L’ASSOCIATION DES JEUNES LECTEURS DU MALI (AJLM) MET LA LITTÉRATURE AU SERVICE DE LA SENSIBILISATION ECOLOGIQUE.

L’Association des Jeunes Lecteurs du Mali (AJLM) a tenu un nouveau café littéraire le jeudi 16 janvier 2025, au sein de la Faculté des Sciences Administratives et Politiques (FSAP) de Sogoniko. Ce rendez-vous, désormais hebdomadaire, a permis aux passionnés de se retrouver autour du roman « Labandjôrô ou La Riposte de la Nature » de Mahamadou Boiré, paru en 2024, chez Sawa Édition. Cet ouvrage de 140 pages, aborde des sujets cruciaux tels que : le changement climatique, la déforestation et la destruction de l’environnement et se révèle particulièrement d’actualité.

Le sujet de  « Labandjôrô ou La Riposte de la Nature » n’est guère anodin, il évoque les enjeux écologiques contemporains auxquels l’humanité est confrontée. En analysant les effets d’actions humaines sur la nature, Mahamadou Boire soulève les problèmes de la déforestation, du changement climatique et de la corruption. Loin d’être une simple dénonciation, cet ouvrage se veut un appel à la prise de conscience et à l’urgence d’agir pour préserver le milieu naturel.

Un cri de colère sur la nécessité et la responsabilité individuelle et collective à protéger notre planète, avant qu’il ne soit trop tard. « Mon œuvre s’inscrit dans le cadre d’une réflexion autour de l’impact de l’homme sur son environnement. Ce livre parle des changements climatiques, mais aussi de thèmes comme le cousinage à plaisanterie, traditionnel des chasseurs initiés, et la corruption dans nos communautés », a précisé l’auteur. Un récit préventif des dérives humaines en milieu villageois, comme Labandjôrô, peuplé d’hommes heureux d’admirer une nature, généreuse, qui dote de belles récoltes,

Le récit tourne sur un cas particulier : l’action de celui qui, d’un autre milieu naturel que le sien, exploite en excès : il coupe de vastes forêts et désorganise l’harmonie en place. Il faut, pour rayer la promesse de vie, une hardiesse bien marquée, de la part d’un protecteur préconisant le salut par son maintien, le Donso Yiriba ou grand arbre. Mais l’heure est déjà à la corruptibilité de l’autorité, qui rend impossible l’arrêt des dégâts.

Au bout, les hommes du village sont tentés par l’écrasement de leurs totems, crocodiles sacrés, conduisant à la catastrophe de la nature, comme de la société. L’auteur, Mahamadou Boiré, réveille le manque de conscience provoqué dans le milieu naturel, par les comportements de l’homme. Un appel à l’action des jeunes dans son discours a pris place, le jugement du jeune, son rôle grandissant dans le régime des changements climatiques. « Pas le monde sur ses épaules mais la part que l’on peut faire », a-t-il rappelé.

Aux jeunes d’initier les pratiques de plantation, tout en retournant à la sensibilisation du milieu valide, en mobilisant gestes simples, rapides, voire à coûts nuls. Les petits postes font la grande œuvre. Pas de déconsidération des gestes bons. Il faut aussi sortir des actions symboliques comme le reboisement, pour voir les arbres plantés, entretenus jusqu’à maturité.

De la même façon, il faut bannir l’illusion institutionnelle de la responsabilité de l’environnement commun, au regard de ce qui, dans le monde de l’action de l’école, un père enseignait : l’arbre planté, c’est juste un début, il y a aussi la responsabilité du suivi. Mahamadou Boiré est convaincu que « l’humanité peut renouer avec la nature ». « Je crois à la prise de conscience collective. Si chacun fait le nécessaire, nous échapperons au pire », conclut-il. Mais si rien n’est fait, il y a danger à la fois environnemental et sanitaire.

Mahamadou Boiré est un écrivain engagé de 28 ans, né à Bamako en 1994 et originaire de Ségou, enseignant de formation. Diplômé en philosophie de la Faculté des Sciences Humaines et des Sciences de l’Éducation de Bamako et maître formé à Kangaba, il avait créé l’événement en 2022, avec son grand livre d’éveil littéraire « Aimer jusqu’à la haine », mais c’est avec « La Riposte de la Nature » qu’il se révèle comme une voix essentielle de la littérature malienne.

Créée en 2019, l’Association des Jeunes Lecteurs du Mali (AJLM), travaille à la promotion de la lecture comme outil d’émancipation, tant personnelle que collective. Elle multiplie les activités – cafés littéraires, débats, cafés lycéens – qui sont destinées à éveiller l’esprit critique des jeunes à travers des réflexions sur des sujets contemporains, souvent en lien avec la réalité malienne. L’AJLM se donne aussi pour objectifs de faire découvrir aux jeunes le plaisir de la lecture et des œuvres d’écrivains africains.

En tâchant de démocratiser l’accès aux œuvres littéraires autochtones, l’AJLM veut contribuer à renouer le lien entre les jeunes maliens et leur patrimoine culturel, tout en les rendant réceptifs à d’autres. Ce café littéraire a souligné le fait que la littérature reste l’un des moyens les plus puissants pour susciter la réflexion et persuader.

En mettant en lumière des récits qui nous ressemblent, des auteurs comme Mahamadou Boiré, nous invitent à réfléchir et à passer à l’action.

Sory DIAKITE

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