Mme DIOP Binta DIALLO, est la présidente de la Commission IV de la Documentation, de l’Audio-visuel et des Publications au sein du COMITÉ NATIONAL DU MALI (CNM) de la FONDATION FEMMES D’AFRIQUE et CULTURE-MÉMORIAL DE RUFISQUE (FAC-MR). Nous l’avons rencontré, pour qu’elle nous parle de la Fondation, de ses objectifs et l’atelier sur ‘Les dépenses ostentatoires lors des cérémonies sociales).
NYELENI Magazine : Parlez-nous de l’École normale des jeunes filles de l’AOF et de la création de la Fondation Femmes d’Afrique et Culture-Mémorial de Rufisque?
Mme Diop Binta Diallo : La fréquentation scolaire des filles en Afrique à l’époque coloniale était très faible et ne dépassait pas 1% de la population scolarisable alors que pour les garçons de plus gros efforts étaient faits. Ce n’est qu’à la veuille de la 2ème guerre mondiale que, pour favoriser l’éclosion de l’intelligence et les capacités créatives de la femme, qu’est née l’idée de la création d’une Ecole Normale de Jeunes Filles à Rufisque au Sénégal. Ainsi, l’École Normale de Rufisque/Sénégal a formé, de 1938 à 1956, plusieurs générations d’institutrices dont celle du Soudan Français (actuel Mali). Elles étaient originaires du Bénin, du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, du Cameroun, de la Guinée, du Soudan Français (actuel Mali), du Niger, du Sénégal, et du Togo. Ces premières institutrices du Mali ont assuré la formation de plusieurs générations d’enfants maliens. En plus de leurs fonctions professionnelles, elles ont participé aux luttes syndicales et politiques et à la construction du Mali. Dans le cadre de ces luttes, la délégation malienne (comprenant deux Rufisquoises) et les délégations des autres pays libres d’Afrique créèrent, le 31 juillet 1962, à Dar-es-Salam (Tanzanie) la Conférence des Femmes Africaines, précurseur de l’Organisation Panafricaine des Femmes. C’est en 1988, à l’occasion du centenaire de la création de l’École Normale de Jeunes Filles à Rufisque au Sénégal, que les anciennes normaliennes décidèrent de créer la Fondation Femmes d’Afrique et Culture–Mémorial de Rufisque (FAC-MR) le 10 mars 1992. Le siège de la Fondation se trouve au Sénégal.
NYELENI Magazine : Quelles sont ses objectifs ?
Mme Diop Binta Diallo : Les objectifs principaux sont la transmission intergénérationnelle, la pleine participation des femmes au développement de leur pays et leur participation active à l’œuvre d’intégration africaine.
NYELENI Magazine : Que fait en général le Comité national du Mali ?
Mme Diop Binta Diallo : Après la création de la Fondation, mandat fut donné à chaque pays de créer des comités nationaux. Celui du Mali, Comité National du Mali (CNM) fonctionne bien et nous avons mené comme activités : -Des expositions photos sur le parcours des Rufisquoises du Mali, -Plusieurs conférences débats sur le dialogue intergénérationnel, le genre et les femmes pionnières, -Reboisement de l’avenue Mar Diagne à Darsalam, siège de la FAC-MR/CNM, -Des activités d’éducation, de formation professionnelle, culturelle et artistique, -La mise en place d’un Fan’s Club constitué de jeunes filles engagées à véhiculer les idéaux de la FAC-MR au sein de la jeunesse malienne, -La réalisation et la publication d’ouvrages dont :
-la collection « Ma grand’mère m’a dit » dans le but d’assurer le passage du relais entre les générations pour la sauvegarde de nos valeurs culturelles et sociales sans lesquelles notre société ne peut regarder l’avenir avec espérances, ni vaincre la pauvreté,
-« Les Associations féminines du Mali », -Participations effectives aux activités du 8 mars et du 31 juillet,
-Participations effectives à toutes activités d’intérêt national (réformes politiques et sociales, Dialogue National Inclusif, Concertations Nationales), -Création d’une bibliothèque et d’une salle informatique,
-En partenariat avec l’ANPE (Agence Nationale Pour l’Emploi), réalisation de 4 projets pour des associations féminines : renforcement des capacités, création d’emplois, autonomisation économique de la femme,
-Atelier sur la loi Taubira et l’abolition de l’esclavage dans le monde pour restaurer la dignité humaine,
-Et aujourd’hui, journée commémorative du 31 juillet, nous organisons un « Atelier de Réflexion sur les Dépenses ostentatoires lors des cérémonies sociales »
NYELENI Magazine : Il Y a moins d’anciennes de Rufisque aujourd’hui, qui sont les membres actuels ?
Mme Diop Binta Diallo : La FAC-MR/CNM est ouvert à toute personne de bonne volonté œuvrant dans le sens de l’aboutissement des idéaux des membres fondatrices de la Fondation. Les enfants et petits-enfants des Rufisquoises, les anciennes lycéennes du Lycée de Jeunes Filles de Bamako formées par les élèves de l’École Normale de Rufisque et toutes les maliennes éprises de justice et de paix, travaillons main dans la main pour faire triompher la femme africaine en général et la femme malienne en particulier.
NYELENI Magazine : La paix est le fondement de tout, qu’a fait le Comité national pour le retour de la paix au Mali ?
Mme Diop Binta Diallo : S’il est invité, le CNM participe à toute action, toutes activités d’intérêt national allant dans le sens de trouver une paix durable dans notre pays (réformes politiques et sociales, Dialogue National Inclusif, Concertations Nationales). Dans ce cadre, nous avons organisé un atelier d’information et de sensibilisation sur la Résolution 1325/2000 sur Femmes, Paix et Sécurité, Résolution du Conseil de Sécurité des Nations Unies
NYELENI Magazine : Un des moyens pour que les femmes accèdent aux postes de décision est la loi 052 du 18 déc. 2015, quelles sont les actions menées pour pousser à l’application de cette loi et mieux sensibiliser les femmes elles-mêmes ?
Mme Diop Binta Diallo : Toujours dans le souci d’atteindre nos objectifs, le CNM de la FAC-MR a organisé un Atelier de réflexion et de plaidoyer sur la loi n° 2015-052 du 18 déc. 2015. Cet atelier a été initié pour permettre de réfléchir et de faire des recommandations sur les voies et moyens à envisager pour promouvoir le genre dans l’accès aux fonctions nominatives et électives.
NYELENI Magazine : A l’occasion de la Panafricaine des femmes (le 31 juillet de chaque année), la Fondation a prévu une conférence-débat sur « les dépenses ostentatoires lors des cérémonies », que visez-vous par cette activités ?
Mme Diop Binta Diallo : Contribuer à modérer les dépenses lors des cérémonies sociales (mariages, décès, baptêmes) comme Objectifs spécifiques : Analyser de façon approfondie la situation ; Redécouvrir nos repères perdus et nos valeurs ancestrales qui méritent d’être conservées ; Faire une adéquation entre nos valeurs ancestrales et les exigences de la vie moderne ; Réfléchir sur les voies et moyens à mettre en œuvre pour modérer les excès lors des cérémonies sociales (mariages, décès, baptêmes) ; Faire des recommandations susceptibles de nous réconcilier avec nos pratiques ancestrales positives ; Faire une large diffusion des recommandations issues des travaux ; Amener les femmes à revenir à nos valeurs.
NYELENI Magazine : Avez-vous un message spécial?
Mme Diop Binta Diallo : Avec nous la relève des Rufisquoises est à peu près assurée. Nous essayons tant bien que mal à tenir le flambeau et à atteindre les objectifs. A notre tour, faisons tout pour ne pas oublier ces objectifs à savoir la transmission intergénérationnelle, la pleine participation des femmes au développement de notre pays et leur participation active à l’œuvre d’intégration africaine. Et surtout faisons tout pour promouvoir la femme, la paix et l’unité de notre pays. A l’endroit des femmes, il faut se battre pour avoir droit de cité mais dans l’unité et la cohésion. A noter que la présidente actuelle de la FAC-MR est Mme KEITA Hawa THIERO, ancienne rufisquoise et faisant partie de la délégation malienne à Dar-es-Salam (Tanzanie). La délégation malienne et celles des autres pays libres d’Afrique créèrent, le 31 juillet 1962, la Conférence des Femmes Africaines, précurseur de l’Organisation Panafricaine des Femmes.
Propos recueillis par Maïmouna TRAORE