L’hôtel TITI de Fana à 120km de Bamako, a servi de cadre du 12 au 14 juin à la tenue de l’atelier de renforcement des capacités des femmes influentes du Mali sur la paix, le pardon, la réconciliation, la cohésion sociale et la résilience. Elles étaient vingt-cinq (25) femmes issues de différentes communautés et regroupements associatifs. L’activité était présidée par Mme Kéïta Fatoumata Kéïta, Présidente de l’Union des femmes des communautés culturelles pour la paix au Mali (UFCPM).
Pendant trois jours, l’UFCPM, avec l’accompagnement de l’Aide à l’Eglise Norvégienne, a fait venir vingt-cinq femmes, de toutes les régions du Mali y compris le District de Bamako pour un renforcement de capacités sur les concepts clés : paix, pardon, réconciliation, cohésion sociale, résilience. Le thème de la rencontre était : « Les femmes s’engagent dans un partenariat pour le retour de la paix et de la cohésion sociale ». L’objectif global de cette rencontre d’avoir une compréhension partagée des concepts clés et leur appropriation par les femmes influentes, afin de pourvoir former d’autres et entreprendre des actions pour la paix. L’activité était présidée par la présidente des femmes influentes du Mali, Mme présidée par Mme Keita Fatoumata Keita.
Les thématiques abordées sont entre autres : Violence, conflit, paix, cohésion sociale, pardon, réconciliation, pour le premier jour. Au 2è jour, les modules sur l’escalade du conflit, les stratégies de gestion des conflits, la pyramide de la haine, les stratégies pour réagir contre les discours de haine. Le dernier jour les modules traités ont été sur femmes, paix, et sécurité (Résolution 1325 des Nations Unies), l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali. A la sortie des travaux, la satisfaction était perceptible du côté des participantes. Quelques témoignages.
Mme SAGARA, BINTOU MAÏGA, PRÉSIDENTE DE LA COORDINATION NATIONALE DES VICTIMES DE LA CRISE
« Cet atelier nous a beaucoup apporté, ce pays a besoin des femmes, elles sont le socle de la nation. On a besoin de se donner la main, chaque formation est une nouvelle expérience, mais cela a une importance capitale pour le développement de notre pays. Que toutes les femmes leaders, se retrouvent à Fana, est initié pour nous outiller, afin d’instaurer surtout la paix entre tous les fils de ce pays. La formation était à hauteur de souhaits, les formateurs étaient patients et attentifs à nos demandes et à nos craintes. A la suite de cet atelier, nous allons restituer à nos membres, moi personnellement, je suis la présidente de plus trois mille (3000) associations. Le message sera transmis auprès de nos différents points focaux. »
FATOUMATA COULIBALY ASSOCIATION NIASIGITON DE KAYES SIGIDIYA
« J’ai beaucoup appris de cet atelier, j’ignorais beaucoup de choses sur la paix et tout ce qu’on peut faire pour son maintien, grâce à cette formation, nous saurons comment faire pour amener l’équilibre dans nos bases respectives. Aujourd’hui, nous les femmes de Kayes, nous soutenons un idéal qui est de dénoncer tout acte qui pourra freiner, ou arrêter notre équilibre social. Sinon l’insécurité a un peu touché le pays même au Sud, mais quand les femmes se donnent la main tout est possible, pour un Mali meilleur. »
ALZOUHARATA TOURÉ, PRÉSIDENTE DE LA COMMISSION DE LA PROMOTION DE LA FEMME, DE LA FAMILLE ET DE L’ENFANT DE IR-GANDA (Association des communautés de culture Songhoy en Mouvement)
« Cette formation m’a beaucoup apporté, j’ai compris que nous devons pardonner, pardonner à ceux qui nous ont causé du tort. Nous devons nous unir pour vaincre le mal, grâce à l’union, les hommes peuvent faire beaucoup de choses, cette paix dont nous rêvons, est possible avec les femmes, car si elles arrivent à inculquer un esprit de paix à leur mari et à leurs fils, je suis convaincue que cette crise prendra fin. Les femmes ont répondu à cette formation et puis, elles sont toutes des battantes, elles jouent un grand rôle dans leur localité, donc leur contribution sera constructive pour la sécurité, la paix et la cohésion sociale dans notre pays. Nous devons savoir que nous pouvons traiter à l’amiable tous nos malentendus, sans passer par les tribunaux. Chaque femme doit veiller sur son foyer, sa communauté et son pays. Si tous ceux-ci fonctionnent bien, je pense que même nos enfants seront bien éduqués. C’est à travers cela que le pays sera en harmonie. »
FATIMETOU W. ATAHI, PRÉSIDENTE DE L’ASSOCIATION DES FEMMES DÉPLACÉES DU NORD A FANA
« Cet atelier m’a permis de comprendre que si les femmes se donnent la main, tout sera possible. La paix, c’est de cela que nous avons besoin, rien ne vaut la paix. Nous sommes une cinquantaine de famille déplacés à Fana, la crise a fait des déplacés, si le conflit n’avait pas existé, nous ne serions pas loin de nos localités d’origine. Avant Fana, j’étais au Burkina Faso dans un camp de réfugié. La crise a fait de nous des déplacés dans notre pays d’origine. Donc on doit se pardonner, pour retrouver notre pays jadis. »
Mme COULIBALY NOUSSOURA TRAORÉ, TRÉSORIÈRE DE L’ASSOCIATION MALIENNE POUR L’INTÉGRATION (AMIRA) RÉGIONALE
«Grâce à cette formation, j’ai connu d’autres participantes venues de diverses régions du Mali. J’ai beaucoup appris, les formateurs ont été à la hauteur des souhaits. Compte tenu de l’importance des modules enseignés, on doit se faire le devoir de restituer à nos membres, qui n’ont pas eu la chance de participer à l’atelier. Nos dirigeants devront être attentifs à la population, surtout avec la justice, rendre la justice pour que chacun connaisse son tort, afin d’harmoniser la société. Cette formation est un signe de paix, toutes ces femmes aspirent à la paix, ce qui explique leur présence ici, elles sont venues de Kidal, Tombouctou, Mopti, Bandiagara, Kayes… etc. »
Mme DIARRA DJÉNÉBOU KÉÏTA, PRÉSIDENTE DES FEMMES DE L’ORTM ET MEMBRE DE L’UFCPM
« Au tout début, nous avons fait connaissances c’était le plus important, parce qu’il y a des gens qui viennent de Kidal, Tombouctou, Gao, Kayes… nous nous sommes retrouvées ici, le plus important, on tisse des liens d’amitié et de travail, on ne sera plus des inconnues les unes pour les autres. Ensuite, nous sommes venues travailler, il faut qu’on sache pourquoi nous sommes là, c’est ce qui nous a été expliqué le premier jour, il faut qu’on le comprenne, avant de parler d’entente, il faut savoir ce qui favorise l’entente. On a fait des travaux de groupe pour que chacune donne son avis et ceux qui nous ont formés inscrivaient nos avis afin de les transmettre à nos partenaires Je suis membre de l’UFCPM, mais je suis aussi présidente d’une association, à cela s’ajoute celle de LORTM, si Dieu le veut, je ferais une restitution, je vais apprendre aux femmes, tout ce que j’ai appris c’est ce qu’on appelle la formation des formateurs. A toutes les femmes maliennes, je dis qu’il n’y a rien de mieux que l’entente
Mme NAHAWA HAÏDARA, MEMBRE DE L’UFCPM ET PRÉSIDENTE DE PLUSIEURS ASSOCIATIONS
« Cette rencontre de trois jours, nous a vraiment plu, comme les savants le disent «si tu aides une femme, tu aides un foyer, la nation et le monde entier ». On s’est regroupé au sein de l’UFCPM grâce à Fatoumata KEITA, qui est la présidente, à qui je passe le bonjour; qui a fait que nous soyons là. Tout le monde sait que le regroupement des femmes n’est pas chose facile, mais nous n’avons eu aucun problème Alhamdoulilah. Dieu faisant bien les choses, nous avons eu un partenariat avec l’aide à l’Église norvégienne que je salue, qui nous a aidé à faire ce travail. On ne peut pas parler d’entente sans l’implication les femmes, on cherche à ce que le gouvernement nous donne une place, pour qu’on puisse pleinement jouer notre rôle. On a échangé et donné nos avis, pour parler d’entente et pour qu’elle puisse régner au Mali. Nous remercions Dieu et le fait que nous soyons là aujourd’hui. Après cette rencontre je vais rassembler les membres de mon association et partager ce que j’ai appris, car je ne peux pas le garder pour moi seule, je dois en faire bénéficier d’autres personnes, pour qu’on puisse s’entraider, c’est ce dont la nation a besoin, car personne ne viendra développer le MALI, pour nous. Si on ne le fait pas, les autres nations se moqueront de nous. Toutes les femmes doivent être une pour pouvoir participer au redressement de la nation, c’est le message que j’ai à passer.
Mme TOGO KADIDIA GUINDO, PRÉSIDENTE DE LA COMMISSION DE FEMMES DE GUINA DOGON
« Ce que j’ai compris c’est qu’il n’y a rien de mieux que la paix. On nous a montré comment chercher la paix, quand un conflit arrive, comment le régler traditionnellement, le vivre ensemble, j’ai appris beaucoup de choses. En quittant ici, je vais sensibiliser les autres, qu’on arrête de se faire la guerre, il faut qu’on se pardonne, sans pardon il n’y a pas de paix et sans paix, pas de développement. Pour que la paix revienne , le gouvernement doit faire confiance aux femmes, comme on dit chez les Bamanan, que «la nuit porte conseil».
Mme DIAWARA MOUSSOCOURA DAOU, COORDINATION RÉGIONALE DE LA SOCIÉTÉ CIVILE DE MOPTI
« On s’est réuni ici, pour parler de paix, de cohésion et de solidarité, pour mettre fin à cette guerre. Pendant trois jours, nous avons eu des connaissances et des outils pour nous aider à mettre à prévenir et mettre fin à la guerre. Vraiment, moi je suis contente, quand tu formes une femme, tu as formé une famille, une communauté, un pays. Nous venons de différents regroupements, si au retour, chacune rendait compte, ce serait comme si toutes les autres femmes étaient à cette rencontre. Mon grand souhait, c’est la fin de cette guerre, nous sommes de la même famille, où il y a des liens de mariage entre nous. A ceux qui ont la charge du pays aujourd’hui, je dirai qu’il faut rassembler tous les fils et filles du pays. Cela n’a pas de sens qu’on prenne les armes les uns contre les autres. Le Mali d’avant, c’était la paix, la cohésion, l’entente et l’autosuffisance alimentaire.»
Mme PONZIO NICOLE SIDIBÉ, MEMBRE DE L’UFCPM
Les femmes des communautés culturelles pour la paix, nous avons ensemble organisé cet atelier pour renforcer la capacité de certaines femmes influentes de Bamako et d’autres régions (Kayes, Tombouctou, Gao, Kidal, Mopti et Bandiagara, sur des concepts clés. Nous, on a dit que nous sommes une union pour la paix au Mali, donc ,on a pris cette initiative de réunir ces femmes, pour qu’on parle un même langage. C’est pour que tout le monde soit d’accord, sur ce qu’est la réconciliation nationale, la cohésion sociale et la résilience. C’était aussi une occasion, pour nous de parler de la Résolution 1325 et de l’Accord d’Alger, pour la paix. L’atelier a atteint ses objectifs, parce que les femmes qui sont concernées étaient très enthousiastes et très disponibles pour apprendre. A la sortie de cet atelier, nous avons donc, un plan d’action qui sera exécuté par ces femmes sur le terrain, parce que, quand on dit communauté, il y a le haut et la base, donc, c’est pour atteindre la base, voilà un peu, ce que je peux dire concernant cet atelier.
On a beaucoup de bailleurs qui sont là, tout le monde s’impliquent, parce que, les femmes sont les promotrices, sinon les actrices de la paix, que ce soit dans la famille, la communauté, la paix passe toujours par la femme. Quand il y a des histoires, la femme est toujours au début, au milieu et à la fin. Les femmes doivent être renforcées au maximum, il y a des choses qui se passent, il faut que les gens arrivent à en parler, à extérioriser. Pour aller à la réconciliation, il faut que les gens se parlent, se pardonnent, quand on n’en parle pas, comme il est dit, c’est difficile de cicatriser quand il y a une plaie en dessous. Il est donc important que les gens se parlent et aillent au pardon, pour se faire, les ateliers de ce genre sont nécessaires et indispensables pour que nous allions à la paix. Je remercie le gouvernement, pour tout ce qui a été fait, mais il y a beaucoup d’autre choses à faire encore. Nous souhaiterions que tout ce qui est dit, pris comme engagement soit vraiment traduit en actes concrets.
Mady TOUNKARA