JOURNÉE INTERNATIONALE DE LA FEMME, ÉDITION 2024

« Représentativité des Femmes à la vie publique et politique : défis, enjeux et perspectives ».

 Le Mali, à l’instar de la communauté internationale, célèbre ce vendredi, la journée internationale des droits des femmes. C’est la 30ème édition pour notre pays, cette année. Et c’est sous le thème: « Représentativité des Femmes à la vie publique et politique : défis, enjeux et perspectives ». Tandis que le thème international est: « Investir en faveur des femmes: accélérer le rythme ».

Pourquoi le 8 mars? Quelle est la situation des femmes au Mali et dans le monde?

Cette journée trouve ses origines en 1910, lors d’une conférence internationale des socialistes à Copenhague, Clara Zetkin une journaliste allemande a demandé l’obtention d’une journée pour symboliser la lutte des femmes et favoriser l’obtention du suffrage universel pour les femmes. Ce qui fut accordée par la conférence.

Et cela, près de 100 ans après le massacre de de 129 ouvrières en 1857, de l’industrie textile qui auraient été assassinées par leurs patrons pour avoir simplement réclamer leurs salaires et de meilleures conditions de travail. L’obtention de cette journée en 1910, a été une victoire en la mémoire de ces 129 ouvrières assassinées.

C’est le président russe Vladimir Ilitch Lénine qui fixera la date du 8 mars en 1921, journée des femmes. Ainsi, les mouvements féministes à travers l’occident se saisiront de cette date. En 1945, après la seconde guerre mondiale, la Charte des Nations Unies a affirmé le principe de l’égalité entre les hommes et les femmes. 1975, a été proclamée par a l’Assemblée générale de l’ONU, année internationale de la femme.

Mais, Il a fallu encore attendre 67 ans, en 1977, pour que la Journée Internationale des Droits de la Femme soit officialisée par les Nations Unies. C’est une journée pour faire le bilan de ce qui a été fait pour l’avancement des droits des femmes et prendre des mesures pour combattre les inégalités de sexe, le non-respect, la discrimination et les violences que les femmes et les jeunes filles subis- sent.

C’est en 1994, que le Mali a commencé à célébrer la journée internationale des droits des femmes. 30 ans après, des progrès ont été faits, comme l’indique le ministre de la Promotion de la femme, de l’Enfant et de la Famille, Dr. Coulibaly Mariam Maïga « L’adoption de la Politique nationale genre du Mali (PNG-Mali) en 2010, suivie en mai 2014 par le décret n°2014-0368/PM-RM, modifié, fixant le Mécanisme institutionnel d’orientation, d’impulsion et de suivi de la mise en œuvre de ladite politique; L’adoption de la Politique nationale de la famille en 2015; L’adoption de la Loi n°2015-052 du 18 décembre 2015, instituant des mesures pour promouvoir le genre dans l’accès aux fonctions nominatives et électives; La création du Fonds d’Appui à l’Autonomisation de la Femme et l’Épanouissement des Enfants ; Et enfin, l’adoption et le lancement officiel en février dernier, des activités de la Feuille de route « Genre, Élections et Reformes ».

En plus de ces textes, d’autres engagements sont pris au niveau régional et international. Mais, que valent des textes, lorsqu’ils ne sont pas appliqués? Aujourd’hui, il reste encore beaucoup à faire sur le plan de l’accès aux instances de prise de décision. Tenez, selon l’Annuaire statistique sur la promotion du genre, ASPG 2022 CNDIFE, au niveau publique «Les femmes représentent en moyenne 28, 1% du personnel de la fonction publique. Au total, 20% des postes nominatifs sont occupés par les femmes dans la haute sphère de l’administration dont 17% proviennent des décrets, 20% des arrêtés et un peu plus de 21% qui sont du fait des décisions.

Pour ce qui est des nominations, au niveau des directions cela représente 16,1% ; celles évoluant dans les commandements représentent un total de 16,4% reparti comme suit ; Gouverneur : 5%, Préfet : 2,3%, Sous-préfet : 13, 9%. Au niveau des Affaires estrangères 11,1% de femmes sont Ambassadeurs ; 9,5% Chef de cabinet, et 22% sont des Conseillers techniques. Au niveau du secteur privé : les femmes représentent 21,8% du personnel. La majorité́ des Unités économiques au Mali est dirigée par les hommes 86% contre 14% pour les femmes.

Au niveau de la vie politique : Les femmes demeurent sous représentées dans des institutions au total 10,6%: Présidence (4,1%), CNT (26,7%) ; Gouvernement (16,5%), HCC (4,8%) ; Cour Suprême (36,7%) ; Cour Constitutionnelle (31,8%) ; Conseil Régional (8,2%) ; Haut Conseil des Collectivités (4,8%) ; Conseil Économique, Social, Culturel et environnemental (14,8%). Concernant la statistique au niveau des conseils communaux, 11 femmes maires sur 703 soit 1,6%.»

Au Mali, il nous faut encore plus de sensibilisation, de renforcement de capacités pour plus d’appropriation des textes, pour une meilleure application et d’implication de tous. Mais aussi, éliminer toutes les formes de discrimination à l’encontre des femmes et des filles, empêchant ainsi, leur pleine participation à la vie publique et politique.

Pour, ONU Femmes, 1 femme sur 10 dans le monde vit dans l’extrême pauvreté́.
Le nombre de femmes et de filles vivant dans des zones de conflit a doublé depuis 2017. Aujourd’hui, plus de 614 millions de femmes et de filles vivent dans des zones de conflit. Dans les zones de conflit, les femmes sont 7,7 fois plus susceptibles de vivre dans l’extrême pauvreté.

En raison du changement climatique, 236 millions de femmes et de filles supplémentaires souffriront de faim d’ici 2030, soit deux fois plus que les hommes (131 mil- lions).

En Age de travailler, seulement 61 % des femmes font partie de la population active, contre 90 % des hommes. Nous ne pouvons pas continuer à laisser de côté les bénéfices de l’égalité entre les hommes et les femmes. Plus de 100 millions de femmes et de filles pourraient sortir de la pauvreté́ si les gouvernements priorisaient l’éducation et la planification familiale, des salaires justes et égaux, et l’extension des allocations sociales.

Près de 300 millions d’emplois pourraient être créés d’ici 2035 à travers des investissements dans les services de soins, tels que les services de garde d’enfants et de soins aux personnes âgées. De plus, en comblant les écarts d’emploi entre les hommes et les femmes, le produit intérieur brut par habitant pourrait augmenter de 20 % dans toutes les régions.

Néanmoins, la réalité actuelle est bien différente. Les pro- grammes consacrés à l’égalité des sexes ne représentent que 4 % de l’aide publique au développement. Il faudrait 360 milliards de dollars supplémentaires par an dans les pays en développement pour parvenir à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes. Cela représente moins d’un cinquième des 2,2 billions de dollars consacrés aux dépenses militaires dans le monde en 2022, par exemple.

Les domaines nécessitant des investissements sont clairs et bien connus. Il faut avant tout investir dans la paix. Plus encore, les investissements nécessaires incluent : des lois et des politiques qui font progresser les droits des femmes et des filles ; la transformation des normes sociales qui constituent des obstacles à l’égalité des sexes ; la garantie de l’accès des femmes à la terre, à la propriété, aux soins de santé, à l’éducation et à un travail décent ; et le financement de groupes de réseaux de femmes à tous les niveaux.

ONU Femmes appelle également les États membres de la Commission de la condition de la femme, qui débutera à New York le 11 mars 2024, à soutenir leurs engagements vis-à-vis de l’égalité des sexes avec des ressources.

Les dirigeants du monde entier ont l’occasion d’élaborer des conclusions concertées, concrètes, et progressives qui reflètent le besoin crucial de financer l’égalité des sexes, l’autonomisation des femmes et les organisations de femmes. Ils doivent saisir cette opportunité  pour le bien-être de l’égalité, de notre planète et des objectifs de développement durable.

Maimouna TRAORÉ/ASPG et ONU Femmes

 

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *