Le séminaire de réflexion sur les dynamiques d’intégration de la dimension genre dans le processus électoral et les réformes politiques et administratives au Mali, s’est tenu à l’hôtel de l’Amitié de Bamako, du 28 février au 4 mars 2023. Initié par le gouvernement malien en partenariat avec l’association pour la promotion de la bonne gouvernance, de la citoyenneté et des droits de l’hommes, il est soutenu par le Projet d’Appui aux Élections au Mali (PAREM. Le séminaire de haut niveau, était placé sous le haut parrainage de Monsieur le Ministre d’État, Ministre de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation, porte- parole du gouvernement et de Madame la Ministre de la Promotion de la Femme, de l’Enfant de la Famille.
Le lancement fait par Mme Wadjidjié Founé Coulibaly, Ministre de la Promotion de la Femme de l’Enfant et de la Famille s’est déroulé en présence d’anciennes Ministres de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, du Maire de la commune II et de ses pairs venus de toutes les communes du Mali, de la représentante de ONU Femme au Mali, de la MINUSMA, des experts genre de différents ministères, des membres de la société civile et des représentantes des partis politiques. Près de trois cents (300) participants-tes venus-es de toutes les régions, avec une présence remarquée des gouverneurs, des spécialistes du gouvernement, des partis politiques, de la société́ civile, des membres du CNT et des Mouvements signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation. L’objectif était de « faire l’état des lieux de la prise en compte de la dimension genre dans les reformes politiques, électorales et administratives en cours au Mali et mener des réflexions sur les reformes à venir ».
La représentante résidente de ONU Femme au Mali, Mme Marie Goreth Nizigama, a égrené un chapelet de difficultés responsables de la sous représentativité des femmes aux postes de décision, à savoir : « la non application de la loi 052, « la sous-représentation féminine dans la vie politique est en dessous de la proportion législative fixée. l’ambivalence des politiques publiques ayant tendance à privilégier l’approche et les actions de type compassionnel à l’égard des femmes en tant que catégorie vulnérable à laquelle il faut apporter aide et assistance, les perceptions sexistes du rôle des femmes dans la société, dans la vie politique et surtout dans la vie publique, l’insuffisance de la formation des femmes et le défi lié à la vulgarisation et l’application des textes et lois en faveur de la promotion du genre en République du Mali ».
Pour M. Kacou Assoukpé, chef de la division des affaires électorales de la MINUSMA, a salué l’initiative du séminaire et indiqué que « la période de refondation de l’État représente une opportunité historique à saisir pour mettre en place des stratégies, une approche genre au sein des pouvoirs publics ». Ce qui, pour lui « permettra de renforcer le leadership politique des femmes afin de leur permettre de participer pleinement aux processus de gouvernance et de consolidation de l’État de droit, au bénéfice direct du développement du Mali ».
Dans son discours d’ouverture, Madame la Ministre a dit que , « ce séminaire est le fruit d’un partenariat entre le ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, celui de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, la division genre de la MINUSMA et de ONU Femmes ». Pour elle, l’adoption de la Politique nationale genre (PNG) montre à suffisance que le gouvernement a comme vision de bâtir une société démocratique capable de garantir l’épanouissement de tous. « La PNG prend appui sur sept (7) principes directeurs. Ces principes prennent en compte des aspects stratégiques, politiques, institutionnels et sociaux de la nation. Ils jettent les bases de la dynamique du changement à instaurer en vue de marquer des pas significatifs en matière d’égalité entre les femmes et les hommes au Mali ».
Elle n’a pas manqué de rappeler que les « femmes peinent à atteindre les 20%. L’annuaire statistique sur les fonctions nominatives et électives de services publics du Mali indique, que le nombre de femmes aux fonctions de préfet et de sous-préfet s’est nettement amélioré dans les fonctions de Gouverneur en 2021. Elles représentaient seulement 15,4% dans les fonctions de directeur de service central, et 11,1% pour les fonctions d’Ambassadeurs » a-t-elle dit au nom de Monsieur le Ministre d’État, Ministre de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation, porte- parole du gouvernement
Pendant cinq (5) jours, les participants-tes ont fait une analyse approfondie du panorama des reformes de ces dernières années, qui va des différentes chartes (des partis politiques, diplomatique..) à la mise en place et au maintien de la forme de l’État, la mise en place du juge des libertés, l’effectivité de l’implication des légitimités traditionnelles et coutumières, dépolitisation de l’Administration etc…Il s’agissait aussi de faire le point sur les initiatives dans le secteur de la gouvernance territoriale, afin d’assurer la présence de l’État et des services sociaux de base au plus près des communautés sur l’ensemble du territoire.
L’État des lieux de la Politique nationale genre de 2010 à nos jours, la Loi n° 2015-052 du 18 décembre 2015, instituant des mesures pour promouvoir le genre dans l’accès aux fonctions nominatives et électives ( elle a fait passer de 9% de femmes élues aux communales de 2009 à 25% en 2016 et de 9,52 aux législatives de 2013 à 28,57% en 2020) a été fait. En plus de ces deux lois, les différentes réformes ont été revues, ainsi que l’identification des interventions requises afin d’intégrer adéquatement la dimension genre dans le processus des réformes. Et surtout l’élaboration d’un outil standard de collecte et de traitement réguliers des données, prenant en compte l’intégration de la dimension genre dans le processus de réformes politiques, électorales et administratives au Mali. Cela s’est fait aux travers de 6 ateliers à l’issue de rudes discutions franches.
Enfin, une feuille de route a été dégagée, déclinée en axes prioritaires, en direction du gouvernement, de la société civile et des partenaires techniques et financiers. Les points inscrits dans la feuille de route sont entre autres : L’application effective de la loi 052 ; L’organisation de sessions de formation pour les femmes et les jeunes dans les langues nationale ; L’intégration du genre dans le processus électoral ; Renforcer la loi élective de sanctions légales ; Assurer une bonne compréhension du processus électoral, de la nouvelle Constitution de la république, de la loi électorale et du fonctionnement et des attributions de l’AIGE; Vulgariser les textes de loi dans les langues nationales ; Faire l’audit du PDSEC en matière de genre et inclure la prise en compte du changement climatique ; Sensibiliser les leaders religieux, et les légitimités traditionnelles sur le genre ; Impliquer les médias dans les activités de sensibilisation et de formation; La mise en place d’un One Mali gender team ; Rehausser le taux de nomination des femmes aux postes de décision.
Maïmouna TRAORÉ