MAH AISSATA FOFANA, LA PLUS ITALIENNE DES ÉCRIVAINES MALIENNES

Née à Bamako, en Août 1967, Mah Aissata Fofana a fréquenté le lycée Askia Mohamed de Bamako, d’où, elle sort avec le Baccalauréat, série Lettres et Langues. En Italie, depuis 1988, où elle a décroché une Maitrise en traduction et un important Certificat en médiation culturelle et  linguistique, elle a aussi obtenu une attestation dans le domaine de la Coopération au développement. Mah Aissata Fofana a travaillé avec des sociétés de traduction, dans différentes mairies en Italie, surtout dans le domaine de l’égalité de genre, dans des centres anti-violences et coordonné plusieurs projets dont celui sur les femmes immigrées en bibliothèque. Mah Aissata Fofana est une passionnée d’écriture, à son actif sept ouvrages en italien dont un dictionnaire (Bambara-Italien) Edizioni Eut; à l’époque, le premier de ce genre. Elle est membre du Réseau des femmes écrivaines du Mali et de la Diaspora (RFEMD).

NYELENI Magazine : Si on vous demandait, en quelques mots de parler de vous-même, que direz-vous ?

Mah Aissata Fofana : Je suis comme le lait qui bout, mais qui ne déborde jamais !! je connais mes limites. Je suis toujours active physiquement et mentalement. Je suis très liée à ma mère qui est à la base de mon éducation, de ma philosophie de vie. J’adore ma famille ; mes frères, mes sœurs et mes enfants. Je suis une femme émancipée qui regarde toujours en avant et aide les autres femmes dans tous les domaines. Je ne me décourage jamais, j’adore écrire, d’ailleurs l’écriture pour moi est une sorte de  psychanalyse. Je suis parfaitement d’accord avec Emily Dickinson, quand elle dit “ qu’il n’existe pas un vaisseau aussi rapide comme le livre pour nous amener dans les terres lointaines “

NYELENI Magazine : En 2001, vous avez publié votre premier livre  » La Cucina in Africa » ( La Cuisine en Afrique) Edizioni Segno deTavagnacco. Était-ce pour rapprocher la saveur africaine des italiens ou un changement dans le goût, avec les différentes recettes en pâte?

Mah Aissata Fofana : A travers mon livre de recettes “ La Cucina in Africa” Edizioni Segno de Tavagnacco, j’ai voulu que les italiens se rapprochent de nous, qu’ils puissent connaître notre culture. Comme vous savez la cuisine est le passeport, la carte d’identité d’un peuple. C’est pour cela, j’ai abordé dans le livre le thème de la littérature culinaire africaine. Une chose d’ailleurs très rare dans les livres de recettes. J’ai simplifié au maximum, les recettes pour encourager les italiens à essayer nos recettes de cuisine et je pense que l’objectif a été atteint.

NYELENI Magazine : » Il Vocabolario Bambara-Italiano »Edizioni Eut ( Le Dictionnaire Bambara- Italien »  , c’était en 2008. Votre pays d’accueil est-il si intéressé par le Bambara?

Mah Aissata Fofana : D’ailleurs à l’époque le premier de ce genre au monde a permis aux italiens de connaître notre langue, le bambara. Le dictionnaire Bambara-Italien a été très utile pour les italiens qui travaillent avec les réfugiés d’origine sahélienne, pour ceux qui travaillent dans la Coopération internationale et dans les agences de voyage, pour tout italien qui aime le Mali.

NYELENI Magazine :En 2010, vous avez écrit le langage des cheveux en Afrique  » Il Linguaggio dei Capelli in Africa » Edizioni Segno de Tavagnacco?

Mah Aissata Fofana : A travers ce livre, les italiens ont pu découvrir l’univers, l’origine des tresses africaines ; comment on fait les tresses, les différents modèles. Dans le livre, j’ai parlé du rôle de la coiffeuse au Mali, l’importance des salons de coiffure  africaines en Italie pour nous les maliens qui vivent ici. Ce sont des lieux où on socialise, où on fait passer la nostalgie de notre cher Mali.

 

 NYELENI Magazine :Pourquoi écrire uniquement en italien?

Mah Aissata Fofana : Avant tout, il n’est pas dit que je ne vais pas écrire en Français et pourquoi pas en Bambara aussi. Écrire en italien m’a permis de faire passer rapidement mon message, de faire connaître le Mali aux italiens ; pour les encourager à venir chez nous et à y réaliser  des projets.

NYELENI Magazine : De quoi parlent les Sept Baobab du Bonheur « I Sette Baobab della Felicità » Edizioni Segno deTavagnacco?

Mah Aissata Fofana : Avec “I Sette Baobab della Felicità”, j’ai voulu parler de la signification du bonheur dans notre culture qui n’est pas très forcément liée à l’argent. J’ai fait comprendre que le bonheur est tout un ensemble qu’on retrouve dans le baobab, un arbre très important chez nous, qui résiste à toutes les intempéries. Tous les éléments de cet arbre sont utiles : la racine, les feuilles, les branches et les fruits.

Un des baobab du bonheur parle par exemple du respect envers les personnes âgées. Pour être heureux, il faut connaître son passé, écouter et respecter ceux qui ont vécu avant nous.

On ne doit jamais oublier que “les cheveux blancs sont une richesse dans la maison où on les trouve”. C’est l’une des conditions sine qua non pour être heureux.

NYELENI Magazine :Parlez-nous des autres publications?

Mah Aissata Fofana : Mes autres livres sont des romans policiers qui parlent des aspects culturels, des traditions de certaines régions du Mali à travers les enquêtes de l’inspectrice Fofy suite à des assassinats commis dans certains villages. L’inspectrice Fofy est très dynamique, qui a le sens de l’observation, le flair du chien, qui s’adapte facilement et atteint toujours ses objectifs. Un des romans policiers a été  une excuse pour moi pour parler de la situation des albinos.

NYELENI Magazine :Que pensez-vous de la situation de la malienne ?

Mah Aissata Fofana : On a encore du pain sur le plancher pour améliorer les conditions de vie de la femme malienne. Mais je suis très optimiste car les femmes continuent à s’unir, à s’entraider et cela ne peut être qu’une chose positive. On pourra atteindre nos objectifs tout en respectant l’homme. Dieu merci, on assiste actuellement à un changement de la femme malienne qui devient de moins en moins yes woman.

 NYELENI Magazine :Votre mot de la fin?

Mah Aissata Fofana : “L’écriture a, en elle-même sa propre  récompense” et nous les écrivaines maliennes qui vivons à l’extérieur, nous sommes comme des espèces d’ambassadeurs culturels de nos pays.

Maïmouna TRAORÉ

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