CENTRE DE DEVELOPPEMENT DE L’ARTISANAT TEXTILE: Un moteur de la croissance économique par la promotion du textile malien de qualité

Le Mali est l’un des plus grands producteurs de coton en Afrique, avec une moyenne 400.000 tonnes de production annuelle. Malheureusement, l’artisanat et les industries nationales ne transforment qu’environ 1 % de cette production presqu’exclusivement exportée sans valeur ajoutée pour la filière et l’économie nationale. Et, en plus du coton, le Mali est un grand producteur de laine de mouton (à Macina, dans le Delta central du Niger) et du Dah fibre, cultivé principalement au sud et au centre. La valorisation de ces fibres textiles et animales pourrait aider à améliorer la croissance économique et à réduire la pauvreté par la création d’emplois, particulièrement pour les femmes et les jeunes. C’est conscient de cela que le gouvernement a créé le Centre de développement textile (CDAT).

Vue de d’en haut d’un métier à tisser traditionnel

«Promouvoir la transformation artisanale des matières premières textiles localement produites (coton, laine, fibre de dah…) afin de contribuer à la réduction de la pauvreté à travers la création d’emplois et des richesses» ! Telle est la mission principale assignée au Centre de développement de l’artisanat textile (CDAT). Celui-ci a été crée par le gouvernement malien en 2012 (Ordonnance N°2012-012/P-RM du 28 février 2012) avec un statut d’établissement public à caractère scientifique et technologique. Le décret N°2012-139/P-RM a fixé son organisation et ses modalités de fonctionnement.

Ce centre a été initié dans la suite logique du projet de tissuthèque (créé en 1992 à Ségou) entrepris par le gouvernement et l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) avec l’appui financier du Japon. Il lui est spécifiquement assigné la formation dans le domaine de l’artisanat textile ; la recherche technologique appliquée dans ce domaine ; la promotion des produits de ce secteur ; l’information des acteurs du secteur sur les technologies, les produits auxiliaires et les colorants ; l’étude, le conseil et l’assistance technique aux structures d’encadrement des artisans et groupements de la filière textile ; et le suivi-évaluation des activités réalisées en faveur des artisans ou groupements de ladite filière.

Ses domaines d’intervention sont la filature, le tissage, les teintures et impressions ainsi que la confection. L’objectif visé est surtout de créer de la valeur ajoutée à l’abondante production cotonnière du Mali. Les résultats de la dernière campagne cotonnière ont été par exemple très probants pour notre pays. Avec une récolte de plus de 728.000 tonnes, le Mali a repris sa place de premier producteur de coton en Afrique.

Ce centre, grâce à ses résultats satisfaisants, a tracté l’encadrement technique des artisans, la formation des formateurs, la conception et la vulgarisation de nouveaux matériels (comme les métiers à tisser améliorés et les cuves de teinture pour tissus et fils) et la recherche sur les colorants et motifs. Ces actions doivent contribuer à faire de notre pays, une référence en matière de teinture-impression. Malheureusement, la création du CDAT a coïncidé avec la crise politico-institutionnelle et sécuritaire qui continuent à déstabiliser notre pays voire le Sahel. Le centre n’est devenu opérationnel qu’en avril 2013. Mais, faute de bénéficier d’une inscription dans la Loi de finances 2013, il a énormément souffert de manque de ressources financières pour prendre son envol.

La direction générale a néanmoins réussi à mettre en place les outils qu’exige son fonctionnement et à créer le cadre de travail et de réflexion indispensable au bon accomplissement de sa mission. Elle a pu ainsi réussi à faire approuver des documents comme le projet de programme d’activités 2014, le budget prévisionnel 2014 et le projet de cadre organique du service. Avec la volonté politique de créer plus de valeurs ajoutées sur les productions nationales, notamment le coton, le CDAT est un outil de vulgarisation et de promotion stratégique. Et cela d’autant plus que le secteur de l’artisanat malien regorge encore d’importantes opportunités d’investissement et de création d’emplois.

C’est donc à juste titre que le programme d’Appui au développement et à la promotion de l’artisanat textile au Mali, élaboré par le CDAT pour la période 2014-2018, ambitionnait de créer les conditions pour lever les obstacles et les équivoques pour faire de l’artisanat, le sous-secteur textile notamment, un tremplin de la création d’emplois et un moteur de la croissance économique au Mali.

 Le «Ndomo», l’autre vitrine du Bogolan à Ségou

Instruments de musique et ardoise décorés au Ndomo Bogolan

Ce matin (samedi 04 août 2018), très tôt j’ai parcouru 240 km pour me rendre à Ségou afin de rendre visite à une tante malade et visiter le Ndomo Bogolans à Pelengana. Une initiative de Boubacar Doumbia. En traversant la ville, j’ai été totalement surpris par les goudrons, les échangeurs multiples réalisés sous le président IBK. Arrivé au Ndomo, Hamidou Barro a dirigé ma visite. L’entreprise Ndomo est une véritable usine de fabrication et promotion de tissus bogolan.
Avec un effectif de 30 agents, il contribue au plein épanouissement des jeunes qui y travaillent. Le Ndomo fait également la fierté du Mali sur l’échiquier international.

L’atelier Ndomo a remporté le Prix spécial «PHILIPPE ROTHIER 2017», notamment le trophée pour «L’eau et l’urgence». L’an dernier, il a également participé à «Africa Architecture Award». Une participation qui a mis en valeur la culture malienne, fait connaitre et valoriser l’architecture du Mali, particulièrement l’architecture de la région Ségovienne. Le Ndomo» se veut aussi un espace de recyclage et de réutilisation des déchets liquides et solides à Ségou. Il met à la disposition de sa clientèle variée des produits purement naturels à base de coton, des feuilles et écorces d’arbres, de l’argile bien fermenté, etc. C’est une composante du Centre Culturel Kôrè de Ségou qui a pour objectif principale de promouvoir et de développer les métiers d’art et de la culture à Ségou, au Mali et dans le Monde. La promotion de la culture malienne est un devoir qui s’impose à nous tous. Aux touristes et aux Maliens désireux de s’offrir ou de donner en cadeaux des tissus Bogolan fabriqués à 100 % à la main, rendez-vous à Dalla Création à Bamako ou au Ndomo de Ségou pour vous procurer des produits «Made in Mali».

 Alassane Barro

Mariétou, une créatrice très engagée

Le Mali n’est pas seulement le premier producteur de coton en Afrique subsaharienne, mais notre pays dispose également d’un savoir-faire ancestral en matière de textile. A l’image du bogolan connu dans le monde grâce à la créativité de certains artisans et couturiers. Des talents qui ne cessent de se battre pour mettre en valeur des atouts non encore réellement et judicieusement exploités dans notre pays.

Et Mariétou Mariette Dicko est l’un de ces talents engagés pour que le coton puisse apporter plus aux paysans, aux artisans, aux créateurs de mode et à l’économie nationale. Au carrefour de la création artistique, de la promotion de l’artisanat textile, de la valorisation du patrimoine culturel ainsi que de la lutte contre la pauvreté, Mariétou est une créatrice de mode et consultante en textiles du Mali très connue et très appréciée dans ce milieu. Après une carrière de près de 30 ans au service des Nations unies (Unicef et à l’Unesco), Mariétou Mariette Dicko a démissionné de ces institutions pour se consacrer à sa passion et à son combat : créer pour promouvoir les produits dérivés de l’immense production de coton au Mali, notamment le bogolan remis au goût du monde par le très regretté Seydou Doumbia dit Chris Seydou.

Se retenant de choisir entre tradition et modernité, elle a réussi à créer une symbiose atypique. Fondatrice de la marque «Traditions Mode Africaine» depuis avril 2000 et du salon de coiffure et esthétique «Renée Coiffure» au Mali où elle a aussi un showroom à l’Immeuble du Centenaire (ACI 2000), Mariétou Mariette Dicko est aussi consultante pour la promotion des textiles du Mali et présidente du projet culturel «MADI» (Mode arts développement international). Un sigle est aussi une nostalgique et maternelle référence au nom de son fils douloureusement arraché à son affection à 20 ans, il y a quelques années).  Commerciale de formation et parfaite polyglotte (français, anglais, bambara…) Mariétou Mariette Dicko propose aussi à sa clientèle un style tradi-moderne en décoration pour les stands des salons, foires et autres expositions et bureaux. Considérée à juste titre comme l’une des pionnières de la mode africaine, Mariétou dynamise aussi ses activités au Mali où elle produit ses collections de vêtements, bijoux et accessoires de mode !

AGENDA 2020 DE L’UEMOA : L’ambition de créer plus de valeur ajoutée sur le coton en Afrique de l’Ouest

A travers son «Agenda 2020», l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA) nourrit l’ambition de transformer au moins 25 % du coton produit dans la sous-région. Une ambition à cheval sur la durabilité de la productivité agricole dans les agro-systèmes cotonniers du Projet de compétitivité du coton A noter que la filière coton constitue une source importante de revenus pour plus de 15 millions de personnes de cet espace communautaire et fournit de nombreux emplois tout en développant d’autres filières agricoles comme le maïs, le riz et le sésame.

Elle est également source de croissance et génère d’importantes recettes d’exportation tout en participant significativement à la mobilisation des ressources publiques dans plusieurs pays de la zone UEMOA. La campagne 2017-2018 a été marquée par une production record de plus de 2 400 000 tonnes de coton graine.

«Cette performance est à mettre à l’actif de tous les acteurs de la filière. Il demeure cependant, des défis à relever surtout en ce qui concerne les rendements qui restent toujours faibles et très variables d’un pays à un autre», souligne Jonas Gbian, Commissaire chargé du Département de l’agriculture, des ressources en eau et de l’environnement de l’UEMOA.. «Si nous voulons faire de notre coton un véritable pôle de développement et mettre en valeur tout le potentiel qu’offre cette culture, il est urgent de corriger cette situation. Pour ce faire, il nous faut tirer et capitaliser les principales leçons apprises des expériences et des pratiques, permettant d’assurer la durabilité de la productivité dans les systèmes d’exploitation à base de coton», suggère-t-il.

Le projet de «compétitivité de la filière coton de l’UEMOA.» (UCC/Décision N°15/2003/cm/UEMOA portant adoption de l’agenda pour la compétitivité de la filière coton/textile), d’un montant de 1,2 million de dollars US, est financé par le gouvernement américain à travers l’Agence Américaine pour le Développement International (USAID) et mis en œuvre par la Commission de l’UEMOA. C’est une initiative qui vise à améliorer la compétitivité et les performances de la filière coton en Afrique de l’Ouest et plus particulièrement dans les pays de l’initiative sectorielle en faveur du coton communément appelés pays du C4. Il s’agit du Bénin, du Burkina Faso, du Mali et du Tchad.

Moussa Bolly 

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