FONDATION FEMMES D’AFRIQUE-FACMR/CNM: CAUSERIE-DÉBAT SUR LA RÉDUCTION DES DÉPENSES OSTENTATOIRES LORS DES CÉRÉMONIES SOCIALES

La Fondation Femmes d’Afrique et Culture-Mémorial de Rufisque/Comité National du Mali (FAC-MR/CNM), a organisé dans le cadre  de la célébration de la journée internationale  des droits de la  femme, une causerie-débats sur la diminution des dépenses ostentatoires lors des cérémonies sociales (baptême, fiançailles, mariage, funérailles …). C’était  le 19 mars 2022, au siège de Sa  Fondation, sise à Dar Salam, en présence du représentant du Ministère de la Promotion de la Femme, de  l’Enfant et de la Famille, du chef de quartier de Dar Salam, du représentant du RECOTRAD et plusieurs autres personnalités et surtout les anciennes élèves de l’école normale des jeunes filles de Rufisque ou leurs représentantes.

Après les salutations d’usages, l’ancienne ministre, Mme Traoré Seynabou Diop a planté de décor de la journée, en situant cette journée de causerie-débat dans son contexte. Pour elle, la causerie-débat de ce jour est la première et la FAC-MR compte sur la presse pour une large diffusion.

Dans son discours de circonstance,  Mme Keïta Aoua Thiéro a, au nom de la présidente de la Fondation empêchée, souhaité la bienvenue à tous les participants à cette causerie-débat sur les dépenses ostentatoires à l’occasion des cérémonies sociales. Pour elle, la FAC/MR a décidé de concrétiser sa contribution au programme d’activités prévues par le Ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille à travers l’organisation de ladite journée.

« Il est à rappeler que cet évènement fait suite à l’atelier de réflexions sur les dépenses ostentatoires à l’occasion d’évènements sociaux que la FCMR avait organisé le 24 juillet 2021, au CNDIFE». Et d’ajouter que l’intérêt particulier manifesté pour ce thème par tous les participants à l’atelier a conduit la FAC/MR à envisager de poursuivre le plaidoyer et la sensibilisation pour réduire ces dépenses ostentatoires ».

 

Bakary Dembélé, représentant du Ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et la Famille a salué l’initiative à sa juste valeur. Dans son intervention, il a rendu un hommage aux anciennes élèves de l’école normale des jeunes filles de Rufisque, qui, pour lui, sont des savantes qui ont tracé la voie pour l’Afrique. Ensuite il est revenu sur l’importance de la journée du 8 mars.

Une causerie sans tabou avec les participants

La conférencière,  Mme Kanté Awa Kouyaté, une religieuse connue pour ses conseils et prêches en milieu féminin appelé couramment « Malimatou » a introduit ses propos par une série de bénédictions et des actions de grâce à l’endroit de Dieu. Elle dira que le débat du  jour entre dans le cadre des festivités du  8 mars. Cette causerie concerne donc  toutes les femmes de tous les horizons et de toutes les religions.

Dans son exposé,  elle a pointé du doigt les dépenses ostentatoires lors des différentes cérémonies.  Des dépenses parfois à couper le souffle malgré les difficultés que les femmes vivent au quotidien.  Pour Madame Kanté, les femmes sans  le savoir  se créent d’énormes difficultés et  par ricochet à  leurs époux qui subissent les conséquences directes de ces caprices financières. Ainsi, au lieu d’être une aide pour les époux, elles deviennent au contraire la source de leur problème.

Elle a ensuite exhorté les femmes urbaines à penser à leurs sœurs vivant en milieu rural, qui manquent le plus souvent de tout, même du minimum. « Au lieu de dilapider de l’argent dans les futilités, il serait bienséant pour nous de penser à nos sœurs vivant dans des situations de précarité quelque part dans nos campagnes. Ces femmes qui portent au quotidien la charge de la famille » a-t-elle conseillé. Pour finir, la Malimatou a appelé ses sœurs à un changement de mentalités et de comportement afin de faire de la refondation du Mali une réalité. «  Il n’y a pas de nouveau Mali, c’est le même Mali d’hier et qui sera demain. Ce sont plutôt les mentalités et comportements qui doivent changer, » a-t-elle exhorté.

Ensuite, c’est l’animatrice vedette de l’ORTM, Oumou Diarra plus connue sous le sobriquet de « Djèma» de prendre la parole. Tout comme la première conférencière, l’habituée du micro et de la parole s’est exprimée avec clarté sur le sujet. D’entrée de jeu,  elle  a insisté  sur le fait qu’il faut impérativement retourner aux fondements, redéfinir l’éducation de base pour espérer sauver le peu qui reste de notre société. Djèma a déploré le fait que l’éducation a disparu dans la société, les géniteurs ont démissionné de leur rôle, ils ont même peur de leur rejeton. C’est ce qui explique, selon elle, cette dépravation sans précédent des mœurs qui ont contribué largement à  ces dépenses ostentatoires. Dans son intervention, elle n’a pas manqué de dénoncer le fait que les femmes créent de faux ennuis avec des histoires d’uniformes, mèches et beaucoup d’autres futilités qui sont  des dépenses à éviter.

« Le nouveau Mali ne se fera pas avec l’argent comme le nerf de la guerre. Il se construira sur des valeurs sûres et les femmes se doivent d’incarner cet espoir » a expliqué l’animatrice. Elle a  profité de la présence du chef du quartier de Dar es Salam et certaines notabilités pour lancer un appel de prise de conscience. « Reprenez en main l’éducation des enfants, n’ayez pas peur de les réprimer et transmettez les des des  valeurs sûres » a-t-elle plaidé.

La séance de  questions réponses ont permis à l’assistance de débattre des questions les plus tabous. De ce débat, on retiendra que les dépenses ostentatoires causent d’énormes problèmes dans plusieurs foyers. Les femmes vivant en  milieu rural qui, jusqu’ici, semblaient être épargnées de ces dépenses ostentatoires, sont en train de se lancer malheureusement dans le jeu et sont même en phase de dépasser  celles de la ville.

Une exposition-vente des produits des associations féminines et de jeunes partenaires de la FAC-MR et une visite des différents stands ont mis fin à cette journée qui aura marqué l’esprit de tous les participants.

Notons que la FAC-MR/CNM a été créée par les anciennes élèves formées à l’École Normale Fédérale de Rufisque/Sénégal, de 1938 à 1958. Elles ont formé, à leur tour, des générations de filles et garçons et ont aussi participé aux luttes syndicales et politiques, et à la construction du Mali. Elle a pour objectifs principaux la transmission intergénérationnelle et la pleine participation des femmes au développement de leur pays et à l’œuvre d’intégration africaine.

Elles ont dit :

Mme Daoulé Diallo Bah, Secrétaire exécutive de FAC-MR/CNM :

« Cette journée rend hommage à nos mères, les anciennes élèves de l’École normale de jeunes filles de Rufisque qui a  fonctionné de 1938 à 1958. Elles se sont donné comme vocation l’intégration de la femme dans la gestion de son pays en vue d’assurer une vie harmonieuse et épanouie aux populations. Nous avons constaté que les femmes s’adonnent à des pratiques très coûteuses liées aux fiançailles…Ces dépenses causent beaucoup de tords. Plusieurs divorces sont liés à ces pratiques. Certains divorces ont lieu sans que les dettes contractées pour le mariage soient payées. C’est pourquoi, nous avons fait appel aux hommes de médias, communicateurs traditionnels pour attirer leur attention. Pour aider les femmes à se prendre en charge nous avons initié des micros projets pour les épauler. Aujourd’hui, elles parviennent à se débrouiller avec leur production. ».

Mme Traoré Seynabou Diop, ancienne ministre des infrastructures:

« Aujourd’hui, nous sommes à la Fondation Femmes d’Afrique et Culture-Mémorial de Rufisque/Comité National du Mali parce que la Fondation est établie sur 8 pays des anciennes AOF, donc le comité du Mali que nous sommes, avons jugé utile de participer aux évènements de manifestation du 8  mars en rassemblant nos partenaires, nos associations femmes partenaires. Nos frères sont aussi là pour leur parler d’un thème qui tient aujourd’hui très à cœur. Il s’agit en fait des dépenses que nous faisons au cours des cérémonies sociales : le mariage, les fiançailles, le baptême et les funérailles deviennent aujourd’hui un poids assez lourd dans le budget de la ménagère.

Nous avons donc jugé utile d’appeler des femmes de référence, des communicatrices qui savent de quoi nous parlons puisqu’elles sont dans les évènements pour expliquer le sujet à ces dames, afin qu’elles soient des relais dans leur communauté, dans leur groupement concernant la réduction des dépenses pour le Bonheur de tout le monde. Nous ne pouvons pas continuer à dépenser des millions pour que  deux jours après, le couple soit exposée à des difficultés financières.

Nous avons, il y’a quelques années,  aidé les associations de femmes à s’installer. Ces associations fabriquent des savons, font  la transformation des produits céréaliers,  font du maraichage. Vous avez aujourd’hui  les produits qu’elles viennent nous présenter. Une manière de nous dire, voilà ce que votre aide nous a permis de faire dans notre vie de tous les jours. Il y a aussi le groupement de jeunes que nous encadrons à faire du bogolan. Aujourd’hui, ces jeunes sont en phase de stage de couture pour parfaire leur formation. Elles font les modèle traditionnels que nous aimons beaucoup. Quant aux productrices des produits  maraîchers que nous avons aidé, elles font du bio. Elles évitent le maximum de produits chimiques et nous donnent des produits de bonnes qualités.

Quand nous demandons aux dames d’arrêter de faire des dépenses; quand nous demandons aux jeunes d’éviter de faire trop de dépenses dans les cérémonies, nous demandons un changement de mentalité. C’est  la refondation au Mali qui demande un changement de mentalité, donc je pense que nous sommes réellement en phase avec ce thème-là. Pour arriver à refonder, il faut un changement de mentalité, ne pas faire du neuf avec du vieux. »

Mme Sangaré Kadiatou Keïta bénéficiaire du programme d’aide:

« Nous sommes dans le cadre des festivités du 8 mars. Nous sommes une association qui a bénéficié d’un financement. Ce projet a été d’une aide inestimable. Plus de 106 veuves ont pu se prendre en charge. Nous saluons l’idée de cette causerie-débat qui tombe à point nommé. Les dépenses ostentatoires tuent aujourd’hui les familles ».

Amadingue Sagara

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