La cour suprême de Bamako a servi de cadre ce lundi 17 mai 2021, à la conférence de presse des syndicats de la magistrature (SAM et SYLMA).Cette conférence intervient après leur plainte contre deux de leurs collègues, Me Youssouf Aly Bathily et Me Kassoum Tapo ainsi que le chroniqueur Mohamed Youssouf Bathily, plus connu sous le sobriquet de Rash Bath dans l’affaire dite outrage à Magistrat.
L’objectif de ce rendez-vous avec la presse visait non seulement, à donner des précisions sur leur dernière action, mais aussi à répondre à l’Union Nationale des Travailleurs du Mali ( UNTM) qui a parlé des magistrats dans une de ses doléances, à propos du projet d’alignement des salaires de tous les travailleurs.
D’entrée du jeu, Djakaridia Bakayoko, Secrétaire général du Syndicat libre de la magistrature (SYLMA) dira: « Il est de notre devoir de prendre la parole pour vous donner des éclaircissements. » Il a ensuite précisé que normalement, il est du rôle du législateur de définir les infractions à la loi pénale, il peut être compléter dans cette tâche par les juridictions répressives qui sont les tribunaux correctionnels, les chambres correctionnelles, la cour d’appel, la cour d’assise… Selon lui, ce sont ces juridictions qui peuvent, lorsque la définition légale donnée aux infractions n’est pas exhaustive, contribuer à compléter les dites définitions.
« Même si cela peut sembler curieux de voir les syndicats prendre la parole pour définir l’infraction d’outrage à Magistrat. « Nous avons pris la parole pour donner une contribution, pour aider l’opinion à comprendre. La constitution de 1992, reconnaît plusieurs droits aux citoyens parmi lesquels la liberté d’expression, tout comme la liberté d’opinion, ce qui est à saluer. » A expliqué le Secrétaire général. Il a ensuite précisé que cette même constitution qui accorde ces droits en son article 4, s’est empressé pour dire qu’il s’agit là des droits et libertés qui s’exercent dans le cadre des limites de la loi.
Ainsi, l’outrage se caractérise chaque fois que les critiques ne visent pas les faits ou la décision de la justice, mais la personne même du juge. Mahamadou Yattara du Syndicat Autonome de la Magistrature, dira qu’ils entendent dire que les Magistrats ont reçu 2 000 000 de prime et qu’ils sont soutenus par les autorités de la transition. Pour lui, cela est tout faux, car, s’il est vrai qu’ils ont reçu une prime, elle ne vaut pas les 2 000 000 véhiculés par les rumeurs. Et cela a été décidé en 2019, sous le régime de l’ancien président Ibrahim Boubacar Keita. Selon le procureur, c’est le fruit d’une lutte de 2014, la loi d’orientation a été votée en 2019 et c’est en 2020, que le décret a été adopté. La Transition n’a rien fait, elle a juste concrétisé la mise en oeuvre du décret. Pour finir, il a insisté sur le fait que la magistrature n’est à la solde de qui que ce soit et ne le sera d’ailleurs jamais.
Dans un exercice de questions, réponses, les magistrats ont expliqué pourquoi ils ont porté plainte. Pour eux, le Magistrat est avant tout un citoyen qui a des droits comme tout le monde. Le fait pour lui de saisir la justice ne doit pas être perçu comme un abus. A la question de savoir qu’est -ce qu’il faut faire pour que la justice soit rendue au Mali? ils diront que la justice est tout le temps rendue au nom du peuple malien. Ils ont rassuré l’assistance que leur plainte sera traitée comme pour toutes les parties civiles dans les procédures en matière pénale.
Quant à l’UNTM qui, dans une de ses doléances réclamait l’alignement des salaire en mettant l’accent sur les avantages accordés aux Magistrats, ces derniers dévoilent que les fonctionnaires dudit syndicat sont pour la plupart épinglés par le rapport de l’OCLEI. » La vraie raison de leur préavis est loin d’être l’intérêt des travailleurs. Les leaders dont les biens ont été saisis par l’OCLEI cherchent à se sauver » ont-ils ironisé.
Elizabeth THERA