DIARRA Fatoumata TRAORÉ, est détentrice d’une maitrise en économie de l’École Nationale d’Administration (ENA) de Bamako, et après plusieurs années de fonction, elle a obtenu un Certificat d’Aptitude de l’Administration des Entreprises (CAAE) à l’IAE d’Aix en Provence (Aix-Marseille). Elle est la Coordinatrice des femmes économistes du Mali.
NYELENI Magazine : Quels sont les postes que vous avez occupés ?
DIARRA Fatoumata TRAORÉ : J’ai commencé ma vie de fonctionnaire à la SCAER (Société de Crédit Agricole et d’Équipement Rural, où j’ai occupé plusieurs postes. Après la restructuration de la SCAER en Banque Nationale de Développement Agricole, j’ai rejoint le Trésor Public pour une période courte, et atterri à l’OPAM comme homologue du Conseiller Commercial chargé du PRMC (programme de Restructuration du Marché Céréalier. Après l’IAE j’ai fait de la consultation avant de rejoindre le Ministère des finances à la Direction Nationale du Budget, où j’ai présidé plusieurs commissions de liquidation des Sociétés et Entreprises d’État, et de contrat Plan de certains établissements à caractère administratif (Office du Niger et Office Riz de Ségou). En 2012, j’ai pris ma retraite à la Direction Nationale du Budget.
NYELENI Magazine : Comment est né le REFAE/Mali. Citez quelques actions menées par le REFAE ?
DIARRA Fatoumata TRAORÉ : Le REFAE est né du programme de l’UNIFEM : Sécurité et Droits Economiques des Femmes Africaines . Ce programme s’est penché sur la prise en compte du genre dans la macroéconomie. Des rencontres au niveau sous régional et régional furent organisées. Les questions abordées furent : la prise en compte du genre dans les DSRP, la budgétisation sensible au genre, femme et commerce…
NYELENI Magazine : Être la Coordinatrice d’un tel réseau, peut-il donné des avantages, si oui, pouvez-vous citez quelques-uns ? Y at il aussi des inconvénients. Pouvez-vous nous en parler un peu ?
DIARRA Fatoumata TRAORÉ : Être Coordinatrice d’un tel réseau m’a permis de participer à des rencontres relatives aux questions de développement, et comprendre les problèmes des femmes sur le plan économique, social, culturel et géopolitique. J’ai pris part à plusieurs rencontres internationales sur le développement, telle que, la Conférence Internationale sur le Financement du Développement, tenue à Monterrey au Mexique du 18 au 22 mars 2002 où, la primauté du Consensus de Washington fut confirmée ; la 5ème conférence de l’OMC à Cancun, où les pays africains producteurs de Coton, ont dénoncé le non-respect de certaines clauses de l’organisations comme la subvention aux producteurs de Coton. Ces deux exemples montrent que les droits économiques des femmes qui sont une partie intégrante des droits économiques de la société ne sont pas garantis au plan international. S’il y a des inconvénients, c’est d’être informé, et d’être conscient des difficultés à promouvoir les droits économiques des femmes africaines.
NYELENI Magazine : Aujourd’hui, tout le monde parle de la monnaie comme première source d’indépendance économique, qu’en pensez-vous, le Mali peut-il à l’heure actuelle, avoir sa propre monnaie ?
DIARRA Fatoumata TRAORÉ : la monnaie étant un pilier de la souveraineté, sa création requiert une grande prudence. Pour contrôler son économie, être maitre de ses décisions économiques, il faut disposer de sa monnaie. Avoir sa monnaie, c’est comme construire une maison : il vous faut une fondation solide. Si vous construisez votre maison sur une mauvaise fondation, soyez sûr, qu’elle s’effondrera. La monnaie doit être basée sur des ressources dont vous avez le contrôle. Il faut la confiance dans une monnaie, confiance garantie par l’État. Dans le cas du Mali, même si le pays contrôle ses ressources, il lui faut des voisins fiables. Le franc malien est l’illustration de la non fiabilité de nos voisins.
Actuellement, le Mali est membre de l’UEMOA, mais nous faisons beaucoup de nos échanges avec des partenaires à partir de nos ressources. Ce qui est un moyen de contourner une partie des pièges de la zone CFA. Avec la consolidation de notre économie, la création de la monnaie sera possible, et ainsi le Mali retrouvera son entière souveraineté.
NYELENI Magazine : Comment évolue l’association des femmes économistes ?
DIARRA Fatoumata TRAORÉ : Le Réseau des Femmes Africaines Économistes a, au cours de son évolution, constaté que la défense des droits économiques des femmes, nécessite sa présence auprès des femmes à la base. Dans cette entreprise, il a été accompagné par le Fonds de Solidarité Nationale (FSN).
Il a été mis en place dans des villages de la commune de Djidian (Kita) :
- Des périmètres maraîchers afin d’améliorer la nutrition des populations,
- Des écoles en vue de favoriser la scolarisation des filles,
- Des ateliers de sensibilisation sur plusieurs thèmes tels les techniques de jardinage, les relations Hommes/femmes dénaturées par la mondialisation, et le vivre ensemble.
NYELENI Magazine : Le pays est actuellement confronté à d’énormes défis, que peut apporter votre association dans la recherche de solutions pour un développement durable ?
DIARRA Fatoumata TRAORÉ : Le REFAE peut, à l’instar de plusieurs autres organisations,
- Continuer la sensibilisation des femmes à la base sur les techniques agricoles, en leur montrant la nécessité d’accéder à l’autosuffisance,
- Promouvoir le vivre ensemble mis à mal, par la mondialisation qui a entrainé une perte de nos valeurs, et la déstabilisation du pays,
- Soutenir la formation, et l’éducation des femmes et des filles dans les zones rurales, Sensibiliser sur nos valeurs qui ont fait la grandeur de notre nation.
Maïmouna TRAORÉ