COMMISSAIRE DIVISIONNAIRE ASSITAN TRAORÉ: « DE 1960 À NOS JOURS, AUCUNE FEMME N’A ÉTÉ DIRECTRICE GÉNÉRALE ET DIRECTRICE RÉGIONALE DE LA POLICE »

Assitan Traoré est Commissaire Divisionnaire de Police et la responsable du Centre « Djiguiya » du GMS Rive Gauche de Bamako. Un One Stop center pour les survivant-es des Violences Basées sur le Genre. Détentrice d’un Master 2 en Genre et Développement à la Faculté des Sciences Administratives et Politiques de Bamako, elle a travaillé sur le thème : « Interaction entre la Toxicomanie et la violence conjugale ». Son Baccalauréat, Série Sciences Humaines, obtenu au Lycée Mabilé (Bamako) en 1998, elle s’attaque de 1998 à 2001, aux deux diplômes d’Étude Universitaires Générales DEUG (I et II) à l’Université de Bamako. De 2001 à 2007, elle obtient la Licence en Droit Privé Général, toujours dans la même Université. Sa Maitrise en Droit Privé ; Option : Affaires est aussi en poche. Et de 2006 à 2007, elle est détentrice du Diplôme de formation des commissaires de police à l’École Nationale de Police (Bamako). Nous l’avons rencontré pour vous.

NYELENI Magazine : Vos fonctions et postes occupés depuis votre entrée dans le corps ?

Commissaire Assitan Traoré : De 2008-2010 : Chef de la Voie Publique au Commissariat de Police du 2èmeArrondissement de Bamako « POUDRIERE » ; Chargée des constatations des Accidents de la Circulation Routières, répression des infractions aux troubles à l’ordre publique, les Coups et Blessures Volontaires et les Injures Publiques. De 2011 à 2015 : Chef de groupe d’Intervention à la Direction de l’Office Central des Stupéfiants, chargée d’intervenir pour arrêter les trafiquants des stupéfiants. 2016- 2017 : Chef d’Antenne Rive GAUCHE à la Direction de l’Office Central des Stupéfiants, chargée de démanteler les réseaux des narcotrafiquants des stupéfiants, procéder aux interrogatoires des trafiquants interpellés et les traduits devant les Tribunaux Compétents en la matière. En 2017-2018 : Chef de la Section Prévention Communication et Sensibilisation à la Direction de l’Office Central des Stupéfiants, chargée de faciliter les séances de formation en matière de stupéfiants et de communiquer lors des conférences-débats, afin de sensibiliser les femmes et les jeunes de la Société Civile pour un changement de comportement dans la consommation abusive des stupéfiants, animation des tables rondes sur les stupéfiants dans les médias (télévision et radio). Et de 2019 à nos jours : Responsable du Centre Social « DJIGUIYA ONE STOP CENTER » de la Police Nationale, Depuis 2020 : Désignée comme instructrice temporaire à l’École Nationale de Police (ENP) sur les matières : VBG ET LA LUTTE CONTRE LA DROGUE.

NYELENI Magazine : Aujourd’hui, à la tête de la lutte contre les VBG à la police à Bamako, pour vous, cela change quoi ?
Commissaire Assitan Traoré :
Cela change les appréhensions du citoyen lambda sur la police, car la population a compris que la police n’est que répressive et qu’elle a une mission de prévention, d’éducation et d’assistance.

NYELENI Magazine : Quelles peuvent être pour vous les causes des violences basées sur le genre (VBG) et la fréquence des cas qui vous sont signalés ?

Commissaire Assitan Traoré : Pour moi, les causes des VBG sont entre autres, le non-respect des Droits Humains, la consommation abusive de la drogue, l’impunité et le manque ou l’insuffisance de l’éducation. On reçoit au centre entre trois (3) à sept (7) cas de VBG par mois de toutes catégories.

NYELENI Magazine : Peut-on parler de discrimination basée sur le genre au sein de votre corps ?

Commissaire Assitan Traoré : Bien sûr, nulle part n’est épargné par cette discrimination, au sein de notre corporation ça saute à l’œil, car si on constate depuis la création de la police en octobre 1960, à nos jours, aucune femme n’a été nommée Directrice Générale et Directrice Régionale de la Police. Mieux, aucune femme ne dirige actuellement les postes décisionnels de la police et tous les sous Directions et services rattachés de la police sont dirigés par les policiers et non par les policières.

NYELENI Magazine : Quel rôle joue le Centre « Djiguiya » de la Police ?

Commissaire Assitan Traoré : Le centre est chargé d’assurer la prise en charge globale des survivant-es des Violences Basées sur le Genre (VBG) à travers : L’assistance psycho-sociale ; L’assistance sécuritaire ; L’assistance médicale ; L’assistance juridique et judiciaire ; La médiation ; L’insertion et réinsertion dans des Activité Génératrice de Revenus

NYELENI Magazine : Souvent des cas de violences sont commis sous l’effet de la drogue, que pouvez-vous nous dire à ce sujet ?

Commissaire Assitan Traoré : Oui, la consommation de la drogue est un facteur aggravant des VBG surtout, les violences conjugales. Il existe un lien entre les VBG et la drogue dans la mesure où la plupart des violences conjugales sont perpétrées sous l’emprise des drogues dites stimulants, car elles augmentent la puissance et la nervosité de son utilisateur, qui perd le contrôle de soi. Plusieurs études ont confirmé la corrélation entre la toxicomanie des hommes et les comportements violents envers les femmes.  La relation entre la toxicomanie des hommes et les violences conjugales des femmes est un sujet d’étude complexe et important qui nécessite la réalisation d’une étude approfondie au Mali et la mise en place d’un centre intégré des deux problématiques.

NYELENI Magazine : A défaut d’une loi sur les VBG, la sensibilisation continue, si on vous disait de faire une proposition pour mettre fin à ces violences, que direz-vous ?

Commissaire Assitan Traoré : Je préconiserai l’intensification de la formation et la sensibilisation à l’intention des décideurs et leaders qui contribuera à l’appropriation des concepts genre et VBG et facilitera leur adhésion; L’application réelle et effective des textes nationaux, régionaux et internationaux existants.

NYELENI Magazine : Avez-vous un dernier mot pour les survivant-es, les auteurs et même la justice ?

Commissaire Assitan TraoréLes survivant-tes : Brisons le silence en dénonçant auprès des autorités administratives, sécuritaires et coutumières de votre localité ; les auteurs : Comprenez que rien ne justifie la violence, l’être humain est sacré et inviolable ; à la justice : « Pour vivre en paix il faut une vraie justice. Rendez la vie paisible aux citoyens à travers vos serments prêtés »

Maïmouna TRAORÉ

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