31 JUILLET, JOURNEE DE LA FEMME AFRICAINE, EDITION 2022

Ce 31 juillet 2022, est le 60è anniversaire de l’Organisation Panafricaine des Femmes (OPF). Le thème régional de ladite journée est «Femmes Africaines, actrices clés de sécurité alimentaire et Nutritionnelles»  et celui national est « Femmes Rurales Actrices clés de la sécurité alimentaire et Nutritionnelles». La célébration de la Panafricaine est un souvenir de la contribution des femmes d’Afrique aux luttes d’indépendance et une reconnaissance du rôle essentiel que jouent les femmes dans le développement du continent.

Cette journée est toujours célébrée sous la supervision du Ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille (MPFEF) et la coordination technique de l’OPF avec la collaboration des partenaires sociaux et l’appui des Partenaires Techniques et Financiers. Cette année, pas de festivités, l’heure est à la grande sensibilisation. Dans son discours pour la journée, lu sur l’ORTM, Madame WADIDIE Founè COULIBALY, ministre de la Promotion de la Femme de l’Enfant et de la Famille a souhaité à toutes les femmes du Mali, une excellente fête de 31juillet 2022, journée panafricaine des femmes. Elle a évoqué les deux thèmes, régional et national, avant d’annoncer que pour des raisons sécuritaires, il n’y aura pas de festivités, mais « le programme continu à travers les conférences débats, les émissions radio, les plantations d’arbres, le renforcement de capacité des femmes à travers la formation, les remises de matériels de production, la participation aux émissions télévisées à grande audience ».

La Vice-présidente de l’Organisation Panafricaine des Femmes de l’Afrique de l’Ouest (OPF), Mme Diallo Kama Sakiliba, a incité auprès des associations et ONG de femmes à plus de sensibilisation sur la thématique et le sens de la journée elle-même. Cette célébration permet aux gouvernements africains et à tous les acteurs du développement de faire le point des avancées en matière de promotion de la femme, d’identifier les obstacles et d’initier des actions pour accélérer l’autonomisation des femmes et le développement de l’Afrique. Ce thème de la sécurité alimentaire et nutritionnelle selon la note conceptuelle officielle repose sur l’aspiration I de « l’Agenda 2063 de l’Union Africaine qui préconise une Afrique prospère, fondée sur une croissance inclusive et un développement durable qui impliquerait des citoyens en bonne santé, bien nourris et ayant une longue espérance de vie,.. ». Au Mali, elle coïncide avec l’Axe stratégique I du « Cadre Stratégique pour la Croissance et le Développement Économique Durable (CREED) », à savoir, «Améliorer l’incidence des productions agricoles sur la disponibilité, la stabilité, l’accessibilité et l’utilisation des aliments pour ajuster durablement l’offre alimentaire à la demande des populations» (Politique Nationale de la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle de 2017).

L’IMPORTANCE DES FEMMES DANS LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE ET NUTRITIONNELLE

Mme Serebara de l’Association des femmes rurales/Photo d’illustration

Selon les estimations de l’ONU, dans le monde, les femmes produisent 60 à 80 % des aliments dans la plupart des pays en développement et sont responsables de la moitié de la production alimentaire. Les initiatives et les actions mises au point au niveau international depuis la Conférence mondiale sur la femme de Mexico (1975) ont contribué à mettre davantage en évidence, l’importante participation des femmes à l’Agriculture et aux autres domaines du développement.La FAO en 2016, a trouvé que plus de 37% de la main d’œuvre agricole rurale, un ratio qui passe à 48% dans les pays à faible revenu et à 80% dans les pays du Sahel. Elles représentent près de 50% des 600 millions de petits éleveurs de bétail dans le monde et environ la moitié de la main d’œuvre dans la pêche à petite échelle (OIT, 2020). Pourtant, leur travail, souvent informel et opéré dans le cadre familial, est rarement reconnu ou rémunéré comme tel.

C’est tout récemment que le rôle clé des femmes comme productrices et pourvoyeuses de vivres et leur contribution vitale à la sécurité alimentaire du foyer ont reçu toute l’attention qu’ils méritent.Les études de la FAO confirment que les femmes sont à la base de la petite agriculture, de la main-d’œuvre agricole et de la subsistance familiale quotidienne. Cependant, elles ont moins facilement accès que les hommes aux ressources telles que la terre, le crédit, les intrants et les services qui renforcent la productivité. Et selon son dernier rapport, 21 % de la population mondiale, soit 418 millions de personnes étaient sous-alimentées en 2020.

Au niveau régional, les femmes jouent un rôle central dans un large éventail d’activités qui sous-tendent la sécurité alimentaire et nutritionnelle. Elles sont le moteur de l’économie alimentaire et représentent la moitié de la main-d’œuvre. Elles dominent les segments non agricoles des chaînes de valeur alimentaires, y compris la transformation et la vente, ainsi que la restauration. Elles sont également des actrices importantes dans le commerce transfrontalier. Cependant, l’accès à des aliments abordables et nutritifs est hors de portée de nombreuses femmes et filles. Plus de 40 % des femmes en âge de procréer souffrent d’anémie à travers 14 pays du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest, ce qui entraîne une morbidité maternelle et infantile et compromet l’autonomisation économique des femmes. (WIKI GENDER 2020). Selon l’Union Africaine, « le continent abritait en 2019, 58,7 millions d’enfants de moins de 5 ans souffrant de retard de croissance, soit plus du tiers de l’effectif mondial… ».

Au Mali, la situation de la sécurité alimentaire et nutritionnelle est très préoccupante selon les projections de la Direction Nationale de la Population (DNP). Avec 20 537 000 habitants selon l’Institut National de la Statistique (INSTAT 2020), notre pays est enclavé et structurellement vulnérable à l’insécurité alimentaire et à la malnutrition. Son économie est fortement dépendante du secteur primaire : l’agriculture, l’élevage, la pêche et la sylviculture qui occupent 68% de la population active. Ce secteur est lui-même tributaire de facteurs exogènes, principalement d’ordre climatique, telles que la sécheresse récurrente et les inondations. Les catastrophes naturelles et l’extrême pauvreté contribuent aux problèmes de sécurité alimentaire et nutritionnelle dans notre pays. L’insécurité et l’instabilité socio-politique, depuis 2012, ont exacerbé ces problèmes, augmenté les déplacements internes des personnes (USAID, 2018) et continuent d’impacter négativement les conditions de vie des ménages.

Nous avons rencontré des femmes rurales qui nous disent un peu plus sur leurs difficultés et souhaits pour mieux pour plus de  sécurité alimentaire et nutritionnelle.

 Aminata Keita, 27 ans, est de Koulikoroba à 80km de kita

Elle possède depuis plusieurs années, un hectare de lopin de terre d’une superficie de 2,5 hectares, pour sa propre culture (arachide, riz, maïs) . Aminata aurait voulu avoir plus ‘espace, mais l’accès à la terre en milieu rural, il n’est point facile pour les femmes et pourtant, elles assurent les dépenses de la famille avec les recette issues de ses récoltes.  « je veux avoir plus d’espace, mais l’accès à la terre est difficile. Les hommes ont tous les droits sur les terres. Au village, nous faisons tout de la terre, après l’hivernage nous nous occupons de nos jardins collectifs. Ce jardin collectif nous permet de renforcer les récoltes issues de l’hivernage, et les condiments qu’on utilise pour nos sauces. Nos maris s’occupent des céréales, mais nos dépenses sont à notre charge, je suis comme toutes les femmes du village ».

 Assitan Diarra, 40 ans à Néguéla à 60 km de Bamako

 Pour Assitan Diarra, « la terre appartient aux hommes, mais cela ne nous empêche pas de faire ce qu’on veut en terme de culture. Nous sommes le socle de la famille, même si nos maris nous aident dans les dépenses beaucoup de nos charges et ceux de nos enfants sont sur nos épaules. A part les travaux champêtres, on ne fait rien d’autre ici. Nos champs et nos jardins sont les seules sources de revenus que nous avons ici, quelques unes font le petit commerce, mais l’activité principe est l’agriculture, pendant l’hivernage et les cultures de contre saison. Les femmes font plus d’activités dans les champs que les maris »

Noëlle Dembélé 45 ans Sanekyi à 27km de Tominian

« Ici nous cultivons avec nos maris et nos enfants dans le même champ. Mais nous les femmes, nous faisons tous avec nos enfants. Il y a des hommes qui ne viennent qu’une fois par semaine au champ. Le champ appartient aux femmes, nous y faisons la majorité de travaux. Il n’y a pas un travail spécifique pour les femmes, notre activité principale est l’agriculture et l’élevage ». Explique Noëlle, avant d’ajouter « Nous sommes appuyées par certaines ONG, qui nous donnent des semences améliorées et les petits ruminants. Une femme Bwa ne connait autre chose que l’agriculture. C’est la seule activité qui nous permet de vivre et de nous occuper de nos enfants et de nos maris. Nous sommes confrontées à un problème sécuritaire et économique. Il y a eu des attaques non loin de notre village. Nous avons perdu des parents et des connaissances, c’est vraiment triste. Nous prions pour avoir notre vie d’avant. Les choses sont devenues difficiles, beaucoup ont fui, nous sommes les rares qui sont restés ».’

Il est important d’améliorer la vie des femmes rurales pour mieux lutter contre la pauvreté et la faim . Donner surtout aux femmes les mêmes opportunités qu’aux hommes pourrait augmenter la production agricole de 2,5 à 4 % dans les régions les plus pauvres et le nombre de personnes sous-alimentées pourrait être réduit de 12 à 17 %, selon les Nations Unies. Il existe au Mali, un regroupement des femmes paysannes qui a pour objectif principal d’édifier un mouvement paysan national crédible porteur de la promotion socio-économique durable des exploitations familiales et des producteurs agricoles à travers une agriculture paysanne bien insérée dans le contexte du développement national, sous-régional et international.

Pour rappel, l’Organisation Panafricaine des Femmes, (OPF) a été initiée par les femmes d’Afrique au Congrès de la Fédération Démocratique Internationale des Femmes (FDIF), tenu à Vienne (Autriche) en mai 1958. C’est là que les femmes africaines décidèrent de s’unir pour former une seule association afin de mieux se connaitre, d’échanger leurs expériences, de conjuguer leurs efforts et de parler d’une seule voix pour défendre l’Afrique dans tous les domaines. Ce rêve est devenu réalité, le 31 Juillet 1962 à Dar –Es- Salam, au Tanganyika, (actuelle Tanzanie) avec la création de la première organisation féminine continentale- « la Conférence des Femmes Africaines » (CFA) qui prendra plus tard le nom « Organisation Panafricaine des Femmes », en 1974, au Congrès de Dakar. Depuis 2017, l’OPF dispose du Statut d’Organe Spécialisé que les Chefs d’États Africains lui ont octroyée, lors de leur Sommet, à Addis Abeba, en Éthiopie. Ainsi, les actions de l’OPF s’inscrivent en droite ligne des politiques et programmes des Nations-Unies, de l’Union Africaine et des États-membres.

La Rédaction

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