L’Hôtel Azalaï Salam de Bamako a servi de cadre aujourd’hui 24 octobre 2020, au lancement des activités de la première édition de la célébration de l’écriture féminine au Mali du Réseau des femmes écrivains du Mali et de la Diaspora (RFEMD). Organisé en partenariat avec la Fondation Orange, ONU Femmes, l’Institut Technolab, l’Ambassade du Maroc et d’autres partenaires dans le domaine de l’écriture et de l’Art. C’était sous le parrainage de Madame la Ministre de la Culture et de l’Artisanat et du Tourisme, Madame Kadiatou Konaré, assistée de son collègue de la Promotion de la Femme de l’Enfant et de la Famille, Madame Bouaré Bintou Founé Samaké. Etaient présents des chefs de cabinets de certains ministères, le Directeur de la bibliothèque nationale, la Princesse Esther Kamatari du Burundi, des éditeurs, l’association des femmes photographes et des étudiants.
Pour la Présidente du Réseau Mme Diarra Oumou Armand Sangaré, écrivaine, auteure de plusieurs œuvres, a dans son allocation dit que l’objectif du réseau est de faire la promotion de l’écriture féminine, d’accompagner les femmes de lettre dans le secteur du livre et de l’Art en terme, d’édition, de publication et de diffusion. Elle a rendu un hommage mérité aux pionnières de l’écriture dans notre pays, depuis la parution il y a 47 ans, du premier livre autobiographique de Mme Aoua Kéïta, en passant par la génération des tantes jusqu’à la nouvelle génération et magnifier ainsi, leur apport dans la culture. Elle a aussi parlé des difficultés que rencontrent les femmes écrivains du Mali et de la Diaspora dans un secteur dominé par les hommes.
Après l’allocution de la présidente, d’autres interventions ont suivi dont celui de Ousmane Konaté, président de l’Union des écrivains du Mali. Pour lui, «Les hommes sont tellement jaloux de leurs privilèges qu’ils n’en cèderont pas un pouce de bon gré. Si les femmes veulent être libres, elles vont devoir se battre. Pour se battre il faut oser prendre la parole et ne plus se contenter de ces propos démobilisateurs de certaines femmes : « Les hommes, nous sommes derrière vous. Vos choix seront les nôtres ! » Les pionnières dans cette lutte qui sera âpre sont les femmes écrivaines. Celles-ci devront être des torches pour les millions de maliennes que la tradition et la religion maintiennent en esclavage. C’est pourquoi il faut se réjouir du nombre de plus en plus élevé de femmes, des filles aussi, qui s’engagent dans l’écriture à la suite des doyennes Bintou Sanankoua, Aminata Dramane Traoré et Adame Ba Konaré, et des précurseuses comme feue Aïcha Fofana, Mbamakan Soucko et Aïda Mady Diallo. Elles sont poétesses, dramaturges, romancières, essayistes, elles sont le nouvel espoir de leurs sœurs dont la vie est une succession ininterrompue de souffrances quotidiennes. Elles ont pour noms Fatoumata Kéita, Aïcha Diarra, Salimata Togora, Oumou Armand Traoré, Awa Dembélé, etc. Parce que Dieu est homme et qu’il a choisi le camp des hommes, les Écrivaines se doivent d’être Déesses. ».
Madame Fatoumata Kéïta a présenté une poésie musicale, qui étale le vécu des femmes, en temps de conflits.
Des certificats ont été décernées aux pionnières de la littérature par le Réseau, ONU Femmes a aussi offert des distinctions accompagnées d’enveloppes symboliques à des auteures et éditrices.
Mme Salimata Togora, écrivaine est revenue sur l’historique de l’écriture féminine au Mali et a insisté sur le fait qu’il est difficile de vivre de ce boulot. Selon Mme Togora, l’écriture n’est pas facile pour une malienne à cause non seulement des risques de stigmatisation, mais aussi parce qu’avant d’être « écrivaine, elle est membre d’une société qui lui attribue des rôles ne lui facilitant pas la production artistique ».
La Ministre de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, Madame Bintou Founé Samaké, a encouragé les femmes écrivains à développer le goût de la lecture dans les écoles à travers des activités littéraires et pris l’engagement au nom de son département pour la promotion d’une écriture féminine.
Quant à Madame la Ministre Kadiatou Konaré de la Culture de l’Artisanat et du Tourisme, elle a demandé aux femmes de multiplier les échanges avec les écrivains du monde, particulièrement les écrivaines nigérianes qui ont fait leurs preuves. Elle a aussi invité à diversifier les genres et aller du côté de la littérature enfantine, qui « amènera à sonder les mythes, les contes, du terroir ».
Madame Kadiatou Konaré s’est engagée à se battre pour une politique nationale du livre dans notre pays, avec une politique de lecture publique qui permettront aux écrivains de vivre de leur création artistique.
L’intermède musicale était assurée par la koriste Madina N’Diaye
Maïmouna TRAORE
Photo/Gebba Saouratou