VIOLENCES BASÉES SUR LE GENRE : LES VICTIMES DE LA « PANDEMIE DANS L’OMBRE » SE MULTIPLIENT AU MALI

 La campagne des 16 jours d’activisme contre la violence basée sur le genre (VBG) a été officiellement lancée jeudi dernier (25 novembre 2021) à Kangaba (région de Koulikoro) sur le thème national « La fin de la violence contre les femmes et les filles : une priorité pour le Mali, Je m’engage » ! Elle vise à renforcer la mobilisation et l’engagement des communautés, des décideurs pour l’abandon des violences faites aux femmes et aux filles. 

Un homme a été interpellé vendredi dernier (26 novembre 2021) par la police de Koulikoro car « soupçonné d’avoir tué sa femme dans la nuit du dimanche à lundi ». Nous sommes loin du fait divers classique car ces atteintes à la vie des compagnes et conjointes (et vice versa) sont devenues un véritable fléau dont les victimes sont de plus en plus nombreuses. De sources officielles, « plus de 7.700 cas de violences faites aux femmes ont été enregistrées entre janvier et octobre » de cette année ».

D’où l’engagement des autorités maliennes et de la communauté internationale à le combattre à travers la campagne des 16 jours d’activisme lancée vendredi dernier à Kangaba (Koulikoro). L’objectif recherché étant de renforcer la mobilisation et l’engagement des communautés, des décideurs pour l’abandon des violences faites aux femmes et aux filles.

Deux dates importantes marquent le début et la fin de la campagne. Il s’agit du 25 novembre qui marque la célébration de la « Journée internationale pour l’élimination de la violence contre les femmes » et du 10 décembre qui est la « Journée internationale des droits de l’Homme ». Selon la ministre de la Promotion de la Femme de l’Enfant et de la Famille, Mme Wadidié Founé Coulibaly, une femme sur trois au niveau mondial est victime de violence physique au cours de son existence. Citant l’Enquête Démographique et de Santé du Mali (EDSM-VI 2018), elle a indiqué qu’au moins 45 % des femmes de 15 à 49 ans ont subi des actes de violence physique ou sexuelle ; environ la moitié des femmes (soit 49 %) de la même tranche, en union ou en rupture d’union, ont subi des violences émotionnelles, psychologiques, physiques et/ou sexuelles.

Ces chiffres témoignent de l’ampleur du phénomène. C’est pourquoi, elle a profité de l’occasion pour rappeler que l’autonomisation des femmes et l’égalité des sexes passent nécessairement par l’élimination de toutes les formes de violences à l’égard des femmes et des filles. Tout en appelant au bannissement des violences faites aux femmes, la ministre Wadidié Founé Coulibaly a rassuré les partenaires internationaux que le Mali honorera tous ses engagements à travers son département.

Appelée la « pandémie dans l’ombre » la VBG a un risque particulièrement élevé pour les femmes et les filles. C’est ce qu’a rappelé Mme Béatrice Eyong, Représentante de l’ONU/Femmes, représentante du coordonnateur résident du Système des Nations unies au Mali et des Partenaires techniques et financiers (PTF). D’où, a-t-elle insisté, l’urgence d’agir à travers des actions concrètes afin d’éliminer toutes les formes de violences à l’égard des femmes et des filles, particulièrement en cette période de COVID 19.

Pour sa part, le représentant de la délégation de l’Union Européenne au Mali s’est réjoui de la ratification par le Mali de tous les instruments internationaux. Toutefois, a déploré M. Bart Ouvry, «la discrimination à l’égard des femmes et des filles trouve encore une base légale au Mali à travers le code des personnes et de la famille… Ce qui n’est pas normal… A l’abri de ce Code, des pratiques néfastes se perpétuent telles que le mariage d’enfants ». Il a indiqué que les violences basées sur le genre constituent « un défi global qui requiert une réponse globale ».

«Et c’est donc la raison pour laquelle, l’Union Européenne s’associe aux Nations Unies pour lancer ensemble le programme Spotlight initiative. L’Union européenne apporte un montant sans précédent de 500 millions d’Euro pour l’élimination de toutes les formes de violences à l’égard des femmes et des filles dans le cadre de cet ambitieux programme », a conclu M. Ouvry.

A noter que la violence basée sur le genre est le terme générique employé pour désigner tout acte nuisible préjudiciable perpétré contre le gré d’une personne et qui est basée sur les différences entre homme et femme (genre). Les actes de VBG concernent tous les actes causant un préjudice ou des souffrances physiques, psychologiques ou sexuelles, la menace de tels actes, la contrainte et d’autres privations de liberté, que ce soit dans la sphère publique ou dans la sphère privée.

Moussa Bolly

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *