Mme DIARRA DJINGAREY MAÏGA, PRÉSIDENTE DU FORUM DES FÉMINISTES DU MALI :« NOUS NE DEMANDONS PAS PLUS QUE CE QUE LE PAYS AUTORISE… »

A l’occasion du mois de la femme, nous avons rencontré Mme Diarra Djingarey Maïga, Directrice exécutive de l’ONG Femmes et Droits Humains et Présidente du Forum des féministes du Mali. Pour elle, le 8 mars est une journée pour faire le bilan sur les acquis en terme des droits des femmes et voir ce qui reste à faire.

NYELENI Magazine : Quelle est la situation dans notre pays ?

Mme Diarra Djingarey Maïga : Au Mali, il y a eu des avancées significatives en matière de ratifications d’instruments juridiques de promotion et de protection des droits des femmes, des politiques et des lois allant dans ce sens comme la loi sur la promotion du genre dans les instances électives et nominatives, des plans d’action à certaines résolutions de Nations Unies comme la résolution 1325 et connexes, une politique Nationale Genre et son plan d’action, un Ministère de la Promotion de la Femme de l’Enfant et de la Famille (MPFEF), des programmes nationaux de protection des droits des femmes comme le programme National de lutte contre les violences faites aux femmes et la participation du Mali dans les mécanismes Onusiens sur les instruments juridiques de protection et de promotion des droits des femmes Cependant, force est de constater que ce sont des actions sur papier et que beaucoup reste à faire surtout avec le contexte changeant tant au niveau politique, que social et sécuritaire auxquels s’est ajouté la crise sanitaire et la pandémie de la Covid-19. De nouvelles formes de discrimination et de violences se font à l’encontre des femmes et des filles. La société civile et les organisations de défense des droits des femmes ont fait beaucoup de sensibilisations et de plaidoyers pour que ces actions deviennent des réalités pratiques dans la vie de tous les jours.

NYELENI Magazine : Vous avez initié un projet de loi sur les violences basées sur le genre, où en sommes-nous ?

Mme Diarra Djingarey Maïga : Je vous dirais que nous sommes toujours au stade d’un avant-projet de loi dont nous avons commencé le travail depuis 2015, avec l’implication de toutes les parties prenantes, afin d’en faire une loi qui répondra aux besoins de protection de toutes les femmes maliennes. Cinq (5) ans, pour décider de prendre une loi contre les violences à l’encontre de nos filles hommes et sœurs. De 2015, à aujourd’hui, combien de personnes ont été violentées ou tuées ? Ça urge maintenant.

NYELENI Magazine : Il y a une incompréhension entre les défenseurs des droits des femmes et de l’égalité du genre et quelques conservateurs, pouvez-vous nous éclairer un peu ?

Mme Diarra Djingarey Maïga : En fait selon les vidéos, les écrits, moi je vois plutôt une affaire soulevée depuis le vote de notre Code des Personnes et de la Famille (CPF), dans lequel il y avait des problèmes sur l’âge du mariage (16 ans pour la fille et 18 ans pour le garçon) et le partage de l’héritage. Pour l’avant-projet de loi sur les violences basées sur le genre, toutes les informations qui circulent n’existent pas dedans, on parle de promotion de l’homosexualité, il n’en est rien, donc, c’est une désinformation de la part de ces acteurs. Je leur demanderais de chercher à lire et de s’informer sur le contenu de l’avant-projet de loi pour ensuite défendre leurs actions.

NYELENI Magazine : Il paraît qu’on menace certaines personnes parmi les féministes ?

Mme Diarra Djingarey Maïga : Comme avec le Code des Personnes et de la Famille, des menaces, des intimidations et des insultes graves sont faites à l’encontre des femmes défenseures, ou toutes autres femmes ayant participé dans l’élaboration de l’avant-projet de loi sur les violences basées sur le genre de la part de certains conservateurs.

NYELENI Magazine : Parlez-nous du Forum des féministes du Mali.

Mme Diarra Djingarey Maïga : C’est un espace de discussions, d’échanges inter-générationnels sur les problèmes des femmes et du pays.

NYELENI Magazine : Ce que vous demandez est-il im possible à avoir dans un État démocratique ?

Mme Diarra Djingarey Maïga : Nous ne demandons pas plus que ce que le pays autorise, nous nous basons sur les instruments juridiques nationaux, ceux, régionaux et internationaux ratifiés par le pays.

Propos recueillis par Maïmouna TRAORE

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *