ENTRETIEN AVEC Mme CAMARA MALADO, PRÉSIDENTE DE LA COORDINATION DES FEMMES DE LA DIASPORA DE FRANCE

Mme Camara Malado est aide-soignante à Paris, elle est la promotrice du restaurant «Soleil de minuit » à Ségou, Présidente de la Coordination des femmes de la Diaspora de France. Présidente du CADERSEF, la Coordination des association de développement de la région de Ségou en France, qui est en partenariat avec la 4ème région (Ségou). Elle est aussi la présidente de l’ADIESE, l’Association des diabétiques de Ségou et la Vice-présidente du Haut conseil des maliens de l’extérieur de la France. Nous la rencontrons aujourd’hui dans le cadre du Haut conseil des maliens de l’extérieur Lisez.

NYELENI Magazine :Expliquez-nous, ce qu’est-ce la Coordination des femmes de la Diaspora?

Mme Camara Malado : La Coordination des femmes rassemble toutes les maliennes de la Diaspora, nous représentons la section de la France. Elle est apolitique même si des femmes des partis y figurent.

NYELENI Magazine :Quels sont vos objectifs?

Mme Camara Malado : Réunir les femmes pour le développement du Mali, le combat contre l’injustice et pour un Mali sans impunité.

NYELENI Magazine :Vous êtes toutes hors du Mali, à l’heure du « Mali kura » que voulez-vous apporter de plus pour votre pays d’origine?

Mme Camara Malado : Ce que nous voulons pour le nouveau Mali, c’est le retour de la paix, de la bonne éducation, du respect de notre culture. Il faut le retour de l’éducation de base, si vous voyez qu’il y a dans notre milieu, un certain nombre de mauvais comportements, c’est parce que, d’ici, des maliens partent avec des façons de faire : les injures à l’encontre des parents, sur Facebook, des marabouts, des personnes âgées qui s’expriment sont insultés. Il faut des sanctions. Avant, pour avoir du boulot dans les magasins et autres en France, quand c’était un malien, on le prenait, parce qu’on avait confiance au malien, car il ne mentait pas, mais aujourd’hui, ce n’est pas le même sentiment. Nous voulons que les femmes aient plus de droits et de respect. Si vous allez sur les données des femmes de la Coordination, elles font de grandes choses au pays.

Elles équipent des centres de santé, envoient des ambulances, des corbillards ou de l’argent.. etc. Mais, lorsqu’il y a des nominations ces femmes n’en font pas parties, quand tu n’es pas dans un parti, tu n’es pas considéré. Il y a des nominations au nom de la Diaspora, dont on est même pas au courant. Pareil pour nos enfants aussi, quand ils viennent avec leurs projets ce n’est pas financé à cause de la corruption. Des fonctionnaires corrompus, qui ne viennent pas à l’heure au travail les font faire le va et vient et à la fin, ils n’ont rien, parce qu’ils se découragent, ils ne sont pas habitués à ces choses là. On nous vend des terrains deux à trois fois, parce qu’on sait que nous n’avons qu’un mois de congé et qu’on repartira sans que cela soit réglé. On ne peut pas faire le nouveau Mali sans que les maliens eux-mêmes changent.

NYELENI Magazine : Vous êtes à Bamako, actuellement, pour un congrès, sur quoi va-t-il porter?

Mme Camara Malado : Nous sommes là, pour le premier congrès organisé par les femmes de la Diaspora de France, dont le thème est « Le rôle des femmes de la Diaspora pendant la période électorale et la reconstruction d’un nouveau Mali».

NYELENI Magazine :Quelles sont les difficultés des maliennes de la Diaspora?

Mme Camara Malado: Ce que nous avons comme problème, c’est d’abord, l’éducation de nos enfants, cela nous inquiète beaucoup. Là-bas (hors du Mali), ça ne va pas trop et ici, l’éducation n’est plus comme avant. Quand on va dans nos villages, même la-bas la drogue se consomme. Il n’y a pas d’internats pour mieux encadrer les enfants. Ensuite, il y a le problème du bien commun, vous savez, en Europe, le Mari et la femme font les dépenses ensemble, que ce soit le repas, l’eau, l’électricité et l’éducation des enfants. Au Mali ici, ils construisent ensemble la maison, mais des fois l’époux peut prendre une autre femme au Mali et l’installer dans la maison et quand, tu arrives en vacance, on te met dans l’annexe, souvent dans le magasin, alors que vous avez contribué ensemble. Souvent à la retraite, le mari prend tous les biens et se remarie. Il y a des femmes qui font la dépression ou ne reviennent plus au Mali. Il faut que les hommes aient pitié de leurs épouses. Je dis tout, il y a aussi des cas, où se sont les femmes qui, en quittant le pays, ont leurs plans. Une fois en Europe, quand elles comprennent le système de défense des droits des femmes, elles créent des problèmes et chassent le mari de la maison.

NYELENI Magazine : Qu’est-ce qui vous tient à cœur et que vous voulez partager avec nos lecteurs?

Mme Camara Malado : Ce qui me tiens à cœur, c’est l’éducation de nos enfants, un Mali unifié et prospère avec tous ses fils réconciliés et la fin de l’impunité.

Propos recueillis par Maïmouna TRAORE

Lancement de la Coordination des femmes de France à Bamako et 1er Congrès International de la Coordination des Femmes de la Diaspora de France

Les 23, 24, 25 Juillet 2021, la Coordination des femmes de France sera lancée à Bamako, ce lancement est couplé au 1er Congrès International de la Coordination des Femmes de la Diaspora de France. Cet évènement est placé sous la présidence de M. Saïdou Mamadou Coulibaly, président du mouvement Benkadi. Les femmes de la Diaspora, conscientes des difficultés vécues par le Mali, depuis la crise multidimensionnelle, débutée en 2012, veulent se mobiliser encore pour que la crise prenne fin.

Les femmes, surtout aujourd’hui, celles de la Diapora, ont fait le constat que de 2012 à 2021, la situation d’insécurité s’est généralisée sur toutes les régions du Mali, aucune femme, d’aucune région du Mali ne dort en paix…. Alors que, «Les femmes se sont mobilisées très vite quand le coup d’Etat est survenu. Elles étaient les premières à dénoncer le coup de force, demander le retour à l’ordre constitutionnel. Elles se sont battues pour qu’on aille à des élections libres, transparentes, et pour qu’elles se fassent dans un climat apaisé. Mais, la situation du pays reste critique. Les militaires peinent à trouver les armes”. Disent-elles et c’est pour cela, qu’elles veulent porter une attention particulière sur la crise que traverse le pays, car, “Tant que le pays n’est pas sécurisé, rien ne sera réglé…».

C’est pourquoi, elles organisent le lancement de la Coordination des femmes de France à Bamako et le 1er Congrès International de la Coordination des Femmes de la Diaspora de France. Ces 3 journées de travail, de rencontre, d’échange sous le haut parrainage de Saïdou Mamadou COULIBALY, un homme engagé pour le développement, seront un outil, un moment de communion pour transmettre des messages de paix et adopter ensemble des résolutions. Cela, pourrait permettre un moment d’échange et d’unité entre elles, et constituer un facteur de rassemblement, d’intégration et de promotion d’échanges solidaires. Afin de continuer leurs actions auprès des femmes et de la jeunesse pour qu’elles jouent leur rôle de mobilisation et de défense de leur intérêt, qui est celui de la Nation du Mali, 2021 est une année de grande décision à la veille de l’élection Présidentiel, après plusieurs coups d’Etat, espèrent-elles.

Le congrès international des femmes sera d’une importance particulière,. une occasion de se retrouver, de dialoguer, de faire l’historique des femmes qui ont fait l’histoire en passant par les Repères chronologiques et le rôle de plus en plus fondamental de la femme dans le développement économique et social du pays. Enfin, à travers cette activité, expliquer que beaucoup de progrès ont été faits, et qu’il en reste encore à faire. Les femmes souffrent beaucoup des déplacements, de la dispersion des familles et de la violence.

Dans certains pays, les droits des femmes restent inexistantes. Elles sont victimes d’injustice et d’inégalité tant que nous ne parvenons pas à la stabilité, la bonne gouvernance et à l’unité du pays Ces journées seront aussi l’occasion d’une grande mobilisation des différentes composantes communautaires. De donner une occasion de s’exprimer autour des enjeux tels que l’importance du rôle de la femme et de la jeunesse. Permettre la rencontre avec les élus, les différents ministères impliqués dans les causes des femmes et de la jeunesse, les candidats et la communauté. Différents thèmes seront traités avec une séance de don de sang pour les besoins de la banque de sang.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *