Chères sœurs, activistes, expertes en genre et autonomisation des femmes, féministes, juristes, opératrices économiques des différents secteurs, l’heure n’est pas au repos, ni à la paresse. Plus que jamais déterminées et dans un élan de solidarité nous nous devons de poursuivre notre travail contre le sous-développement et pour la stabilisation de notre pays, pour la promotion et l’autorisation des femmes. Notre pays se trouve dans une tourmente incroyable causée par des forces obscurantistes et des apatrides qui ne voient que leurs intérêts sordides. Avec conviction pour la noble cause d’assurer un mieux-être à nos sœurs vivant dans la précarité en milieu rural, aussi bien qu’en milieu urbain et dans les zones mouvementées à cause des conflits, restons actives et engagées pour la bonne cause.
Engageons nous, pour sauvegarder nos droits acquis du passé et surtout ceux que la Constitution nous a offerts en termes de liberté, de l’égalité de droit et de devoir sans distinction aucune. Fortement et clairement exprimée dans l’article 2 du Préambule, sans équivoque nous, nous en sommes réjouies. Des initiatives ont vu le jour sous tous les régimes avec la création de mécanismes en charge de l’émancipation des femmes, ou de plans et programmes pour leur épanouissement ou encore leur promotion. La mise en place de fonds d’autonomisation au niveau de certains départements sectoriels ; le financement de projets par des fonds existant au niveau des coopérations bref. Soyons dynamiques et vigilantes, malgré la disponibilité de la politique Genre d’un plan d’action et d’un Secrétariat Permanent Genre, qui ne sont nullement des garanties face à l’adversité et une hostilité dont les origines sont connues.
COURAGE PAS DE DISTRACTIONS.
La Loi 052, son application pendant les élections législatives ont porté fruits, même si souvent la qualité de ces fruits laissait à désirer. Vivement cette loi sur le genre pour les postes électifs et nominatifs, mais ne donnons pas raison aux opposants farouches qui n’en voyaient ni la nécessité, ni la pertinence, face à l’inexistence d’un vivier de femmes capables d’assumer des fonctions électives ou nominatives. Nous avons démontré en son temps, lors des débats dans les commissions et avec des individus tous les arguments pertinents pour son adoption. La bataille pour cette adoption a été ardue avec beaucoup de contrevérités et des arguments fallacieux. A certains députés nous avons rappelé qu’aux premières heures de l’avènement de la démocratie nous les avons vus à l’œuvre.
C’était un exercice difficile pour eux avant que l’apprentissage ne soit concluant. Nous sommes tous allés à l’école de la démocratie, nous nous sommes exercés et nous avons suivi l’évolution des députés à l’Assemblée, l’exercice était fastidieux et nous avons réussi à donner du contenu à cette Institution. Pour revenir à la loi 052 elle corrige une certaine discrimination et permet d’améliorer le taux de représentativité des femmes dans les instances de prise de décisions mais, quelle représentativité ? En tant que figurines ou intervenantes à un certain degré, on a risqué d’avoir des représentantes à titre figuratif par la manière où les choix des candidats ont été opéré Des hommes politiques à défaut d’être candidats ont fait inscrire leur épouse sans le minimum requis pour bien assumer la fonction, des opérateurs économiques en ont imposées sous conditions de financer la campagne. par Conséquent, il y’a eu beaucoup de femmes élues à l’Assemblée mais peu de participations et d’interventions pertinentes et efficaces.
ATTENTION ATTENTION, soyons conséquentes, les initiatrices et défendeurs de cette loi sans discernement risquent de nous entraîner dans des faux débats et annihiler les résultats de nos luttes. N’est-il pas temps d’arrêter tout tapage et de nous questionner sur nous-mêmes femmes et sur nos pratiques ?
Il faut bien y réfléchir, le moment ne semble peut-être pas propice selon la perception de certains analystes pour la participation effective des femmes et même de certains citoyens. En période exceptionnelle la création de mécanismes institutionnels répond normalement aux besoins de l’heure et selon les circonstances. Les femmes ont-elles prouvé qu’autre le département en charge de la femme, elles peuvent assumer des responsabilités dans les autres secteurs où il existe bien des femmes qui également ont besoin d’être promues, la transversalité du genre est à considérée car offrant l’opportunité de travailler pour l’égalité de droit et de devoir pour tous.
Si elles sont dans des départements de souveraineté, indispensables dont l’existence oblige l’Etat à assumer ses fonctions régaliennes qui constituent des piliers centraux du fonctionnement d’un État en certains moments et dans certaines situations. Elles ont peu de chance face à l’expression de la suprématie masculine de s’imposer, de se voir confier les départements de souveraineté, indispensables dans l’ossature gouvernementale et qui constituent les piliers centraux du fonctionnement d’un État. Cet aspect est méconnu de plusieurs personnes, les institutionnalistes spécialistes des analyses institutionnelles savent de quoi il s’agit. Mais dans un pays où la participation effective de tous les citoyens et citoyennes devient une exigence pour éviter le risque de perdre sa souveraineté ou même de nuire à son existence d’Etat Nation, il ne devrait y avoir aucune exclusion.
Malheureusement la course aux postes de responsabilité est tout sauf contribuer activement à la construction nationale avec comme leitmotiv la fibre patriotique. Le champ d’investissement collectif, au bénéfice de tous, est devenu une jungle où les gens se dévorent les uns les autres de la tête à la queue. Hostilités, adversités, inimitiés…etc., deviennent le quotidien des maliens. Le constat est alarmant et décevant au niveau des femmes, la bataille de leadership ou de positionnement rend difficile l’émergence des jeunes dames, qui souvent se trouvent dans un jeu de forcing qui les épuisent et ne les mènent nulle part. Personne ne veut céder et transmettre le flambeau et la jeune génération peine à émerger, les conditions ne leur permettent pas d’assurer la relève souvent par défaut de pouvoir s’assumer convenablement.
La progression de la couche juvénile féminine peut en pâtir. Si l’on peut l’admettre les femmes du Mali, depuis les temps immémoriaux, ont été des références au niveau africain et international. Nos mères les pionnières de l’indépendance ont œuvré auprès de nos pères et ont allumé et ravivé le flambeau de l’épanouissement de la femme. Mais hélas depuis plus d’une décennie on régresse alors que nous est-il arrivé ? A l’avènement de la démocratie les femmes ont payé un lourd tribut, mais au fil du temps, ce sacrifice s’est effacé de la mémoire collective. A force de s’autodétruire, leur lutte a perdu toute crédibilité et comme par enchantement ou par ignorance, leur participation n’est plus appréciée à sa juste valeur.
Faut-il continuer à revendiquer sa place et des responsabilités de citoyennes, à dénoncer les actes d’injustice ou de discrimination à l’égard de la gent féminine ou s’assumer et affirmer fortement sa citoyenneté malienne ?tels questionnements nous interpellent.
Extrait de l’analyse situationnelle du Genre au Mali.
Mme KEITA FATOUMATA KEITA