L’UE EXPORTE VERS LES PAYS PAUVRES UN PESTICIDE INTERDIT SUR SON SOL

Une enquête révèle que l’UE et le Royaume Uni ont exporté 1000 tonnes d’un pesticide interdit vers les pays les plus pauvres. Des villages du Costa Rica sont approvisionnés en eau potable par camion : un pesticide fourni par l’Europe a pollué leur source.

En 2020, l’UE a interdit l’usage du chlorothalonil en raison de sa capacité à polluer les nappes phréatiques et à provoquer des cancers. Trois ans plus tard, les autorités françaises doivent faire face à une opération de nettoyage massive de ce fongicide, qui pourrait faire grimper en flèche les factures d’eau.

Mais l’Allemagne, l’Italie et le Royaume-Uni font partie des pays européens qui continuent d’exporter des centaines de tonnes de pesticides à base de chlorothalonil vers les pays les plus pauvres, comme le révèle une nouvelle enquête menée par l’unité Unearthed de Greenpeace UK et l’ONG suisse Public Eye.

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C’est la première enquête sur les exportations de chlorothalonil depuis son interdiction, et sur le lourd tribut payé par des pays mal équipés pour gérer les risques.

Le chlorothalonil pollue l’eau au Costa Rica

Livraison d’eau potable à Santa RosaUnearthed

José Miguel Quesada a travaillé pendant 40 ans comme ouvrier agricole à Cipreses, pulvérisant des fongicides, dont le chlorothalonil, jusqu’à sept jours par semaine. Âgé de 76 ans, il souffre aujourd’hui d’un cancer de la langue. « Ils disent qu’apparemment, c’est à cause du soleil et des produits chimiques », dit-il. « La seule chose que je sais, c’est que j’ai travaillé dans l’agriculture et que nous avons toujours travaillé avec ces produits chimiques. »

Depuis huit mois, les villages de Cipreses et de Santa Rosa sont approvisionnés en eau par camions. Des analyses ont révélés des concentrations de chlorothalonil 200 fois supérieure à la limite dans l’eau du robinet. « Nous avons un sérieux problème de contamination de l’eau dans le pays, en particulier dans la région de Cartago, dans les aqueducs de Cipreses et maintenant de Santa Rosa dans le canton d’Oreamuno », révèle Elídier Vargas, chercheur au Programme des Nations unies pour le développement.

« Il est probable que si nous continuons à enquêter sur d’autres aqueducs, le problème continuera à se poser. » Un récent rapport des ministères de la santé et de l’environnement du Costa Rica montre que le gouvernement est parfaitement conscient du risque. Selon l’étude, 65 000 personnes dans les régions agricoles d’Oreamuno et d’Alvarado, au nord de Cartago, boivent de l’eau pompée dans des conditions similaires : là-où la proximité des terres agricole menace les ressources en eau potable.

L’eau potable pourrait être contaminée dans toute la régionUnearthed

Le rapport estime « très élevée » la probabilité d’une pollution en raison de l’utilisation de produits chimiques. Au total, plus de 800 tonnes de fongicide sont utilisées chaque année au Costa Rica, un pays réputé pour sa riche biodiversité et ses références vertes, précise M. Vargas. Mais ce pays d’Amérique centrale ne procède pas systématiquement à des analyses de l’eau pour détecter la présence de chlorothalonil.

Comme beaucoup d’autres pays à revenu faible ou intermédiaire (PRFI), les autorités n’ont pas la capacité de tester les métabolites (molécules décomposées) du fongicide dans ses cours d’eau. L’Italie, la Belgique, le Royaume-Uni et le Danemark font partie des pays européens qui ont exporté ce le pesticide au Costa Rica après l’avoir jugé dangereux pour leurs propres exploitations.

Source : Euronews

 

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