Mme Dembélé Ténin Niambélé ou Fifi pour les intimes, est une femme engagée dans l’un de ces métiers traditionnellement exercés par les hommes comme la soudure. Elle est aujourd’hui une référence dans son milieu et sollicitée par ses clients pour son savoir-faire et son professionnalisme. Nous avons rencontré cette femme soudeuse, vitrière (aluminium) dans son atelier à Djicoroni-Para Gningnin-Carré. Interview !
NYELENI Magazine : Depuis quand êtes-vous dans la soudure ?
Dembélé Ténin Niambélé : J’a i commencé ce métier très jeune, depuis 2003. Cela fait au moins 15 ans que j’exerce ce boulot. J’ai eu l’amour de ce métier à coté de mon père qui fait de l’aluminium. Je lui ai demandé de me prendre comme une apprentie et il m’a proposé d’aller chez son ami qui est soudeur à Lafiabougou pendant mes congés. Là, on apprend la soudure avec la vitrerie en aluminium.
NYELENI Magazine : N’étiez-vous pas mise mal à l’aise par le regard des autres ?
Dembélé Ténin Niambélé : J’étais gênée de travailler dans mon quartier à cause du regard de certaines personnes et les moqueries de certaines amies d’enfance. On me disait souvent, pourquoi ne pas aider la maman dans les travaux domestiques au lieu de faire çà . Au début certaines personnes m’ont encouragé, d’autres aussi m’ont critiqué. Après je suis allée chez un autre ami de mon père qui fait de la vitrerie, aluminium et soudure. C’est étant là-bas que j’ai eu mon Diplôme d’étude fondamentale (DEF). J’ai dis à mon père que je souhaiterai continuer mes études en soudure. Lorsqu’il est parti m’inscrire à l’école Père MICHEL, ils lui ont demandé de m’inscrire dans une branche où il y a des filles. Mais, j’avais opté pour la soudure. C’était la première année du démarrage du programme de BT (brevet de technicien) au Père Michel. J’ai donc obtenu un BT en soudure.
NYELENI Magazine : Avez-vous rencontré des femmes dans ce métier ?
Dembélé Ténin Niambélé : Je n’ai rencontré qu’une seule pendant mes études. Mais, elle a abandonné. Je me rappelle une fois, une fille est venue pour que je la forme comme apprentie. Je l’ai prévenue que ce n’est pas facile. Finalement, elle n’a passé qu’une seule journée et je ne l’ai plus revue. J’ai fait mon premier stage à Métal Soudan. Vu mon courage le patron m’a embauché et j’ai passé deux années dans cette entreprise. Ensuite je suis allée à la SNK (Société Nouhoum Kouma) Maintenant je suis à mon propre compte.
NYELENI Magazine : Est-ce qu’aujourd’hui, vous êtes aperçue par les gens de la même manière qu’à vos débuts ?
Dembélé Ténin Niambélé : Aujourd’hui, le pense croiser plutôt des regards d’admiration et d’étonnement. Le début n’était pas facile. Je me rappelle qu’à l’école les garçons me mettaient toujours à l’écart. Mais, je n’ai pas cédé à leur provocation. Au finish, ils m’ont accepté tout en sachant que j’étais plus déterminée qu’eux. Et mon entourage me voit aujourd’hui comme n’importe quelle femme de la société exerçant un travail convenable.
NYELENI Magazine : Ce travail assure-t-il l’autonomie de la femme ?
Dembélé Ténin Niambélé : J’arrive à aider ma famille avec le peu que je gagne. Là je fais un clin d’œil à mon mari qui m’encourage et qui me pousse toujours à bien satisfaire ma clientèle, quelles que soient les heures de travail souvent induites.
NYELENI Magazine : Que pensez-vous de l’autonomisation de la femme ?
Mme Dembélé Ténin Niambélé : je pense qu’il est temps que nous servons tous à quelque chose dans nos foyers. L’union fait la force, les hommes et les femmes doivent se donner la main pour bâtir nos foyers voire le pays. Je travaille avec les hommes et je sais qu’ils sont les seuls responsables de leurs familles. Ce qui n’est pas chose aisée avec le peu qu’ils gagnent. Mais, si la femme travaille aussi, ils peuvent se soutenir mutuellement. Il y aura moins de problèmes dans le foyer.
NYELENI Magazine : As-tu reçu des récompenses pour ton travail ?
Dembélé Ténin Niambélé : Oui ! J’en ai reçu quelques unes. Ma première moto était un cadeau de mon patron de SNK. Et à chaque rentrée des classes, il me remettait l’argent pour que j’aille acheter les fournitures académiques. Et l’école Père Michel m’a décerné le Prix Niéléni.
NYELENI Magazine : Quels conseils avez-vous pour les femmes qui veulent faire le même métier ?
Dembélé Ténin Niambélé : Je dirai que ce n’est pas facile comme tout autre métier de la vie. Et pour bénéficier d’un labeur, il faut accepter de souffrir ensuite le profit suivra. Et surtout il faut aimer ce que l’on fait pour pouvoir en tirer le maximum de profits. Sinon, il n’y’a rien de sorcier dans ce travail.
NYELENI Magazine : Le mot de la fin!
Dembélé Ténin Niambélé : Je ne saurai terminer sans rendre un vibrant hommage à mon mari, mon père, ma mère, mes frères et à tous ceux qui, de prés ou de loin, m’ont soutenu dans de ce métier. J’ai eu l’amour de ce métier grâce à mon père. Et c’est avec ses équipements que je travaille aujourd’hui. Je suis infiniment reconnaissante en son égard. Et je remercie l’ensemble de la rédaction de NYELENI Magazine pour m’avoir donné l’opportunité de m’exprimer et partagée mon expérience.
Propos recueillis par
Nindèye Tounkara