BASKET-BALL FEMININ : L’INCONTESTABLE RÈGNE DU MALI SUR L’AFRIQUE DANS LES PETITES CATÉGORIES

Le samedi 22 juillet 2023, le Mali a réalisé son 8e sacre consécutif au niveau de l’Afrobasket féminin U16 filles à Monastir, en Tunisie. Les Aiglonnettes se sont imposées face aux cadettes d’Egypte (57-56) à l’issue d’une finale âprement disputée. Presqu’au même moment, les U19 filles se classaient 5e à la Coupe du monde de leur catégorie en Espagne. Ces deux performances prouvent à suffisance que notre pays règne encore sur le Basket féminin continental, notamment dans les petites catégories. NYELENI leur souhaite une bonne fête de la Panafricaine à travers ce dossier réalisé par Moussa BOLLY.

Le 22 juillet 2023, le Mali a remporté son 8ème titre consécutif au niveau de l’Afrobasket féminin U16 filles à Monastir (Tunisie). Les Aiglonnettes se sont imposées face aux cadettes d’Egypte (57-56) à l’issue d’une finale dont le dernier quart-temps a été palpitant. Mais, seules détentrices du trophée depuis la première édition en 2009, nos Cadettes ont vaillamment défendu leur couronne. Cette génération n’a pas visiblement voulu entrer dans l’histoire comme celle qui a interrompu la domination malienne dans cette catégorie.

Cerise sur le gâteau, parmi les «5 Majeures » (Meilleures joueuses) du tournoi, figurent aussi Ténin Diarra et surtout Assitan Diarisso qui a été meilleure marqueuse, meilleure tripointeuse et donc naturellement meilleure joueuse de la compétition. A 14 ans, Assitan s’est illustrée comme le pilier des Aiglonnettes tout au long de ce championnat d’Afrique féminin. Ailière, elle a porté la sélection nationale à bout de bras avec une moyenne de 23 points et 4,8 rebonds en six matches.

A noter que c’était la 6ème confrontation en finale (en 8 éditions) entre le Mali et l’Egypte. Un total de dix équipes a disputé ce championnat d’Afrique U16 filles de FIBA 2023 du 13 au 23 2023 à Monastir, en Tunisie.

Ce règne sans partage en Afrique est aussi celui des U19, qui viennent aussi de se classer 5ème à la 15ème édition de la Coupe du monde féminine de basket-ball des moins de 19 ans 2023 qui s’est déroulée à Madrid (Espagne) du 15 au 23 juillet 2023. Même si le Mali a fait moins par rapport à la précédente édition (4ème place), Sira Thienou a néanmoins figuré parmi les « Cinq Majeures » de la compétition. Ce qui n’est pas surprenant d’autant plus qu’elle a joué un rôle essentiel dans la superbe performance du Mali. « C’était impressionnant », a commenté un chroniqueur sportif en parlant de sa performance.

Le secret de ce règne chez les petites catégories féminines ?

Les observateurs évoquent deux actes, deux initiatives. Il y a d’abord, la politique des « Conférences » (zones) tournantes instaurées par Hamane Niang (président de la FIBA depuis le 29 août 2019, après avoir été président de FIBA-Afrique) quand il a été élu président de la Fédération malienne de basket-ball (FMBB) entre 1999 et 2007. Cette initiative a réellement contribué à la vulgarisation de la balle au panier à la base partout au Mali. Elle a boosté la pratique à la base en entraînant la multiplication des centres de basket.

Feu le président Amadou Toumani Touré dit ATT, a aussi apporté sa pierre à l’édifice à travers les terrains de proximité réalisés (sur ses fonds de souveraineté) dans des quartiers de Bamako et dans de nombreuses villes de l’intérieur. Avant ces infrastructures, les jeunes basketteurs étaient confrontés à une équation difficile à résoudre : comment allier sport et études ? Quand ils revenaient de l’école les après-midis, ils avaient très peu de temps pour s’entraîner. Mais, avec des terrains électrifiés, nos talents en herbe pouvaient désormais s’entraîner le soir quand ils voulaient. Et cela s’est fait normalement ressentir sur leur performance.

Souvent en partenariat avec le Ministère de la Jeunesse et des Sports, ainsi que le Comité national olympique et sportif du Mali (CNOSM), la FMBB a accompagné le mouvement par la multiplication des sessions de formations (technique, management, arbitrage), les camps de basket…

Ce règne du basket-ball féminin dans les petites catégories ne doit donc rien au hasard. C’est le fruit d’une ambition bien planifiée et aussi de la volonté politique d’un président (ATT ; 2002-2012) qui a très tôt compris que le basket pouvait réellement contribuer à rehausser l’image du Mali. Aujourd’hui, il est indispensable de ne pas baisser les bras et dormir sur nos lauriers. Il faut plutôt investir plus de moyens dans les infrastructures de base, multiplier davantage les compétitions locales, régionales et nationales pour les petites catégories… Cela est d’autant souhaitable qu’ils sont de nos jours les pays africains qui commencent à s’inspirer de l’expérience malienne afin de nous ravir un jour notre couronne africaine !

AFROBASKET FEMININ SENIOR MALIEN: LES CHAMPIONNES D’AFRIQUE PASSENT LE RELAIS À UNE GÉNÉRATION DÉDOMPLEXÉE ET AMBITIEUSE

 Même si le Mali domine en Afrique les petites catégories chez les filles, cette domination tardait à se concrétiser chez les seniors dames qui ont du mal à coiffer une seconde couronne après celle de 2007, à Dakar (Sénégal). Un trophée conquis par Hamchétou Maïga et compagnie (Kady Kanouté, Djéné Diawara, Naré Diawara, Sadio Sangaré, Nagnouma Coulibaly, Aminata Sininta, Kadia Touré…). Mais, aujourd’hui, on assiste à la passation de témoin entre les championnes d’Afrique et cette génération de jeunes talents qui règnent sur l’Afrique depuis des années.

Sur les douze joueuses retenues pour représenter le Mali à l’Afrobasket féminin « Kigali 2023» (Rwanda du 28 juillet au 5 août 2023), seule Kankou Coulibaly fait office de doyenne. Elle est ainsi devenue le trait d’union entre la génération de Hamchétou Maïga (présente dans l’encadrement à Kigali ainsi que Aminata Sininta) et la nouvelle vague conduite par Sika Koné. Un passage de témoin déjà amorcé lors de la précédente édition de l’Afrobasket qui a eu lieu au Cameroun où le Mali a été battu en finale par le Nigeria. Les Aigles avaient tenu tête aux redoutables « D’Tigress » en ne s’inclinant que par 5 points d’écart (59-70). Alignées aux côtés de leurs aînées, Mariam Coulibaly et Sika Koné avaient évolué sans complexe pendant cette édition.

A Kigali, Djénéba N’Diaye, Fatoumata Sanou, Maïmouna Haïdara, Djénéba Sangaré, Alima Dembélé, Salimatou Kourouma, Adama Coulibaly, Mariam Coulibaly, Diana Balayera et Sika Koné sont arrivées avec leur ambition : confirmer sur leur suprématie. Et cela sous la conduite de la doyenne Kankou Coulibaly et du coach qui les avait déjà propulsées sur le toit de l’Afrique chez les U16 : Oumarou Sidya ! Un technicien hors pair qui a été 7 fois champion d’Afrique et toutes les championnes U16 sont passées à son école !

A défaut d’être les favorites, les protégées de Hamchétou et de Sininta se sentent à l’aise dans leur statut de outsider. Un rôle dans lequel elles ont déjà surpris les Lionnes du Sénégal, des favorites sèchement battues par 49-72. Un Sénégal que le Mali retrouve encore ce jeudi 3 août 2023, en demi-finale après avoir vaincu (96-40) le mercredi 2 août 2023, la République de Guinée, en quart de finale.

En tout cas, cette sélection mise sur son homogénéité pour tirer son épingle du jeu. « Huit des 12 sélectionnées sont passées par les U16. Nous espérons que la mayonnaise prenne dès cet essai. Notre ambition est le trophée. Nous mesurons la complexité de la tâche, mais nous allons nous battre pour le titre », a assuré Hamchétou Maïga au début de la compétition.

Avec leurs aînées, le Mali a remporté une fois le championnat d’Afrique, en 2007. Il a également obtenu deux médailles d’argent en 2009 et 2021 et des médailles de bronze en 1968, 2011, 2017 et 2019. Le titre de 2007 a permis à la génération des Hamchétou Maïga de participer aux Jeux olympiques « Beijing 2008 » en Chine (12ème) et au championnat du monde 2010 (15ème). L’an dernier, le Mali a enregistré sa seconde participation à une Coupe du monde féminine de basket senior. Les Aigles avaient été en effet repêchées après le forfait du Nigeria (triple champion d’Afrique) en raison d’une crise de gouvernance au sein de sa Fédération.

Malheureusement, Meiya Tirera et ses coéquipières ont perdu leurs cinq matchs de poules par notamment 89-56 face au Japon, 118-58 contre l’Australie, 74-59 face à la France, 81-68 contre la Serbie. Ce qui n’était pas surprenant car, à cause de nombreux problèmes d’intendance, la sélection nationale n’avait pas eu suffisamment le temps de préparer cette échéance.

Quoi de plus normal aujourd’hui que, après avoir régné sur le continent dans les petites catégories, de voir Sika et ses camarades nourrir le rêve d’une couronne chez les seniors (en mettant fin à 16 ans  de disette) et aussi de représenter l’Afrique aux Jeux olympiques «Paris 2024» !

SIKA KONE, LA PÉPITE : LE TALENT DE DEVENIR LA MEILLEURE BASKETTEUSE DU MALI DE TOUS LES TEMPS

En pleine forme et en pleine confiance après son draft en WNBA (Women’s national basketball association/Association nationale féminine de basket-ball) et évoluant aujourd’hui, avec les Sky de Chicago, Sika Koné est attendue pour jouer un rôle déterminant dans les performances du basket féminin malien dans les années à venir. Elle en est consciente et l’a démontré contre le Sénégal lors du second match du Mali face au Sénégal à l’Afrobasket féminin « Kigali 2023» !

Phénoménal ! C’est ainsi que les chroniqueurs ont salué la performance de Sika Koné lors du match Mali-Sénégal (49-72) à l’Afrobasket féminin « Kigali 2023 ». Il est vrai que le Mali avait battu l’Ouganda sans elle (elle n’avait pas été libérée par son club, Sky de Chicago/WNBA) lors de la première journée par 80-66. Mais, sans son talent et sa détermination, ce Sénégal-Mali disputé le 30 juillet 2023 aurait été plus difficile à aborder pour les nôtres. Une fois de plus, elle a su inculquer sa culture de la gagne à la sélection nationale féminine senior qui cherche à se forger aujourd’hui une identité plus conquérante.

A 21 ans (13 juillet 2002), sur ses 1,93 m et considérée à juste titre comme l’une des valeurs sûres du Mali, voire de l’Afrique, la jeune star malienne avait récemment rejoint le CB Perfurmarias Avenida en Liga Feminina. Elle a été ensuite repêchée par le New York Liberty de la Women’s National Basketball Association/WNBA), elle fait aujourd’hui le bonheur des « Sky de Chicago » (WNBA).

De ses débuts en sélection nationale des jeunes en 2017 à aujourd’hui, Sika n’a pas cessé d’impressionner les observateurs au point de se faire surnommer la « double menace». Elle est surtout entrée dans l’histoire à l’occasion de la Coupe du monde de basket-ball féminin U19 2021, en Hongrie, en offrant à une nation africaine sa toute première demi-finale. Elle avait naturellement figuré dans l’équipe type du tournoi après avoir été la « Meilleure marqueuse » avec 19,7 points par match et 14,8 rebonds. Quelques mois plus tard, Sika Koné avait joué un rôle déterminant dans la seconde place du pays à l’Afrobasket féminin 2021 au Cameroun. Même si elle n’est pas capitaine, elle est arrivée à Kigali en vrai leader d’un groupe essentiellement constitué de joueuses de sa génération.

L’internationale a été appelée pour la première fois, pour le championnat d’Afrique U16 en 2017. Et depuis la prometteuse basketteuse a tracé sa voie en s’appuyant sur ses atouts qui, comme le soulignent les observateurs, sont sa taille (1,93 m), sa force et sa percutante vitesse qui lui ont aidé à maintenir le Mali sur le toit de l’Afrique chez les U16 et les U18.

Toujours en 2017, à 15 ans, Sika a quitté sa famille en acceptant une bourse grâce au basket à la « Canterbury School of Gran Canaria » en Espagne. Elle a par la suite signé à Gran Canaria et fait ses débuts dans le championnat espagnol, la Liga Femenina Endesa, en 2021-2022. Cette première saison lui a permis de se mettre immédiatement en valeur comme un talent pur promis à une brillante carrière professionnelle. Elle a en effet été la meilleure rebondeuse avec 15,3 prises par match. Tout comme sa fascinante adresse à trois-points lui a aussi permis de boucler la saison avec une moyenne de 15,5 points. Toujours sur une courbe ascendante, Sika a même été considérée par la FIBA comme «la meilleure joueuse d’Afrique, avec le potentiel d’être une des meilleures de l’histoire à venir de ce continent ».

« Quand j’ai entendu ça, je me sentais bien… Quand les gens me disent : je t’aime, j’aime comment tu joues, cela me rend heureuse et me donne envie de travailler encore plus dur. Je sais ce que je veux et je ne l’ai pas encore atteint », avait-elle réagi. « J’ai toujours l’impression que je dois en faire plus… Je n’y suis pas encore. J’ai encore beaucoup de progrès à faire dans mon jeu », avait ajouté la talentueuse joueuse qui ne se ménage jamais pour toujours être la meilleure. Et cela tout en nourrissant le rêve de jouer un jour en WNBA. Un rêve devenu aujourd’hui réalité. En avril 2022, elle a été l’ultime choix du New York Liberty à la draft. Aujourd’hui, avec les Sky de Chicago, elle veut régner sur le championnat professionnel féminin des Etats-Unis.

« Mon rêve n’est pas seulement de jouer en WNBA… Être draftée est une chose, mais je dois continuer de travailler dur pour rejoindre l’équipe. Je veux y aller, y rester et m’adapter pour réaliser de grandes choses avec l’équipe », avait alors déclaré celle qui est la 5ème joueuse malienne à évoluer en WNBA. Un rêve de sa maman malheureusement décédée avant qu’il ne se réalise. La douleur de cette perte est devenue de nos jours une source de motivation pour Sika Koné déterminée à marquer l’histoire du basket-ball féminin malien, africain voire mondial. « Je veux continuer de faire ce que j’ai à faire pour la rendre fière. Je veux faire de grandes choses et améliorer mon jeu pour garder son nom en vie », se promet-elle en évoquant le souvenir de sa mère.

A l’image de son idole, la polyvalente Candace Parker (joueuse américaine de basket-ball, double championne WNBA et double championne olympique) Sika ne manque pas d’atouts et de volonté pour entrer dans l’histoire comme la meilleure basketteuse malienne de tous les temps !

M.B

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