il n’y a pas une bonne méthode de gouvernance. Sachant le problème, nous pouvons au moins lui faire face et le résoudre. Je pense que ça continue, mais il y a une conscience nationale qui est là, qui sait que la manière dont on gérait le pays n’était pas bonne et qu’il faut que ça change.

NYELENI Magazine : Nous avons vu la métamorphose du Marché rose pendant vos vacances à Bamako, pouvez-vous nous dire comment ce projet a débuté ?

Ramata Sissoko Cissé : Nous savons que le développement commence quelque part, par quelque chose et par quelques gens. Le marché rose est un lieu symbolique pour notre pays. C’est la photo du marché rose qui est sur notre passeport. Et pour nous, son entretien fait partie de la base même du développement de notre pays. Nous savons que, tout Bamako est sale, mais le marché rose se trouve au milieu du grand marché de Bamako et c’est un lieu qui est visité par tout le monde. Nous nous sommes dit, que si on arrivait à nettoyer un lieu qui est visité par tout le monde, cela pourrait servir d’exemple aux visiteurs et aux commerçants de transposer cela dans leur quartier respectif. Nous savons aussi que le marché est très sale et très difficile à nettoyer. Il fallait commencer par un « challenge » très difficile et chercher à le comprendre , voilà pourquoi, nous nous sommes dirigés vers le marché rose.

NYELENI Magazine: C’est vrai que pour avoir une capitale propre, il faut un changement de comportement, mais pour le cas du Mali, ll y a aussi un problème d’infrastructures (dépôts de transit, dépôts définitifs)?

Ramata Sissoko Cissé : Effectivement, nous pensons que le comportement fait 99% pourcent du problème. A part le manque de dépôt, il y a un manque de recyclage. Nous avons beaucoup d’espaces au Mali qu’on peut utiliser comme dépôts, donc, nous trouvons que c’est important que le Ministre des infrastructures soit contacté pour qu’on puisse définitivement identifier des lieux dans chaque commune. Et ça, je crois que le Ministre de l’Assainissement est entrain de travailler sur le projet. Il y’a beaucoup de compagnies privées de nettoyage au Mali, qui en sont très conscients et qui sont entrain de prendre aussi des dispositions. Nous pensons que très prochainement, il y aura des lieux où les gens pourrons déposer leurs ordures et peut-être les recycler, au lieu de les jeter. Dans un pays pauvre, on doit pouvoir recycler les ordures et les réutiliser. Nous pensons donc, en faire notre priorité.

NYELENI Magazine : Vous avez été reçue par le ministre de l’Assainissement et de la Protection de l’environnement, quel partenariat pour le futur ?

Ramata Sissoko Cissé : Tous les travaux que nous avons faits, nous l’avons fait avec le ministère de l’Assainissement et de la Protection de l’environnement parce que, c’est avec eux que nous avons développé les idées, c’est à eux que nous avons proposé les solutions et nous avons été chargé d’appliquer nos solutions. Par exemple la sensibilisation, parler aux populations pour changer leurs mentalités par rapport aux ordures, à la mise en place de poubelles devant les maisons. Le ministre de l’Assainissement a été toujours ouvert, disponible, ainsi que tous les autres ministères. Nous sommes de simples citoyens, nous sommes là seulement pour les accompagner dans la mise en place de ces propositions et leur mise en application.

Rencontre chaleureuse avec le ministre

NYELENI Magazine : Comment être membre de l’équipe de nettoyage ?

Ramata Sissoko Cissé : Les jeunes qui sont sur le terrain entrain de nettoyer sont des volontaires et pour être membre de l’équipe de nettoyage, il faut tout juste contacter le coordinateur sur le terrain ou bien nous même ici. Nous recensons les numéros et généralement les gens viennent les assister, mais nous travaillons du dimanche soir au jeudi soir. Dans la journée, nous nettoyons et dans l’après-midi, nous passons dans les rues, pour expliquer aux gens pourquoi il est important de préserver, de conserver la nature, de ne pas jeter les ordures dans les rues et utiliser des poubelles. Nous sollicitons toujours des volontaires pour nous accompagner dans nos activités.

NYELENI Magazine : Comment faire pour acquérir des poubelles ?

Ramata Sissoko Cissé : Les poubelles que nous sommes entrain de confectionner sont des poubelles publiques, mais nous comptons franchement en mettre sur le marché pour la vente, afin d’encourager. Cela fait partie de la sensibilisation aussi, rendre accessibles les poubelles, parce qu’il y a des gens qui pensent que c’est compliquer peut-être d’avoir des poubelles. Les poubelles coûtent entre 10 000 et 12 000 et 15 000 francs CFA (en barrique). Les poubelles industrielles peuvent coûter un peu plus chers. Des compagnies privées sont là, qui donnent des poubelles et ramassent les ordures. Donc, nous comptons franchement les vendre sur le marché parce que, nous avons trouvé qu’il n’y a pas assez de poubelles dans la ville. Et pourtant, tout le monde doit avoir une poubelle, nous voulons aussi que cela soit ériger en une loi applicable aussi.

NYELENI Magazine : Vous résidez depuis des décennies aux États-Unis, de votre départ à maintenant, qu’est-ce qui a changé pour les femmes maliennes selon vous ?

Ramata Sissoko Cissé : Effectivement, je vis aux États Unis depuis des décennies. Le rôle de la femme dans la société malienne a changé substantiellement, nous avons beaucoup de femmes formées dans les sciences et la technologie, beaucoup d’autres sont engagées dans le business, dans l’entreprenariat. Ce qui est très encourageant, c’est que la société malienne commence à valoriser le rôle de la femme. La femme ne se sent plus inférieur à l’homme. Je pense que nous avons beaucoup à faire encore, mais je suis optimiste avec la jeunesse, elle est différente de nous et de nos parents. Tout le monde commence à comprendre que chacun a un rôle à jouer.

vue partielle du marché rose

NYELENI Magazine : Si on vous demande de plaider pour la cause des femmes du Mali, auprès de la Transition, que diriez-vous ?

Ramata Sissoko Cissé : Je dirai que dans la composition du gouvernement, le pourcentage soit respecté (la loi sur le genre) et dans tous les services de l’État. Le gouvernement est entrain de fournir des efforts, même s’il faut faire plus encore dans ce sens. Que les femmes se sentent concernées aussi bien dans l’exercice ou la quête du pouvoir. Cela va demander de la sensibilisation, formations pour qu’elles se sentent aussi compétentes que les hommes.

Propos recueillis par Maïmouna TRAORÉ

Source photos : Ramata S. Cissé

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