Le Haut Conseil National de Lutte contre le Sida, malgré un centre de prise en charge, est conscient que les personnes infectées sont souvent stigmatisées par leur proche et très souvent, ils se donnent la mort pour échapper aux humiliations et à la solitude dont ils sont victimes.
Selon un rapport de l’ONU SIDA,100 nouvelles personnes infectées et 88 cas décès liés au VIH SIDA enregistrés au Mali. Nécessaire de rappeler qu’en 2022, le Mali comptait 107 175 personnes infectées par le VIH SIDA. Le District de Bamako venait en tête avec 28 441 séropositives. Le Haut Conseil National de Lutte contre le Sida (HCNLS), a créé en 2003, un Centre de prise en charge qui donne gratuitement les médicaments aux patients. Pour lui, la pire des choses pour les malades est la stigmatisation.
Selon Mme Sissoko Rokia Doumbia, conseillère Psycho sociale à ARCAD SIDA « Nous avons accueilli une dame qui venait d’accoucher, elle a été déclarée séropositive et son mari était sérodiscordant. Au cours de son hospitalisation, c’était sa maman qui l’accompagnait, c’est en ce moment qu’elle a appris la maladie. Ainsi, sa maman m’a dit qu’elle ne peut plus rester avec elle, je lui ai tout dit, mais elle a refusé et a informé toute la famille. Surtout, elle ne s’est plus assise à côté d’elle et l’a abandonné ici. La femme m’a demandé de prendre soin de ses enfants, car après cette découverte, les siens ne vont plus aimer ses enfants, même après sa mort. Après avoir fait un bon moment sans rien manger, elle est finalement décédée ».
Un cas parmi tant d’autres, cette dame a eu quelqu’un à qui se confier surtout confier ses enfants, d’autres n’ont eu personnes pour le faire. Le SIDA ne devrait plus être un tabou, c’est une maladie comme toute les autres. Le SIDA doit être un sujet de discussion et d’échange, afin de casser ce mur mystique qui l’en clôture. L’information et la sensibilisation doivent être faites afin d’arrêter la stigmatisation et la discrimination des personnes infectées.
Yacouba Coulibaly, le chargé de Communication de la Cellule sectorielle de lutte contre le Sida et la tuberculose, l’hépatite virale, pense que « La meilleure façon de Lutter contre la stigmatisation est de communiquer autour de cette maladie, surtout les modes de transmission et le traitement. La méconnaissance de cette maladie fait que les gens rejettent les malades, donc en informant et en donnant la bonne information, cela fera que les gens seront édifiés et vont cesser de rejeter les malades ».
Docteur en Droit, Bacary Dramé nous explique que dans l’article premier de la Constitution malienne qui a été adoptée le 22 juillet 2023, ainsi que les anciennes, il est dit que « Tous les maliens naissent libres et égaux, toute discrimination est interdite. Ainsi, il existe une loi depuis 2006, la loi 06028 du 29 juin 2006, qui a été adoptée pour prendre des mesures de prévention et de prise en charge et de contrôle du VIH SIDA au Mali .
Dans cette loi, il y a plusieurs dispositions qui permettent de Lutter contre la discrimination et la stigmatisation des personnes vivant avec le VIH SIDA. Par exemple l’article 30 de la loi 2006, stipule que toute discrimination à l’encontre d’une personne séropositive au VIH SIDA, notamment dans les demandes d’emplois, d’embauches de promotion ou de retraite est interdite. Il est interdit de procéder à des licenciements abusifs à ces catégories de personne dans la société, et aussi dans le lieu de formation et dans les écoles .
Les personnes infectées vivent en association, certains n’ont plus hontes de s’afficher, mais parler de leur situation est un choix Le Haut Conseil National de Lutte contre le Sida à travers son Secrétaire Général Dr Ichaka Moumoune Koné, fait le pari de briser le silence, voir éradiquer cette maladie d’ici l’horizon 2030.
Mady TOUNKARA.