ASSIA BOUCARY MAÏGA, UNE PLUME REDOUTABLE ET UN LANGAGE TRANCHANT CONTRE LA MISOGYNIE

Née un 27 Avril 1983 à Baguinéda,  dans la région de Koulikoro, Assia Boucary Maïga est titulaire d’un Master 2 en Journalisme-Communication, obtenu à l’Ecole Supérieure de Technologie et du Management (ESTM) Bamako. Elle a une Licence en Gestion des Entreprises obtenue à l’École Supérieure du Commerce (ESC)  Mali et une Maîtrise en Anglais Unilingue de la Faculté des Lettres Langues Arts et Sciences humaines (FLASH) de Bamako. Assia Boucary Maïga est polyglotte et parle Sonrhaï, Bambara, Anglais et Français.

NYELENI Magazine: Qui est Assia Boucary Maïga ?

Assia Boucary Maïga: Je suis d’abord une femme divorcée et mère d’un petit garçon, une femme révoltée contre les normes et le conformisme. Indocile et indomptable face à l’hypocrisie de la société toujours prête à critiquer juger et condamner spécialement quand il s’agit des femmes, mais éternellement absente lorsqu’il s’agit de faire le bien. Je suis cette femme analyste qui rejette violemment et catégoriquement la méchanceté humaine, dont j’ai tant souffert au point où je reste tranquillement à l’écart des personnes destructives. Je suis une profonde analyste qui déteste l’injustice sous toutes ses formes. Je suis celle qui a connu le traumatisme dans toute sa monstruosité en partenariat avec une effroyable misère. Je suis une écrivaine à la plume redoutable, au langage tranchant, je suis une femme qui n’éprouve aucune pitié pour les esprits misogynes. Pour couronner le tout, certains pensent que je suis folle et j’aime bien cela, tant que je demeurerai à l’abri des sournois, car vivre en marge de la société a ses conséquences aussi, et je les assume ! Malgré ma supposée folie ; même celles et ceux qui ne m’aiment pas savent que je suis une femme excessivement généreuse, chaleureuse, sincère et honnête qui sait partager, chérir et sacrifier jusqu’à sa vie pour les personnes qu’elle porte dans le cœur.

NYELENI Magazine: Vous êtes membre du Réseau des femmes écrivains, quels sont vos ouvrages déjà publiés ?

Assia Boucary Maïga: Pour l’instant je suis à ma première œuvre éditée en janvier 2021 et intitulée « Quand la Pureté Engendre l’Ordure ».  Elle comporte 6 chapitres très engagés et qui ne font aucun cadeau aux Dealers qui nous servent de Leaders Africains. Cet ouvrage est aussi un éveil de conscience pour le peuple Africain laxiste devant les immondices de ses dirigeants, un ras le bol envers l’Occident et plus particulièrement la France, qui nous exploite jusqu’à la moelle épinière en complicité avec nos responsables qui leur donnent carte blanche pour nous dépouiller et nous déposséder de tout. A côté de cela je lance un appel aux chasseurs d’albinos, car ces albinos sont des êtres humains comme nous, mais qui souffrent d’un manque de mélanine qui leur fragilise la vue et les expose aux différents cancers de la peau. Je touche aussi du doigt le couple « Islam Terrorisme ; la mort de Kadhafi et la Réplique farouche adressée à Nicolas Sarkozy » pour ne citer que ces facteurs.

NYELENI Magazine: Vous avez été la Coordinatrice du projet « Joint Learning Network (JLN) de la Banque Mondiale » en quoi consistait ce projet ?

Assia Boucary Maïga: Le Réseau d’Apprentissage Collaboratif pour la Couverture Santé Universelle ou (Joint Learning Network for Universal Health Coverage JLN) est une plate-forme de communication ayant à son actif 34 pays membres à travers le monde. Son but ultime, c’est d’atteindre plus de 3 Milliards de personnes d’ici 2030. Ce réseau regorge de brillants spécialistes du domaine de la santé qui communiquent via le partage des expériences ainsi que des webinaires et des réunions mondiales. Le JLN a été créé par la Fondation ROCKEFELLER et soutenu par le Groupe de la Banque Mondiale, la Fondation BILL & MELINDA GATES, la Société Allemande pour la Coopération Internationale (GIZ), le Gouvernement du JAPON (via le programme de partenariat Japon-Banque Mondiale), les institutions coréennes (Institut Coréen de développement, Service d’Assurance Maladie et Service d’Examen et d’Evaluation de l’Assurance Maladie), Organisation Mondiale de la Santé, l’USAID, GLOBAL FINANCING FACILITY ou Mécanisme de Financement Global… Et moi j’étais la Principale Intermédiaire entre le Comité JLN de la Banque Mondiale Washington et l’Etat du Mali à travers le Groupe de Base Pays « GBP » qui était constitué de tous les acteurs œuvrant pour la Couverture Santé Universelle « CSU » au Mali.

NYELENI Magazine: Vous avez aussi travaillé dans le projet Keneya jemu kan de l’USAID au Mali, quel était votre rôle dans ledit projet ?

Assia Boucary Maïga: C’est à travers le projet Keneya Jemu Kan « KJK » que l’USAID m’a recrutée pour être l’Assistante Technique de l’ensemble des Partenaires Techniques et Financiers « PTF » qui œuvrent dans le domaine de la santé au Mali. Mon rôle consistait donc à gérer avec ma coéquipière, le secrétariat des réunions mensuelles du Groupe des Partenaires Techniques et Financiers GPTF tels que: l’USAID, les Ambassades de France, du Canada et des Pays Bas ; la Délégation de l’Union Européenne ; la Coopération Espagnole ; CDC ; PAM ; OMS ; UNICEF ; UNFPA ; Banque Mondiale ONUSIDA ; MSI ; Expertise France ; AFD, ECHO ; le Secrétariat Exécutif/Haut Conseil National de Lutte contre le Sida du Mali, ALIMA, AECID, SWISS TPA/LFA, ONU FEMMES… A côté de cela, j’assurais la Préparation des documents de travail des réunions (liste de présence, rapports d’études, comptes rendus, courriers d’invitation, agenda de réunion, supports de discussion). Je faisais également la rédaction des comptes rendus des réunions, la préparation des présentations power point des facilitateurs, la création des canevas de travail, des matrices et des tableaux de suivi des diligences.

Je rédigeais les correspondances du GPTF avec ses partenaires en gérant la préparation des réunions, la rédaction des discours du coordonnateur du Groupe des Partenaires Techniques et Financiers. Je faisais aussi la liaison avec les médias au compte du projet USAID/Keneya Jemu Kan et du Groupe des Partenaires Techniques et Financiers. Je m’occupais de la rédaction des commentaires sur les documents de discussion (TDR, études, rapports…) Je représentais le coordonnateur aux rencontres de concertation avec le Ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique (MSHP). J’assurais la Planification mensuelle des activités et rapportage mensuel. Je représentais l’USAID aux réunions hebdomadaires des partenaires, des sous-groupes techniques VIH/SIDA, des Cluster éducation et Cluster nutrition. Je réalisais aussi la préparation des rencontres du Groupe des Partenaires Techniques et Financiers et toute autre rencontre demandée par l’USAID (envoi des invitations, réservation de salle, distribution de la documentation…)

NYELENI Magazine: parlez-nous de votre séjour au Burkina Faso ?

Assia Boucary Maïga: Je suis allée au Burkina Faso dans un cadre professionnel et j’étais la Responsable Commerciale d’un Restaurant Marocain de très Haut Standing situé à Ouaga 2000. Dans un pays étranger, sans carnet d’adresses et à la phase de lancement de la société, mon rôle consistait à faire connaitre la structure, lui apporter une importante clientèle, booster le chiffre d’affaire  via une stratégie efficace de Marketing- Communication. Dans un but Conatif, Cognitif et Affectif, mes journées étaient dédiées aux rendez-vous avec d’importantes entreprises et personnalités de la place, afin de leur proposer les différents produits et services. C’est aussi un pays que j’aime beaucoup parce que je m’y sentais comme chez moi au Mali. Les Burkinabès sont certes réservés mais très polis. La vie y est beaucoup moins chère et les personnes moins hypocrites. Le plus beau cadeau de ma vie « mon fils » est né  là-bas d’un père Burkinabè.

NYELENI Magazine: Pour vous, quels sont aujourd’hui, les obstacles à l’égalité du genre au Mali ?

Assia Boucary Maïga: Quelles que soient les raisons évoquées par celles qui font porter le chapeau aux hommes ou autres, moi je demeure convaincue que l’unique obstacle majeur à l’égalité du genre au Mali demeure le regard de la société composée majoritairement de femmes. Quel paradoxe non ? C’est nous les femmes qui jugeons mal nos sœurs divorcées ou célibataires, c’est nous qui nous donnons des sobriquets, c’est encore nous qui jalousons celles qui réussissent, c’est nous qui pendons celles qui pour se sauver la peau décident de prendre leur vie en main. C’est la femme qui est l’ennemie de la femme et je suis désolée de le dire de manière aussi crue. La preuve irréfutable de cette ségrégation commence en famille avec des femmes « nos mères », qui tuent le génie de la petite fille en lui inculquant le rôle de femme au foyer.

NYELENI Magazine : Comment cela ?

Assia Boucary Maïga : Pendant que son frère est éduqué pour être un Leader ou même un féodal, apprend tranquillement ses leçons, à elle on ordonne d’aller préparer le diner, ou laver ses frères. Le petit garçon sait déjà que lui n’a pas d’autres choix que de réussir et la fille elle est programmée à servir et être entretenue par son futur époux. Et pour cela, on lui apprend à être soumise et serviable, à baisser les yeux lorsque son maitre ou mari parle, à adoucir la voix, à contrôler ses émotions, ses pulsions, à prendre tout sur elle, à accepter coups et blessures, à ne jamais confier ses peines, à être une loque vide de sentiments et d’émotion. Et si par malheur, après toute cette éducation servile, elle ose revenir chez ses parents parce que battue ou humiliée par son mari, c’est là qu’elle verra le véritable enfer, c’est là qu’elle se demandera si elle n’a pas été adoptée. Sa mère lui fera savoir qu’elle a vécu pire, mais elle n’en est pas morte et que l’avenir de ses progénitures est relié au degré de souffrance qu’elle sera capable d’endurer. Son père menacera de la déshériter, ses frères et sœurs vont voir en elle la honte de leur famille, les voisins vont la montrer du doigt, même les enfants vont se moquer d’elle. Voilà pourquoi des milliers de femmes au Mali préfèrent mourir de chagrin, de maladies cardio-vasculaires, d’empoisonnement, par suicide ou même finir égorgées, éventrées ou calcinées par leurs bourreaux au lieu de divorcer. Après la tragédie, ce sont les mêmes parents et voisins qui viendront dire qu’elles devaient partir à temps.

NYELENI Magazine: Le 6 février était la journée internationale « Tolérance zéro ». Une des violences faites aux femmes est l’excision, que pensez-vous de cela ?

Assia Boucary Maïga: Je suis une femme excisée mais qui jouit à mille pour cent de sa potentialité sexuelle sur tous les plans. Donc je suis normalement mal placée pour critiquer l’excision. Je connais également des femmes très frigides mais qui n’ont jamais été excisées eh oui ! En revanche j’ai aussi vu beaucoup de femmes qui ont une sexualité épouvantable à cause de l’excision et souvent même des complications lors de l’accouchement. C’est donc cela qui me pousse à dire stop à cette pratique qui est avant tout une torture psychologique. J’ai été excisée à l’âge de 9ans et je me souviens encore de la douleur pendant que celle de l’enfantement s’oublie facilement. Donnons aux femmes la liberté de jouir de leur corps, car c’est leur droit le plus absolu. Une vie sans sexualité épanouie est une vie fade.

 NYELENI Magazine: Quels conseils pour la jeune génération?

Assia Boucary Maïga: La jeune génération se doit d’être battante et indépendante ! Aujourd’hui on te respecte pour deux choses : Ce que tu as dans la tête et ce que tu as dans la poche.

Les deux passent par un sacrifice sans précédent, car il faut accepter de souffrir en étudiant ou en travaillant de quelle que manière que ce soit. Le but, c’est d’être autonome dans la dignité ! Les femmes ne doivent plus se laisser chosifier car elles ont tous les attributs pour sortir de cette domination servile. Respectons nos maris oui, mais faisons nous respecter aussi car nous méritons bien cela !

Propos recueillis par Maïmouna TRAORÉ

 

 

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