A PROPOS DU RAPPORT DES NATIONS UNIES SUR LES ÉVÈNEMENTS DE MOURA

Du 27 au 31 mars 2022, Forces armées maliennes (FAMa), ont mené, une opération militaire antiterroriste, d’envergure contre l’un des plus grands sanctuaires, fief de la katiba d’Amadou Kouffa à Moura, dans la région de Mopti. Avec d’autres groupes islamistes, ils s’apprêtaient pour des attaques simultanées et planifié la collecte et la distribution de zakats.

Le 1er avril 2022, un communiqué officiel émanant des Forces armées maliennes (FAMa) expliquait que l’Armée avait agi sur la base de renseignements précis disant que des islamistes armés préparaient une rencontre entre différentes katibas dans la zone. Le communiqué donnait aussi les chiffres de 203 terroristes tués et 51 autres arrêtés. Mais voilà que ce 12 mai 2023, un rapport des Nations Unies à travers le Haut-Commissariat aux droits de l’Homme, accable l’armée malienne et son partenaire de lutte contre le terrorisme. Ledit rapport parle de cinq cent (500) personnes tuées. Le Président de l’Association malienne des droits de l’Homme (AMDH), me Moctar Mariko à travers les réseaux sociaux, ne se reconnait pas dans ce rapport dans lequel elle n’a pas participé. Mais, le même jour après la publication dudit rapport, trois ambassades ont produit une déclaration conjointe dont voici la teneur :

Visite des autorités à Moura, après l’opération militaire

Déclaration conjointe par les ambassades des États-Unis, du Royaume-Uni et du Canada au Mali relative au rapport onusien sur les évènements de Moura

Bamako-12 mai 2023

Les ambassades des États-Unis, du Royaume-Uni et du Canada au Mali notent les conclusions du récent rapport des Nations Unies sur les événements tragiques qui se sont déroulés dans le village de Moura, au centre du Mali, l’année dernière. Nous présentons nos plus sincères condoléances aux familles et aux proches des quelque 500 personnes tuées au cours de cet acte ignoble. Nous sommes très préoccupées par les conclusions du rapport qui impliquent des éléments des Forces armées maliennes (FAMa) et le groupe Wagner, soutenu par la Russie, (personnels militaires étrangers) dans ces crimes avérés, notamment des violences sexuelles, des actes de torture et des exécutions sommaires. Nous reconnaissons la lutte du gouvernement de transition malien contre le terrorisme et son engagement à protéger les intérêts de son peuple, y compris la population de Moura, dans ses décisions et ses actions conformément à ses trois principes. Nous encourageons le gouvernement de transition à prendre entièrement en compte les recommandations formulées dans le rapport de l’ONU, notamment en menant une enquête indépendante, impartiale, efficace, exhaustive et transparente, dans le but de préserver la vie et la liberté de son peuple. Nous invitons instamment le gouvernement de transition malien à publier rapidement ses conclusions et de demander des comptes aux responsables de ces effroyables actes de violence. Nous restons prêts à aider le peuple malien à trouver le chemin de la guérison, de la réconciliation et de la reconstruction pour les communautés touchées.

RÉACTION DE Me BOUBACAR KARAMOKO COULIBALY, SUR LA DÉCLARATION CONJOINTE ÉTATS-UNIS, GRANDE BRETAGNE ET CANADA A PROPOS DU RAPPORT DES NATIONS UNIES SUR MOURA

Maître Boubacar Karamoko COULIBALY est un Avocat, homme politique, ancien Ministre et ancien Ambassadeur. Il fait partie des militants de premières heures de la démocratie au Mali. Lisez sa réaction et la première après la publication du communiqué conjoint des ambassades du Canada, des USA et de la Grande Bretagne.

« Je viens de prendre connaissance d’un communiqué conjoint de certaines missions occidentales( USA, GRANDE BRETAGNE ET CANADA) accréditées dans notre pays. Communiqué dans lequel elles se font l’écho d’un rapport d’accusation unilatéral injuste et fort troublant de l’ONU à l’encontre des FAMA.
Un tel procédé n’est pas à la hauteur de la grande estime de notre peuple envers les peuples de leurs pays et , se trouve en total décalage avec la confiance et l’amitié qui sont à la base de leur accréditation au Mali.
Dans nos valeurs et , selon les règles de bienséance universellement partagées, on ne conseille pas bruyamment , sur la place publique, sur un sujet aussi sensible, surtout lorsque l’on a pas la moindre preuve de ce que l’on relaie.
Et comme la manière n’y est pas, alors ne comptez pas sur nous pour accorder la moindre attention à vos conseils et à vos suggestions faussement amicales et innocentes.
Hier c’était la France ou l’Allemagne ou encore la Norvège ou le Danemark, et aujourd’hui ces pays là. Nous ne sommes nullement dupes de de votre jeu de rôle ni de sa finalité, le harcèlement incessant des autorités de la transition afin d’obtenir le départ du partenaire russe et, le retour du Mali dans le giron de l’Occident prédateur et nombriliste, seulement tendu par la seule défense de ses intérêts au détriment de nos peuples en proie à des défis sécuritaires d’ailleurs fils de leurs actions funestes dans la Libye de Kadafi.
Non, nous n’accepterons aucune enquête indépendante sur des faits qui n’ont jamais existé si ce n’est que dans la tête de vos missi dominici et leurs valets locaux.
Nous n’avons aucunement de leçons à recevoir en matière de droits de l’homme de pays qui ont toujours détourné la tête des agressions ignobles quotidiennement perpétrées contre le peuple palestinien.
Nous accepterons le principe des enquêtes indépendantes dans notre pays à partir du jour où vous en conduirez en Israël sur tous les cas de violation des droits commis en Palestine par l’État d’ISRAËL .
J’en profite pour leur rappeler que nos ethnies au Mali constituent depuis plusieurs lustres un même Peuple.
Sachez aussi que, les Peuls du fait de leur présence génétique dans toutes les ethnies du Mali par mariages interposés , sont plutôt des traits d’union nationale.
Oui, il n’y a pas d’ethnie au Mali dont les membres ne renferment pas du sang peulh .
Non, on ne se mélange pas ainsi , aussi loin que je puisse me souvenir dans l’histoire de notre Peuple, avec une ethnie que l’on abhorre. Non , le Peuple malien dont les FAMA sont issus, n’est pas xénophobe. Oui autant que notre Peuple, l’armée malienne est bien le creuset de toutes les ethnies du Pays.
Sachez également que formés aux droits de l’homme et de ses avatars, les FAMA sont suffisamment professionnels et donc à même de faire la différence entre les terroristes et les populations innocentes.
Aussi nous n’accepterons jamais d’accorder le moindre crédit à des accusations fallacieuses qui insultent notre histoire, notre patrimoine culturel commun et notre dignité.
Encore une fois , nous ne sommes pas dupes de vos manœuvres et des objectifs à travers la pseudo défense d’une ethnie que vous voulez transformer en une communauté persécutée.
Car le Mali n’est pas le Rwanda, ni l’Iraq de Saddam Hussein, ni la Syrie de Bachir El Assad et encore moins la Libye de Mama Kadafi.
Autant, nous avons évité de tomber dans le piège des provocations grossières de la CMA à Kidal , autant le Peuple et les autorités de la transition ne vous ferons la fleur d’aucune enquête dite indépendante dont les résultats sont connus d’avance à l’instar de toutes celles qui ont déjà été menées par Alioune Tine ou autre dans notre pays.
De grâce, à défaut de nous aider, ce qui n’a jamais été dans vos objectifs, laissez nous nous occuper sereinement de la sauvegarde de notre pays contre l’hydre terroriste.
Jamais nous ne vous laisserons faire de notre pays un enjeu géopolitique et géostratégique dans votre opposition à la Russie de Vladimir Poutine .
Chers occidentaux, pour terminer je vous renvoie à une déclaration de Nelson Mandela qui a que vos ennemis ne sont pas forcément nos ennemis. Oui le monde est multipolaire et voilà pourquoi vos valeurs ne sont pas forcément les nôtres.
Aussi j’en appelle à tous les citoyens maliens pour faire l’union sacrée autour du pays et des autorités de la transition.
Nul n’a intérêt à un Mali disloqué et ethno ethnocentrique qui ne fera que le bonheur des loups occidentaux et quelques apatrides laquais locaux .
Méritons de nos devanciers pour pouvoir transmettre à nos enfants et à nos petits-enfants, un Mali bien debout.

À bon entendeur salut. »

RÉACTION DU GOUVERNEMENT :

Le Ministre d’État, Ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Porte-parole du Gouvernement, a fait connaître la réaction du gouvernement par un communiqué lu communiqué au journal de 20h de la chaine nationale ORTM, ce 13 mai 2023. Il y dénonce, avec véhémence, un rapport biaisé, reposant sur un récit fictif et ne répondant pas aux normes internationales établies . Dans ce communiqué il est dit ceci:

« Après l’opération aéroportée réussie de nos vaillantes forces armées à Moura, à la demande du Gouvernement de la Transition, la justice militaire a décidé d’ouvrir une enquête judiciaire pour élucider les éventuels cas de violation des droits de l’homme. C’est justement la même mesure que recommande le rapport du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Droits de l’homme.
Au regard de ce constat, il est utile de s’interroger sur l’opportunité de cette publication qui recommande au Gouvernement de la Transition, une décision que ce dernier a pris il y a plus d’un an, si ce n’est de perturber la tranquillité des Maliens à l’approche d’un scrutin référendaire d’une importance capitale pour le processus de refondation en cours.
A la suite des évènements de Moura, conformément aux procédures en vigueur au Mali, une enquête a été ouverte pour faire toute la lumière sur les allégations de violations des droits humains. Le 09 Avril 2022, un transport judiciaire de constat a été effectué par le parquet de Mopti. Les premiers éléments de l’enquête mettent en évidence l’hypothèse d’un affrontement ayant provoqué des morts par projectiles, et le constat que la grande majorité des corps sont des adultes de sexe masculin.
Sur le plan sécuritaire, il n’échappe à personne que l’intervention militaire des Forces Armées Maliennes (FAMa) a été salutaire et a apporté́ beaucoup de quiétude à la population, signe que la défaite infligée à la KATIBA MACINA et à ses sponsors étatiques étrangers a permis de les désorganiser durablement. Aucun ressortissant civil de Moura n’a perdu la vie pendant l’opération militaire. Parmi les morts, il n’y avait que des combattants terroristes et toutes les personnes interpelées ont été mises à la disposition de la Gendarmerie de Sevaré. Après enquête, les personnes interpelées ont été transférées au Service d’Investigations judiciaires de la Gendarmerie Nationale de Bamako, puis mises à la disposition de la justice.
L’enquête poursuit son cours et le Gouvernement du Mali est déterminé à faire aboutir cette procédure, dans le respect strict des droits de l’Homme et en toute indépendance.
Il importe toutefois de préciser que l’enquête a nécessité des actes plus approfondis qui sont actuellement en cours d’exécution. Les délais nécessaires à la manifestation de la vérité doivent être respectés pour, d’une part, préserver l’enquête des influences et manipulations médiatiques et, d’autre part, donner le temps aux enquêteurs indépendants de mener leurs analyses et formuler leurs conclusions selon le rythme approprié.
En plus de l’enquête conduite par le Ministère de la Défense et des anciens Combattants, une enquête judiciaire a été ouverte sous la responsabilité du pôle judiciaire spécialisé. Les résultats de ces enquêtes seront portés à la connaissance de l’opinion nationale en temps opportun.
Le Gouvernement de la Transition a examiné la méthodologie ayant guidé la rédaction du rapport du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Droits de l’homme et a appris avec stupeur que la mission d’établissement des faits avait utilisé des satellites au-dessus de Moura pour obtenir des images.
Le Gouvernement de la Transition informe l’opinion nationale et internationale, qu’en aucun moment, ni la MINUSMA, ni le Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme ne lui ont adressé une demande d’autorisation pour prendre des images de Moura grâce à des satellites.
En utilisant des satellites pour obtenir des images, sans autorisation et à l’insu des Autorités maliennes, la mission d’établissement des faits a effectué une manœuvre clandestine contre la sécurité nationale du Mali.
Par conséquent, le Gouvernement de la Transition décide d’ouvrir immédiatement une enquête judiciaire contre la mission d’établissement des faits et ses complices pour espionnage, atteinte à la sureté́ extérieure de l’État, des crimes reprîmes par le code pénal (Art 33 et 35), ainsi que de complot militaire, un crime réprimé par le code de justice militaire (Art 130), sans préjuger de la qualification des autorités judiciaires.
Le Gouvernement de la Transition rappelle que cette attitude de la mission d’établissement des faits ressemble à un cas d’espionnage de la junte française qui avait placé illégalement un drone au-dessus de la base de Gossi, le 20 Avril 2022, pour filmer des cadavres humains, minutieusement prédisposés, dans le but d’accuser les FAMa.
Soucieux du respect de la vie et de la dignité humaines, à maintes reprises, le Gouvernement de la Transition avait mis en garde contre l’instrumentalisation de la MINUSMA et des Droits de l’Homme dans le dessein de briser la dynamique de la montée en puissance des forces de défense et de sécurité du Mali et de s’opposer aux choix stratégiques du Mali.
Dans ce contexte, il est contradictoire et paradoxal de noter la célérité avec laquelle la mission d’établissement des faits a été mise en place au moment où le Mali portait plainte devant le Conseil de Sécurité des Nations Unies, le 15 Août 2022 sur les actes d’agression contre la souveraineté et l’intégrité territoriale d’un État membre des Nations Unies par la junte française, avec des preuves de violations flagrantes et répétées de son espace aérien et d’espionnage, pour avoir collecté des renseignements au profit des groupes terroristes opérant dans le Sahel, tout en leur larguant des armes et des munitions. Il y a lieu de rappeler que ces groupes sont les principaux responsables de la commission des violations graves et massives des droits de l’Homme.
Suite à la plainte du Mali, aucune commission d’établissement des faits n’a été mise en place. A ce jour, la réunion spéciale demandée par le Mali pour présenter les preuves de la duplicité de la junte française n’a connu aucune suite. Dès lors, dans un souci de cohérence et d’éviter la politique des deux poids deux mesures, le Gouvernement du Mali estime que la suite donnée au présent rapport de la mission d’établissement des faits ne saurait être examinée séparément de la plainte portée par le Mali devant le Conseil de Sécurité contre la junte française.
Le Gouvernement de la Transition, sous le leadership de Son Excellence Le Colonel Assimi GOÏTA, Président de la Transition, Chef de l’État, réitère son attachement au respect et à la protection des droits de l’Homme sur l’ensemble du territoire national et au bénéfice de tous les citoyens. En outre, il exprime sa détermination à poursuivre son œuvre de refondation pour le retour à un ordre constitutionnel apaisé et sécurisé. Le Gouvernement de la Transition appelle les populations maliennes à rester vigilantes et sereines face aux tentatives désespérées de désinformation, de dénigrement et de déstabilisation déguisées sous couvert des droits de l’Homme et pour des intérêts inhumains ».

La Rédaction/Sources: Communiqués/Gouv, Amb et Me K.

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