VBG : L’HISTOIRE D’UN HARCÈLEMENT SEXUEL QU’ON VEUT TOURNER EN DIFFAMATION

Une jeune géologue malienne est victime d’harcèlement sexuel et de discrimination depuis neuf (9) ans, à son lieu de travail, dans une société minière canadienne au Mali. Pour avoir dans une émission, parlé de son calvaire, Mme Khadidiatou N’diaye se voit assignée en justice pour diffamation. Le WILDAF Mali dont la Présidente est Mme Bouaré Bintou Founé Samaké, défenseure des droits des femmes et ex-ministre de la Promotion des Femmes, de l’Enfant et de la Famille, soutient la victime. C’est ainsi que son organisation a appelé les défenseurs-res des droits humains et les médias ce 28 janvier 2023, à une conférence de presse sur la liberté d’expression des victimes de violences basées sur le genre au Centre Awa Keita.

L’objectif était d’informer l’opinion nationale et internationale de la situation de Madame Khadidiatou NDIAYE, victime de harcèlement et d’intimidation venant de la société Minière de Loulou. Le 23 Octobre 2022, à la suite d’un long processus pour se faire entendre et mettre fin au harcèlement sexuel et à la discrimination dont elle a été victime au sein de la SOMILO, Madame Khadidiatou N’DIAYE a brisé l’Omerta en faisant un témoignage sur la chaine de télévision Africable. SOMILO représentant la société BARRICK du Canada.

Pour la Présidente de Wildaf Mali, Mme Bouaré Bintou Founé Samaké, « avant cette émission, c’est l’ORTM qui nous avait demandé de nous associer avec elle pour animer une émission sur le harcèlement sexuel en milieu du travail. Nous avons produit les personnes ressources, moi-même, j’étais une personne ressource. Malheureusement, quelqu’un a eu vent que cet enregistrement allait être diffusé. La mine a appelé l’ORTM pour que l’émission ne soit pas diffusée. Et cette émission n’a jamais été diffusée. Vous pouvez le dire partout où vous voulez. »

La question qu’elle sait posée est la suivante : Pourquoi une structure ordonne à un média d’État de ne pas diffuser une émission ?

Ainsi, le Wildaf a demandé à participer à l’émission « Femmes capables » de la chaîne de télévision Africable. C’est après cette émission que la structure a aussi demandé un droit de réponse qui lui a été accordé par la chaine., Selon Mme Bouaré « Quand on a voulu avoir l’enregistrement, on nous a dit que la structure est venue prendre tout, même l’élément sur Facebook a été désactivé ».

Selon ses explications « La société minière a trouvé qu’on est venu les diffamer sur le plateau de la chaîne Africable. Le jeudi passé, on était devant la justice pour venir statuer sur l’audience qui va fixer le procès. Si on poursuit l’animatrice, la chaîne de télévision et la victime, ça veut dire que personne n’a le droit de venir s’exprimer » a-t-elle ajouté.

Pourquoi, ce besoin de vouloir tout effacer lorsqu’on n’a rien à se reprocher ?

L’objectif pour la Présidente de Wildaf « Est de nous faire peur et taire, nous empêcher de nous faire entendre. La liberté d’expression est un droit constitutionnel acquis chèrement. Il faut démanteler toutes ces structures. Il ne faudra pas donner l’élan à ces gens de continuer. On doit permettre aux femmes et aux hommes de pouvoir travailler dans la tranquillité d’esprit et de corps. Nous allons chercher des appuis pour démanteler ce système, quand on a parlé de Dubaï les gens ont crié, mais Dubaï est à nos portes ici ».

Pour ceux qui pensent qu’elle n’a pas de preuves, Mme Bouaré répond « Quand nous avançons avec une personne, on se rassure qu’elle a des preuves et des arguments. Nous sommes en train de travailler avec des avocats qui analysent les preuves. Il y a des enregistrements audio, des messages et beaucoup d’autres documents. Elle a fait appel à des personnes pour l’aider. ».

En conclusion, « Nous voulons simplement que Kadiatou soit reconnue comme une victime et qu’elle puisse entrer dans ses droits, elle a le droit d’être protégée. Elle a le droit à ce qu’on puisse la sauvegarder. Le représentant de la mine dit que Kadiatou a demandé 450 millions. Son honneur et sa dignité valent mieux que ces 450 millions. Je crois qu’on devait taire ce texte et négocier, mais on veut bafouer sa dignité. Vous avez commis une faute, il faut reconnaitre votre erreur et ne pas persister dans la bêtise » a-t-elle dit

Les organisations de la société civile défendant les droits des femmes estiment que cette plainte est une manière d’intimider les victimes pour les réduire au silence mais aussi de museler la presse à ne plus amplifier la voix des victimes et étouffer les nombreuses forfaitures au sein de l’entreprise. Le procès est prévu pour le 2 février au tribunal de la Commune VI. En attendant, elles déclarent :

« Réaffirmons notre droit à la liberté d’expression qui est un droit constitutionnel ;

Opposons à toute institutionnalisation et systématisation du harcèlement au travail ;

Dénonçons ce système au sein duquel Madame Khadidiatou N’Diaye a été victime :

Dénonçons les multiples tentatives pour faire peur, réduire au silence et écraser la victime ;

Lançons un appel à nos plus hautes autorités, pour nous accompagner à démanteler le mécanisme de harcèlement systématique au travail afin que les hommes et les femmes puissent travailler dans la tranquillité d’esprit et de corps au bénéfice du peuple malien ;

Rappelons une fois encore que l’or du Mali ne doit pas être exploité sur le corps des femmes du Mali Enfin, nos organisations sont déterminées à accompagner la victime et d’autres potentielles victimes de ces pratiques attentatoires à la dignité de la femme ».

Mady TOUNKARA

 

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