MARIAM TRAORÉ, PRÉSIDENTE DE L’ASSOCIATION DES JEUNES FEMMES POUR L’ÉQUITÉ ET L’ÉGALITÉ DES CHANCES À KOULIKORO (AJPECK)

Mariam Traoré est née en 1995 à NARENA, elle est licenciée en Agro économie (Science Sociale) diplôme obtenu à l’IPR/IFRA de Katibougou à Koulikoro, et d’une Licence professionnelle en Sciences de la Santé infirmière et obstétricale. Actuellement, Technicienne supérieure de santé au cabinet médical Lamine Sylla à Koulikoro centre. Mariam Traoré est aussi la présidente de l’Association des jeunes femmes pour l’égalité des chances à Koulikoro (JFECK), vice-présidente de la coopérative Denbagnouma  à Koulikoro et leader AJCAD à Koulikoro. Ce n’est pas tout, Mariam est aussi le Point focal du mouvement d’action des jeunes de l’Association Malienne pour la Protection et la Promotion de la Famille à l’antenne régionale de Koulikoro, relais à Koulikoro d’OMAES (Office Malien d’Aide à l’Enfance du Sahel) dans le cercle de Banamba et Point focal à Koulikoro de l’alliance pour la recherche et le développement intégré (ARDI).

NYELENI Magazine :Pourquoi une association pour l’égalité ?

Mariam Traoré : Après plusieurs années d’engagement activiste, nous avons constaté́ que plusieurs inégalités subsistent dans nos communautés, et le fossé qui existe entre les zones urbaines et les zones rurales reste vraiment notoire.  C’est avec un souci patriotique, professionnel, social et un constant généralisé que nous avons créé cette association apolitique et à but non lucratif. En effet depuis plusieurs années, la jeunesse malienne, particulièrement celle de Koulikoro fait face à certains facteurs qui influent sur le développement de notre communauté.

NYELENI Magazine :Quels sont ces facteurs?

Mariam Traoré : La baisse du niveau de formation éducative, la non scolarisation et la déscolarisation des filles, le manque de formations qualificatives des jeunes, l’intégration de la jeunesse dans les milieux sociaux et professionnels, l’accès limité à des soins médicaux surtout de qualités, la problématique de la place de la femme dans la société, les violences faites aux femmes, le nombre croissant du taux de mendicité et de banditisme (délinquance juvénile et consommation abuse des stupéfiants). Ces problèmes cités constituent un frein majeur au bon développement durable de notre communauté.

NYELENI Magazine :Combien de membres avez-vous et dans combien de communes ?

Mariam Traoré : AJFECK est composée de trente (30) jeunes femmes. Pour le moment nous évoluons dans la commune urbaine de Koulikoro, qui compte 11 quartiers, nous comptons étendre nos différentes activités dans d’autres communes du cercle de Koulikoro conformément à notre plan d’action.

NYELENI Magazine :Comment votre association a été accueillie par les gens ?

Mariam Traoré : La création de AJFECK a été saluée et acclamée dans une société un peu accrochée aux valeurs ancestrales aussi nuisibles soient elles, notamment: l’excision, le mariage précoce et forcé… Les autorités administratives, politiques, coutumières, les leaders d’opinions ainsi que les autres organisations de la société civile ont félicité et décidé d’accompagner AJFECK dans l’exécution de ses programmes.

NYELENI Magazine :Quelles sont les activités menées et les difficultés rencontrées ?

Mariam Traoré : En effet ; créée le 06 Mai 2022, l’AJFECK a élaboré un plan d’action en 2023, qui lui a permis de mener plusieurs activités qui sont entre : Une série de causeries éducatives dans les établissements scolaires secondaires a Koulikoro sur les VBG et les instruments juridiques; Des journées de sensibilisation et formation des jeunes femmes exploitantes de sables et graviers non scolarisées et déscolarisées sur la santé sexuelle et reproductive avec à l’appui une distribution de serviettes hygiéniques; Formations sur la fabrication de savons artisanal, culture et transformation des produits agricoles ainsi que la coupe et couture pour la résilience et l’autonomisation économique; Des journées d’échanges avec les exploitants de sables et graviers sur la scolarisation des filles et le mariage précoce/ forcé et l’excision dans lesquelles nous avons eu à faire face à certaines interrogations délicates qui sont entre autres:

N’est-il pas paradoxal de nous proposer le planning familial parce qu’on fait trop d’enfants, et ensuite nous proposer d’abandonner l’excision car elle peut souvent créer des problèmes de reproduction ?…

Comme réponse : Le Planning familial permet d’espacer les naissances et cela y va de la santé de la femme ainsi que le bien-être économique de la famille alors que l’excision peut plutôt détruire l’organe génital féminin, compliquer l’accouchement de la femme ou même la rendre stérile.

Comment refuser de donner l’enfant en mariage à l’âge de 14ans pour ensuite assister à une grossesse non désirée et l’entretenir avec son enfant ? N’est-ce pas une bouche de plus à nourrir inutilement ?

Comme réponse : A 14ans l’enfant doit aller à l’école tout en recevant une bonne éducation familiale par les parents comme l’exige l’autorité parentale. Donc les parents ne doivent pas fuir leurs responsabilités en forçant ou en donnant précocement les enfants en mariage.

Certains programmes n’ont pas pu être exécutés jusqu’à présent, à cause des difficultés financières.

NYELENI Magazine :Quelle sera votre stratégie pour faire changer les mentalités quant à l’augmentation du taux de scolarité  des filles et leur maintien à l’école ?

Mariam Traoré : Dans l’élaboration et l’exécution de son plan d’action 2022-2023, AJFECK ; a mis un accent particulier sur la conscientisation ; la sensibilisation ; la formation et l’information afin de promouvoir l’égalité de genre ; la compréhension ; l’entente ; la cohésion sociale ; la paix ; le vivre ensemble ; le respect des textes et l’adhésion de l’ensemble des couches de la société ainsi que les décideurs sur les conséquences des VBG, les problèmes liés à la santé sexuelle et reproductive, la scolarisation des filles ainsi que l’autonomisation et l’épanouissement des femmes dans la société.

A cet effet AJFECK compte impliquer les leaders d’opinions ; religieux ; traditionnels, Jeunes et femmes; les autorités, les médias, les exploitants de sables et graviers à Koulikoro ainsi que les partenaires techniques et financiers à travers des émissions radios, des séances de causeries débats éducatives et intergénérationnelles…afin de permettre une dissémination de l’information dans la communauté, de permettre un change de mentalité générale et de lutter efficacement contre le mariage précoce/force.

NYELENI Magazine :Vos doléances pour les parents et les autorités ?

Mariam Traoré : Nos doléances vont plutôt s’adresser aux autorités administratives, politiques et coutumières ainsi qu’aux OSC afin de les pousser à mettre en exergue l’application et le respect strict des textes, car comme le stupide l’article 17 de la constitution du 25 février 1992 : « L’éducation, l’instruction, la formation, le travail, le logement, les loisirs, la santé, et la protection sociale constituent des droits reconnus ». Et l’article 2 de cette même constitution stupide que « Tous les maliens naissent et demeurent libres et égaux en droits et en devoirs ». Ainsi, les garçons et les filles doivent jouir des mêmes droits à l’éducation, la santé…et le monde doit s’impliquer de façon efficace afin cela puisse être une réalité pour le bien-être de la communauté.

Maïmouna TRAORÉ

 

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