30ème ÉDITION DE LA JOURNÉE MONDIALE DE LA LIBERTÉ DE LA PRESSE: FORMATION SUR MÉDIAS ET PROCESSUS ÉLECTORAUX

Du 8 au 9 mai 2023, s’est tenu à la Maison de la presse, l’atelier de formation des journalistes sur le thème « Médias et processus électoraux ». Cette formation s’inscrit dans le cadre de la Semaine Nationale de la Liberté de la presse au Mali (SENLIP) en rapport avec à la célébration de la 30ème édition de la journée mondiale de la liberté de la presse.

Le lancement officiel présidé par Mme Touta Traoré, Conseillère Technique au Ministère de la communication, de l’Économie Numérique et de la Modernisation de l’Administration, a enregistré la présence du président de la Maison de la presse, Bandiougou Danté et le représentant de l’UNESCO, Dr Banzoumana Traoré. Après l’introduction de Mamadou Talata Maiga, l’administrateur délégué de la Maison de la presse sur le programme de l’atelier notamment le contexte, les objectifs (généraux et spécifiques), et les résultats attendus, les travaux du jour I ont démarré.

Le Président de la Maison de la Presse, Bandiougou Danté a d’abord expliqué l’importance de cet atelier que la maison de la presse organise en collaboration avec les ainés et les doyens de la presse, ainsi que l’UNESCO en faveur des journalistes, qui sont considérés comme des acteurs clés dans les élections qui vont se tenir au Mali. Il a demandé aux participants de faire montre d’exemplarité et d’assiduité avec ces excellents formateurs en compagnie et de faire une bonne restitution auprès de leur rédaction respective à l’issue de l’atelier. Il a rappelé qu’après le 1er panel de session de formation, organisé portant sur «Sécurité et justice », la maison de la presse organise le présent atelier axé sur « Médias et processus électoraux» qui constitue un volet très important pour le Mali qui va s’engager bientôt dans un processus historique qu’est le referendum prévue le 18 Juin 2023. Il a indiqué que la presse est appelé à jouer un rôle de premier plan dans les différents processus électoraux que le Mali s’apprête à organiser.

Le représentant de l’UNESCO, Dr Banzoumana Traoré a d’’abord, au nom du chef de bureau UNESCO au Mali, Edmond Mukala souhaité la bienvenue aux participants. Il a insisté sur deux aspects essentiels, Banzoumana Traoré, a exprimé sa satisfaction par rapport à la présence remarquable des femmes journalistes à cet atelier. Et l’UNESCO prône, la participation active des femmes aux processus électoraux au Mali. Le second point est basé sur la restitution auprès des autres confrères un point sur lequel il a mis un accent particulier tout comme le président de la maison de la presse. Enfin, il a souligné que l’UNESCO accorde beaucoup de crédit à cette relation entre médias et élections dans le cadre de la prévention des conflits post électoraux que les journalistes ont un rôle important à jouer. Il a indiqué que si les journalistes font bon usage de leurs plumes, micros, et cameras, le Mali pourra réussir à organiser une élection paisible et crédible comme le souhaite l’UNESCO.

Quant à Mme Touta Traoré, elle estime que si les élections se passent bien, les journalistes sont félicités en partie et si elles se passent mal, les journalistes sont fautifs. Elle a demandé aux participants d’être assidus pendant les deux jours de formation pour que les objectifs de l’atelier soient atteints. Aux participants, elle leurs a demandé d’être compétents et professionnels pour relayer les informations de façon professionnelle pour que le tissu social soit soudé au Mali. Elle a enfin réitéré l’accompagnement du ministère auprès de la maison de la presse pour atteindre les objectifs de cet atelier.

La première présentation est faite par le représentant de l’UNESCO qui porte sur « Médias et élections ». Dans son exposé, l’accent a été mis sur deux éléments fondamentaux ou du moins deux défis dans le traitement de l’information à savoir : l’équité et l’efficacité. Il a annoncé que l’UNESCO et ses partenaires proposent un nouveau cours en ligne sur l’information et les élections à l’ère des réseaux sociaux à travers lequel les journalistes peuvent aller s’inscrire d’ores et déjà sur la plateforme de l’UNESCO pour bénéficier de ces cours et tout autres documents importants en lien avec le traitement de l’information pendant les processus électoraux.

La 2ème présentation basée sur « la loi électorale du Mali » a été développé par Dr Ibrahima Sangho, Expert électoral et président de l’Observatoire pour les Élections et la Bonne Gouvernance au Mali. Sa présentation était axée sur plusieurs points.

Ibrahima Sangho, président de l’Observatoire pour les Élections et la Bonne Gouvernance 

Le formateur a expliqué que le cycle électoral est comparable aux jours de la semaine. C’est un cycle continuel qui s’étend sur « avant, pendant et après les élections », considéré aussi comme une roue qui tourne. Exemple : Avant les élections, ce sont les textes qui définissent les critères de participation aux élections. Pendant les élections, ce cycle repose sur le processus électoral même et après les élections est consacré sur le dépouillement, la proclamation des résultats.

Au chapitre de la liste indicative des parties prenantes qui doivent participer à l’organisation des élections, Dr Sangho estime que les médias constituent un maillon essentiel dans le processus électoral. Ici, il est apparu que le Mali seul ne peut pas financer les élections, sans l’accompagnement des partenaires techniques et financiers. Il a dressé un tableau qui retrace les différents organes de gestion des élections de 1992 à 2020 et qui comprend :

  • De 1992 à 1996 : Un organe unique de gestion des élections à travers le Ministère de l’administration du territoire ;
  • De 1997 à 1998 : Un organe unique de gestion des élections, avec la CENI ;
  • De 1999 à 2020 : Trois organes de gestion de supervision, avec le Ministère de l’administration du territoire comme organisateur principal ; la délégation générale aux élections et la CENI.

A ce tableau, il a ajouté l’administration électorale actuelle à travers la loi N° 2023-001 du 13 Mars 2023, portant modification de la Loi N° 2022-019 du 24 Juin 2022, portant loi électorale qui présente un type d’administration hybride avec deux (2) organes de gestion à savoir :

  • L’Autorité Indépendante de Gestion des Élections (AIGE) dont la DGE fait désormais partie intégrante ;
  • Le Ministère de l’Administration du territoire.
  • Et la cour constitutionnelle continue de gérer le contentieux électoral. Elle reste le 1er et le dernier arbitre du processus électoral.

Pour la désignation des membres de l’AIGE, le formateur précise que sur les 15 membre, le président lui seul a désigné 10 membres, qui pourront être une des sources du foyer de tension après les élections au regard de la non appréciation des grands partis politiques et une bonne partie de la société civile qui ont rejeté la composition et les attributions de l’AIGE.

 L’article 155 qui est consacré sur les membres des forces armées a fait l’objet d’un long débat. Dans cet article, la loi dit que tout membre des forces Armées ou de sécurité qui désire être candidat aux fonctions de président de la République doit démissionner ou mise à la retraite au moins (06) mois avant la fin du mandat en cours du président de la République. Toutefois, pour les élections pendant la Transition, les membres des Forces armées ou de Sécurité qui désirent être candidats aux fonctions de Président de la République doivent démissionner ou demander leur mise à la retraite au moins (04) mois, avant la date de l’élection présidentielle marquant la fin de la Transition.

D’autres points comme la problématique de l’élection des députés (147 pour l’ensemble du Mali) fait face à un défi majeur avec le nouveau découpage administratif. Ici, il n’y aura pas les cartes biométriques non retirées dans les bureaux de vote contrairement en 2013, suite à la suppression de l’article 72. Il n’y aura pas non plus de fichier électoral distinct pour les militaires et pour les civils.

Dans les futures modifications de la loi électorale 2023, Dr Sangho indique que des défis majeurs demeurent. Le Mali compte désormais : Dix-neuf (19) régions, Un (1) district, Cent-cinquante-neuf (159) cercles, Quatre-cent soixante-six (466) arrondissements, Huit-cent dix-neuf (819) communes et Mille deux-cent soixante-douze (12 712) villages, depuis la promulgation des lois des collectivités  territoriales et administratives, le 13 Mars 2023. Il indique que les autorités de la Transition ont créé Quatre-vingt-dix-neuf (99) nouveaux cercles. Et souligné que la relecture de la loi électorale 2023 et de la loi organique des députés restent un défi.

Enfin, Dr Sangho a, dans sa deuxième présentation, a parlé de la charte des partis politiques, indiqué qu’au Mali il y a plus de Deux cent dix (210) Partis politiques.

Il a expliqué les articles 26, 27, 28, et surtout 29 dans lequel, il est dit que : « les partis politiques bénéficient d’une aide financière de l’État inscrite au budget de l’État à raison  de 0,25% des recettes fiscales ». Le point saillant qui fait polémique est relatif à une première fraction égale à 15% des crédits est destinée à financer les partis politiques ayant participé aux dernières élections générales législatives ou communales.

Pour l’aide publique aux partis politiques, de 2001 à 2018 le montant s’élève à Vingt-sept (27) Milliards. Les 10 Grands partis politiques ont bénéficié à eux seuls, de Dix-huit (18) Milliards sur les vingt-sept (27) octroyés.

En 2018, seulement, il relève que le montant octroyé par le Président de la République à l’époque de feu Ibrahim Boubacar Kéita, s’élève à trois milliards, trois cent soixante-quatorze millions ,quatre cent quarante-deux mille sept cent quatre-vingt-neuf (3.374.442.789) FCFA.

Enfin Dr Sangho a mentionné qu’il n’y aura plus d’élections du conseil de cercle qui vont disparaitre pour laisser place aux communes et arrondissements au Mali. Autre défi à relever demeure le toilettage du fichier électoral qui constitue un problème aujourd’hui. Il a précisé que les alliances contre nature des partis politiques sont également prévues dans la charte des partis politiques.

Après la pause déjeuner, le doyen Sadou Abdoulaye YATTARA a animé le module portant sur : « couverture professionnelle d’une campagne électorale : enjeux et défis pour le journaliste ».

Six points sont développés dans ce module par le formateur. Il s’agit de la campagne électorale ; des questionnements avant et durant la campagne ; de l’accès des médias à l’information ; la problématique des sondages ; et programmes spéciaux d’informations et le reportage le jour du vote. Il a d’abord défini la campagne et d’ajouter que le processus électoral comprend trois (3) phases pour une campagne : la pré campagne ; la campagne proprement dite ; et la post campagne. Ici les responsabilités et les missions des médias ont été soulignées par le formateur. En plus de la mission d’information sur l’actualité, il incombe aux médias de faire connaitre différentes positions et opinions à leurs publics.

Par exemple, les électeurs ont le droit d’être informés sur diverses options politiques pour être en mesure  de faire leur choix éclairé. Tous les partis et candidats doivent également bénéficié d’un égal accès aux médias (publics). Ici, le formateur précise que pour les médias privés, ils doivent plutôt tenir compte du code de bonne conduite signé entre la HAC et eux qui exigent que le journaliste doit être équitable. La publicité a aussi été expliquée par le formateur qui précise que ce champ n’est pas encore règlementé.

Recommandations :

  • La vulgarisation des textes de règlementation relatifs aux panneaux publicitaires au Mali,
  • La vulgarisation des textes de la nouvelle constitution en vue ;
  • La recherche d’un fonds spécial auprès de l’État pour l’amélioration des conditions de travail des journalistes en période électorale.

En conclusion le formateur a insisté sur l’impartialité et l’objectivité que le journaliste doit se baser à travers le traitement de l’information en période électorale. Sadou Yattara a aussi annoncé que la HAC a engagé des discussions pour demander à l’État de voter un budget spécial pour aider la presse.

Mady TOUNKARA

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