Barakissa Dembélé Sanogo est détentrice d’une maitrise en géographie du développement obtenue à la Faculté d’Histoire et Géographie de Bamako. Diplômée en genre et développement (en master) de l’Institut des Hautes Études Internationales et de Développement (IHEID) de Genève. Actuellement chargée de genre au niveau de l’inter-collectivité Miniankala Kafo de Koutiala depuis 2017 (une structure qui regroupe 37 collectivités financée par la Coopération Suisse au Mali. Le 8 mars a été l’occasion de célébrer 82 mariages, l’âge des mariés varie entre 25 et 68 ans. Interview.
NYELENI Magazine : Comment s’est déroulée la célébration du 08 mars à Koutiala ?
Mme Barakissa Dembélé Sanogo : Le 08 mars s’est déroulée dans les bonnes conditions. Non seulement dans nos actions on a montré aux femmes que ce n’est pas une fête pour danser, applaudir, se vêtir correctement en pagne du 08 mars ou manger beaucoup et ou faire préparer les repas par les hommes, non mais plutôt une journée d’évaluation sur les progrès, les difficultés…. Afin de faire un plaidoyer auprès de nos autorités. C’est un espace d’échange aussi pour défendre nos droits (femmes et filles). Nous animons des conférences débat chaque 08 mars, dans les communes rurales où les femmes et les filles souffrent et ignorent leurs droits.
NYELENI Magazine : Combien de cercles ou villages ont participé ?
Mme Barakissa Dembélé Sanogo : Plus de 15 communes ont organisé le 08 mars. Cette cérémonie de mariage collectif a lieu chaque 08 mars ? Depuis ma prise de fonction comme chargée de la structure ce fut l’un de mes combats prioritaires pour que toutes aient leurs actes de mariage, accéder à la sphère décisionnelle, à la sphère organisationnelle, à la sphère politique. En 2020, on a célèbré 62 mariages collectifs dans la commune rurale de Fakolo et cette année 82 mariages. L’âge de ces mariés varie entre 25 et 68 ans. C’était juste une célébration pour avoir leur acte de mariage dont les couples ignoraient l’importance. Il y’a les hommes qui ont signé 04 fois et leurs femmes ont eu les larmes aux yeux. Quelles émotions.
Une bénéficiaire m’a dit « Je ne savais pas dans ma vie que j’allais passer devant un maire pour formaliser mon mariage à forte raison de tenir un Bic et poser ma main sur une ancre pour signer mon acte de mariage ». Notons que plusieurs autres le font en cachette par honte de leurs petits fils/filles de se déclarer publiquement à la Mairie pour accéder à l’acte de mariage vu leurs âges.
NYELENI Magazine : Quel message avez-vous à l’endroit des femmes et des autorités
Mme Barakissa Dembélé Sanogo : Le message que j’ai à l’endroit des femmes, c’est de se donner les mains, de communiquer, de s’entre-aider, d’accorder une importance à la politique, d’améliorer leur capacité de communication, d’accepter d’affronter les risques d’augmenter les actions de plaidoyers, et qu’elles soient de vrais leaders pour jouer pleinement leur rôles et fonction dans la société, d’éviter les jalousies inutiles et d’entamer un vrai combat qui nous arrange toutes.
Quant aux autorités c’est d’appuyer techniquement et financièrement les femmes. Les femmes sont au cœur du développement économique et social, elles aident à construire la cohésion sociale, le sens d’appartenance et d’estime en soi, la paix et sont sur tous les chantiers de bataille.
En tant que mère, les femmes ont une grande influence sur les hiérarchies sociales des familles et des communautés. Quand elles sont informées, formées, équipées de compétences nécessaires, elles peuvent faire face à des défis globaux à tous les niveaux, directement et indirectement. Alors la participation des femmes ainsi que leur implication effective dans le processus de développement doit être soutenu par tous les acteurs.
Propos recueillis par Maïmouna TRAORE