CELEBRATION DE LA JOURNEE INTERNATIONALE DE LA LIBERTE DE LA PRESSE : L’HEURE DU BILAN 

Le Mali à l’instar des autres pays du monde, a célébré ce 03 Mai 2021, le 30ème anniversaire de la déclaration de Windhoek (la journée mondiale de la liberté de la presse), placée sous le thème «l’Information comme un bien public ». La cérémonie de lancement de la célébration de cette journée a été organisée à la Maison de la presse en présence du Ministre de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille qui assurait l’intérim du Ministre en charge de la Communication et de l’Économie Numérique, du représentant de la Haute Autorité de la Communication (HAC), les membres des Associations et faitières de la Presse, le Représentant de l’UNESCO au Mali, la Représentante de l’UNICEF au Mali, le Représentant National de la Fondation Hirondelle, le Président du GPAC et des étudiants entre autres.

Tous les ans, la Journée mondiale de la liberté de la presse permet: de célébrer les principes fondamentaux de la liberté de la presse, d’évaluer la liberté de la presse à travers le monde, de défendre l’indépendance des médias et de rendre hommage aux journalistes qui ont perdu leur vie dans l’exercice de leur profession. En 1991, au Mali, il y avait une soixantaine de Radio et de journaux, et aujourd’hui en 2021, il y a 450 radios, selon les statistiques de l’URTEL et 150 journaux. Cela veut dire qu’en 30 ans, le nombre d’organes à été pratiquement multiplié par 10. L’environnement a évolué de nos jours en matière de presse.

Selon le Président de la Maison de la Presse,  Monsieur Bandjougou Danté, la  célébration de la Journée internationale de la Liberté de la Presse est une belle opportunité pour la presse dans son ensemble de s’autoévaluer. Pour lui, le thème retenu pour cette trentième édition « L’information comme bien public » démontre l’existence de la presse aux côtés du citoyen. Comme à l’accoutumée, nous avons fait le choix d’une Semaine Nationale de la Liberté de la Presse. Le thème national adopté est « Cybercriminalité et liberté de la Presse ». a-t-il précisé.

Il dira ensuite que l’année qui s’est écoulée a été une année éprouvante pour la Presse malienne, aux conséquences catastrophiques de la maladie à coronavirus se sont ajoutées des interpellations extrajudiciaires et des plaintes formulées par de puissants syndicats. Depuis cinq ans, Birama TOURE demeure introuvable. En septembre 2020, Hammadoun Niailibouly, de retour d’un atelier de formation de journalistes, a été descendu du véhicule à Mandjo, près de Somadougou, non loin de Mopti, et amené vers une destination inconnue. Le 18 avril 2021, Moussa Dicko, Directeur des programmes de radio Hairé de Boni, dans le cercle de Douentza, a été enlevé chez lui et est encore introuvable, a déploré le président de la Maison de la presse.

« Nous réitérons notre demande aux autorités de la transition de tout mettre en œuvre pour faire la lumière sur ces affaires effrayantes. Nul besoin de rappeler que la Maison de la Presse s’est dotée d’une nouvelle équipe dirigeante depuis le 1er février dernier. Cette nouvelle équipe que je dirige a clairement exprimé sa vision, ses ambitions, bref, son projet pour une presse malienne épanouie et responsable » a t-il ajouté.

Le président a aussi plaidé auprès des pouvoirs  publics par rapport à la situation actuelle, aux conséquences incalculables pour tout le pays dans le futur. Il s’agit notamment :

– Du non payement de l’aide directe à la presse depuis deux ans ; du manque d’appui aux organisations faîtières pour la mise en place d’outils efficaces d’autorégulation pour anticiper et relever les dérapages; – De la rénovation de la Maison de la Presse promise, mais non encore réalisée en dépit des bonnes volontés maintes fois exprimées….

Selon Monsieur Mahamne Hameye Cissé représentant de la HAC, cette journée est non seulement importante pour les hommes de médias, mais le thème de l’UNESCO l’est davantage : « l’information comme un bien public ». Pour monsieur Cissé, qui parle de l’information comme un bien public,  parle du droit du savoir, du droit à l’information et surtout l’accès à l’information. À la sortie du 20ème anniversaire de la déclaration de Windhoek en Namibie en 2011, l’UNESCO et ses partenaires avaient souhaités que ce soit la décennie de l’accès à l’information dira-t-il. Malgré tout, le  Mali  n’a pas pu être  au rendez-vous jusqu’aujourd’hui.

La HAC s’en réjouie de la décision prise par le président de la Maison de la presse, dans son intervention sur le gangstérisme au sein de la presse malienne. En février dernier, le président de la Maison de la presse et ses membres ont eu à tenir un atelier de balise de la refondation du secteur de la presse pour adopter les Termes de Reference (TDR). Cet atelier était dans la logique avec le ministère de la communication et la Maison de la presse pour que l’essentiel des textes qui peuvent booster la liberté de la presse, les médias, le professionnalisme dans le secteur de la communication soient réalisés.

Les textes sur la dépénalisation des délits de presse sont sur la table au niveau de la Maison de la presse pour sa relecture. De même que la loi sur la presse en ligne qui est en cours d’étude depuis 5 ans. Et pour tout cela, nous aurions besoin de l’accompagnement des autorités de la Transition.

A l’entame de ses propos, la Ministre de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, Mme Bouaré Bintou Founé Samaké assurant l’intérim du Ministre de la Communication et de l’Economie numérique, s’est dite heureuse et honorée de présider ladite cérémonie. « Notre pays à l’instar de la communauté internationale célèbre les principes fondamentaux de la liberté de la presse, la liberté d’expression et d’opinion pour lesquels beaucoup de nos compatriotes ont consenti le sacrifice suprême. Ce matin, cette tribune nous permet de rendre un hommage aux hommes et femmes qui se sont sacrifiés pour qu’aujourd’hui soit. Il est important de se rappeler combien de maliens de tous les horizons et catégories sociales tiennent à cette liberté. Le thème de cette année, souligne la nécessité incontestable que nous soyons informés en tant que citoyen tout court. Pour cela j’appelle nos entreprises de presse à ouvrir leurs rédactions à la diversité d’échanges de culture, mais aussi éditoriale pour mieux balayer un large spectre d’audience » a-t-elle dit avant de déclarer de lancer officiellement les activités de la journée internationale de la liberté de la presse en général et la semaine nationale de la liberté de la presse.

Après le lancement, la première conférence-débat a été donnée par Mahamane Hamey Cissé de la HAC, sur le thème la journée « l’information comme bien public ». Il a d’abord remercié le président de la Maison de la presse pour l’avoir choisi pour animer ce débat sur le thème choisit par l’UNESCO.

Pour lui, « S’agissant de l’UNESCO et du trentième anniversaire de la déclaration de Windhoek, que nous vivons aujourd’hui, sans faire une genèse de cette déclaration de la journée internationale de la liberté de la presse. La déclaration 1991 a été axée sur la presse écrite. Dix ans après, elle a prôné la liberté de la presse et la presse écrite a été une réalité pendant les premières années et devient même une référence, une grande accompagnatrice de tous les mouvements démocratiques des différents pays et singulièrement au Mali.

En 2001 Windhoek a mis un accent et la lumière sur la communication des ondes qui ont donné naissance à la charte africaine sur la rediffusion. Donc les radios sont entrés dans la danse. » a confié le conférencier. Selon toujours le conférencier, en 2011, pour son 20ème anniversaire, la conférence soutenue par l’UNESCO s’était concentrée sur le Droit des personnes à rechercher  et à recevoir des informations, ce qui avait conduit les Nations Unis à travers l’UNESCO à reconnaitre le 28 Octobre comme journée internationale de l’accès universelle à l’information. Ladite conférence a évalué le chemin à parcourir en terme de liberté de la presse et de liberté d’expression, mais à réfléchir également aux défis et opportunités persistantes et nouveaux.

La célébration du 30ème anniversaire de la déclaration de Windhoek devrait déboucher pour l’UNESCO sur une nouvelle déclaration axée sur les aspirations actuelles et future en matière d’information en tant que bien public dira Monsieur Cissé. Pour lui, la montée et la domination des plateformes technologiques ont exacerbé une transformation suscitant des questions troublantes sur la gouvernance et de la propriété des données. En général, en Afrique et en Afrique de l’Ouest, l’augmentation constante de la pénétration de l’internet alimentée par la technologie présente de nombreuses opportunités et aussi de défis en terme de mode de  génération d’accès et de distribution de l’information. Aujourd’hui l’information coexiste avec de nombreux types dans une sphère de communication de plus en plus numérique et confrontée à la désinformation  et aux discours de la haine.

Dans son exposé, on retiendra qu’au Mali, le processus démocratique a connu depuis 1991 et suscité une demande croissante de la part de ses citoyens pour une gouvernance transparente et un service public de meilleure qualité. Dans les sociétés démocratiques, le droit à l’information favorise l’exercice des autres libertés publiques, l’accès à l’information est le moyen pratique effectif et légitime permettant aux citoyens d’exercer le contrôle  de l’action publique.

Au Mali la société civile et le secteur privé commencent à s’intéresser à ce sujet. Aussi à travers l’accès à l’information le secteur privé dispose des informations relatives au marché public.

Pour rappel, Le 03 mai, a été proclamé Journée mondiale de la liberté de la presse par l’Assemblée générale des Nations Unies en 1993, suivant la recommandation adoptée lors de la vingt-sixième session de la Conférence générale de l’UNESCO en 1991. Ce fut également une réponse à l’appel de journalistes africains qui, en 1991, ont proclamé la Déclaration de Windhoek sur le pluralisme et l’indépendance des médias.

AH DIASSANA

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