COUP DE GUEULE : LE SACHET PLASTIQUE EST-IL DEVENU LE SIGNE ABSOLU DE LA RÉUSSITE ?

Quand les autorités commencent à interdire des choses nuisibles pour notre société, certainement, elles ont le pouvoir d’interdire les choses les plus enclines à faire du Mali l’incarnation de la poubelle, de la misère. On parle de sécurité alimentaire.

Bravo ! Aux autorités pour les dons en nourriture aux populations meurtries par les assassins. Mais la sécurité alimentaire ne saurait être crédible et pérenne que par la voix des terres arables sans engrais chimiques. Il y a plusieurs années que j’observe les Maliens que nous sommes et je suis triste, très triste.
Une Malienne qui achète une tomate, réclame un sachet plastique ; celui qui achète un sachet plastique d’eau réclame un sachet plastique ; l’autre qui achète une boisson dans une bouteille en plastique veut un sachet plastique… Comme si le plastique était le signe absolu de la réussite !
J’ai été effaré par les îlots de déchets plastiques que j’ai photographiés durant des années sur le fleuve Niger. Faites un tour s’il vous plaît à Bamako, Gao, Tombouctou, Ségou, Mopti, Sikasso, Kayes, Kati… J’en passe volontiers…
Chères autorités. Puisque nous ne sommes plus dans ce Mali où chaque cadre attendait le soir de recevoir sa valise des mains du commerçant de produits illicites, il est plus que temps d’interdire le plastique au Mali pour stopper cette tragédie qui ne dit pas son nom.
Ne dit-on dit pas au Mali qu’au lieu d’en vouloir à la poule d’avoir chié dans ton lit, va voir ce qu’elle fait dans le sien ?

Interdiction : La volonté politique y est-elle réellement ?

Ce coup de cœur de l’artiste (rappeur), photographe et comédien Lassy King Massassy (Lassina Coulibaly à l’état civil) nous interpelle encore sur un sérieux problème environnemental : les déchets plastiques ! Il s’agit particulièrement des sachets plastiques qu’on retrouve partout dans notre environnement.

Utilisés pour de multiples besoins, l’impact néfaste des sachets plastiques n’est plus à démontrer sur des secteurs névralgiques comme l’agriculture, l’élevage… Ils affectent les champs, tuent les animaux et polluent le lit de nos cours d’eau. Sans compter les conséquences sur la santé humaine, parce que nous consommons de plus en plus toutes sortes de nourriture dans ses sachets.
«En 2013, un million et demi d’animaux ont été victimes des déchets plastiques présents dans les océans du monde», pouvait-on ainsi lire dans une publication du quotidien français, «Le Figaro» en date du 21 octobre 2014. Et selon les Nations unies, environ 5 000 milliards de sacs en plastique sont consommés chaque année dans le monde, soit presque 10 millions par minute. Ainsi, pour l’ONU, le plastique est devenu le matériau le plus fabriqué après le ciment et l’acier.
Et selon des statistiques datant de 2016, la ville de Bamako produit environ 3 390 tonnes de déchets par jour, dont 5 % constitués de matières plastiques, soit 169,5 tonnes. Un impact néfaste préjudiciable durant de longue année car, non biodégradables, ils peuvent passer des centaines d’années sans se transformer, donc disparaître totalement de l’environnement pollué.
Comme le rappellent souvent des experts, «il suffit d’une seconde pour fabriquer un sac plastique qui est, en moyenne, utilisé pour à peine 20 minutes mais met entre 100 et 400 ans à se désagréger». Il est nous pose donc un véritable défi écologique et socioéconomique.
Un problème qu’on avait pourtant espéré résolu par la loi N° 2014-024 du 03 juillet 2014 portant interdiction de la production, de l’importation et de la commercialisation des sachets plastiques non biodégradables en République du Mali. Une législation qui, à compter du 1er janvier 2014, interdisait la production, l’importation et la commercialisation de sachets plastiques (sac de grand ou petit format à base de matière synthétique (polyéthylène), servant de contenant pour les denrées alimentaires ou tout autre produit non biodégradables (tout sachet plastique susceptible de se décomposer dans un délai d’au plus 18 mois, sous l’action des microorganismes présents dans la nature) dans notre pays.
Hélas ! Comme beaucoup d’autres législations sur d’autres domaines plus ou moins sensibles, elle n’a jamais connu un début d’application. Au ministère de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement durable, on a un moment lié la non application de ladite loi au manque de matériels adéquats. Autrement, la douane malienne n’est pas dotée d’équipements pour identifier les sachets biodégradables de ceux non biodégradables. Compte tenu du danger qu’il représente (biodégradable ou non), pourquoi ne pas interdire une fois pour toutes l’importation et la fabrication des sachets plastiques dans notre pays ?
Cela suppose aussi que l’on soit en mesure de proposer aux populations des moyens de rechange comme le Rwanda (où le ministre Modibo Koné séjourne actuellement) l’a fait en les remplaçant avec des sachets en papier, généralement recyclé. Tout est en fait une question de volonté politique !

Moussa Bolly

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