Au Mali, le travail des enfants demeure une situation très préoccupante de nos jours, les enfants travaillent dans beaucoup de secteurs économiques qui ont un impact sur leur avenir. L’orpaillage, ces dernières décennies est l’activité préférée des enfants. Les classes sont vides au profil des sites d’orpaillages. Gladié est un village situé dans la commune rurale de Finkolo Ganadougou, à 125 km de Sikasso. Une zone qui pratique majoritairement l’agriculture, et l’orpaillage. Dans cette localité les filles se font rares dans les salles de classe. Notre journaliste avec l’appui de l’APPEM (Association des professionnelles de la presse écrite au Mali), a fait un tour pour rencontrer la population, afin de cerner la problématique de la déscolarisation des filles.
Selon l’INSTAT (Institut National de la Statistique) du Mali 2,5 millions d’enfants travaillent dont l’âge varie entre 5 à 11 ans. La convention internationale des droits de l’enfant a été ratifié en 1979 et le Mali l’a ratifié en 1980. L’article 50 du Code minier dans son dernier aliéna stipule que le travail des enfants est interdit dans les activités d’exploitation artisanale. Malgré toutes ces conventions signées, les droits de l’enfant sont toujours violés.
Maimouna Diallo la présidente des femmes de Gladié, chaque parent est responsable de son enfant jusqu’à un âge avancé, mais souvent les parents sont aussi responsables des déroutes de leurs enfants surtout sur les sites d’orpaillage. Quand ta fille a quelque chose qui ne vaut pas la moitié de son salaire, ce qui veut dire qu’elle ne l’a pas eu légalement, donc il faut demander la provenance. Si tel n’est pas le cas l’enfant sera poussé à faire pire. Nos filles qui vont dans les sites miniers, reviennent rarement pour l’école. Dès que les enfants commencent, on ne peut plus les arrêter. Souvent, les filles ramènent des maladies sexuellement transmissibles, des grossesses précoces et en plus, des violences dont elles ont été victimes. Certaines y perdent leur vie, explique Mme la présidente. Le problème de dot fait que plusieurs parents laissent leurs filles aller à la recherche de l’argent, afin de préparer le trousseau de mariage, d’autres utilisent l’argent reçus à d’autres fins. Parfois, elles vont pour aider les gens qui ont des restaurants.
L’État avec toutes les conventions signées, est impuissant face à ces problèmes, après des années de sensibilisations, la situation est intacte.
La Direction Régionale de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, à travers Monsieur Faly Doumbia a affirmé que plusieurs projets de sensibilisation ont été exécutés, plusieurs comités aussi, dans le but de freiner le fléau, on ne veut pas lutter contre l’orpaillage, mais c’est le travail des filles mineures qui devrait être combattu. La protection de l’enfant est un devoir de tous, l’enfant, c’est pour l’État avant d’être aux parents. Toutes les causes sont vraies, mais la principale cause est la mauvaise compréhension des parents. A Gladié ici, généralement, dans une classe de 50 personnes, on y trouve plus ou moins, que 16 élèves. L’instruction fait partie des droits fondamentaux de l’enfant. Pour un enfant allé à l’école et faire de l’orpaillage ne peuvent pas être associés.
FC un nom d’emprunt, âgée de 14ans, a quitté Koutiala, pour travailler en Nampala, un site non loin de Gladié, son malheur fut de tomber enceinte à seulement 14 ans. En voulant retourner dans son village, sa mère lui a dit de ne pas ramener l’enfant. La seule option pour elle était de se débarrasser de cet enfant. Elle a abandonné son enfant à l’auto gare de Sikasso, avant de regagner Koutiala. Après les investigations, les recherches ont montré que l’enfant était à F C. Quelques jours après, elle a regretté le forfait et est revenue pour récupérer son enfant tout en avouant.
QUE DISENT LES AUTORITÉS LOCALES ?
Drissa COULIBALY deuxième conseillé au préfet de Sikasso, sous-préfet de Finkolo Ganadougou : L’éducation est le pilier de toutes les grandes institutions. Lors de mes tournées à l’intérieur, un directeur est venu me dire que si les mesures ne sont pas prises, son école risque d’être fermée. Car les classes sont vidées au profit de l’orpaillage. Les enfants ne devraient pas être au site mais à l’école, les parents devraient jouer leur rôle, au lieu de laisser les filles sur le site à la merci des dangers. Leur avenir passe par l’école pour le développement de notre pays. Les postes de responsabilités aux mines sont donnés à des géologues, les machinistes entre autres, ils ont fait de grandes études, pour devenir ce qu’ils sont aujourd’hui. Ceux qui sont chargés des sites devraient y mettre des mesures pour protéger et respecter les droits de l’enfant. Ceux qui n’ont pas dépassé l’âge d’aller à l’école, devraient avoir leur place à l’école et non sur les sites. Il y’a plusieurs facteurs qui handicapent nos filles déjà, nous devons penser à leur avenir au lieu de songer à notre bien-être aujourd’hui. Élever les enfants, afin qu’ils soient nos relèves de demain. Il y a des zones qui ont perdu leur centre d’examen à cause des sites fréquentés par les enfants. Tant que l’éducation n’est pas renforcée, le développement est impossible.
` Solomane Diallo le directeur de l’école de Gladié, a précisé que quiconque dira que la fréquentation de l’orpaillage des filles n’a pas freiné leur scolarisation a menti. Ça me fait neuf ans, de service dans ce village et je dirai le contraire, nous avons eu qu’une seule fille sur des centaines, qui a eu le DEF (diplôme d’étude fondamentale), qui se trouve actuellement à Sikasso. La situation est pire qu’on ne l’imagine. Nos classes sont vides, les filles se font rares à l’école, pour plusieurs raisons, mais celle de la fréquentation des sites en demeure la principale.
Le maire de Finkolo Monsieur Kalilou Togola, pense que la situation est plus qu’alarmante, selon le rapport du CAP (Centre Académie Pédagogie) dans toute ma commune les filles ne font pas 20% à l’école, ici, arrivant à un certain âge, les parents n’ont à l’esprit que le mariage des filles. Ma commune a l’un des plus vieux sites d’orpaillage, une école très ancienne, mais vide. Nous avons besoin de sensibilisation et des plaidoyers pour éradiquer ce problème.
Les filles sont silencieuses: Les filles en les interrogeant, elles restent timides face à nos questionnements. À première vue, elles sont couvertes de poussière, à peine identifiables. Elles ont chacune de petites calebasses ou des tasses pour tamiser la boue. Elles peuvent travailler souvent toute la journée, sans rien gagner. Celles qui font la restauration sont plus propres, elles ont souvent une rémunération journalière ou mensuelle.
Leur seule préoccupation est de gagner quelque chose afin d’apporter un gain pour honorer leur famille. Le déshonneur pour elle, est de rentre bredouille de cette chasse d’or avec tous les enjeux qui y contournent.
SD brise le silence: Une fille de 13 ans a témoigné que, c’est sur l’ordre de sa maman, qu’elle a quitté le village pour venir se retrouver sur le site. Elle a abandonné l’école lorsqu’elle était en 5ème année. C’est parce que l’année passe sa cousine est venue, est apporté beaucoup d’argent. Ma mère a décidé que je vienne aussi avec mon grand frère, on travaille la journée, la nuit nous louons une case avec d’autres, on rassemble l’argent pour le propriétaire. Si j’avais le choix je retournerais à l’école car la vie d’ici est très dure, regretté SD la voix en larmes.
Ce reportage interpelle tout le monde, afin de trouver une solution durable, la place des enfants est sur les tables bancs de l’école et non aux sites d’orpaillage. Cette pratique menace la scolarisation des filles malgré les politiques mises en place pour leur maintien …….
Envoyée Spéciale Mady TOUNKARA