Dans le cadre de la célébration de la journée panafricaine des femmes, édition 2024, le Ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille a organisé un panel de haut niveau sur le thème : « Des institutrices d’hier aux enseignantes d’aujourd’hui. Les femmes de l’Alliance du Sahel (AES) engagées pour l’amélioration de la qualité de l’éducation.» C’était le jeudi 1er août 2024, au CICB, en présence des ministres en charge de la Promotion de la Femme et du Genre des pays de l’AES ; des panelistes, Mme Sangaré Oumou Ba, ex-ministre ; Dr Idrissa Soïba Traoré, Recteur de l’ULSHB ; Mme Nana Djiré du Ministère de l’Éducation Nationale (MEN) ; ainsi que la modératrice Mme Aminata Dramane Traoré, ex-ministre ; entre autres.
Suite logique de la célébration de la journée panafricaine des femmes, célébrée chaque année, le 31 juillet. La journée symbolise la lutte des femmes africaines pour leur émancipation et épanouissement, elle est placée cette année, sous le thème « Des institutrices d’hier aux enseignantes d’aujourd’hui. Les femmes de l’Alliance du Sahel (AES) engagées pour l’amélioration de la qualité de l’éducation. »
Ce panel de haut niveau, est un espace réunissant des experts de l’éducation à savoir : Mme Sangaré Oumou Ba, ex-ministre ; Dr Idrissa Soïba Traoré, Recteur ULSHB ; Mme Nana Djiré, du Ministère de l’Éducation Nationale (MEN); ainsi que la modératrice Mme Aminata Dramane Traoré, ex-ministre. Une occasion pour ces experts de diagnostiquer les maux qui minent les différents systèmes éducatifs des pays de l’AES en général et celui du Mali en particulier, et de proposer des solutions afin de les améliorer.
Pour la modératrice Aminata Dramane Traoré, le thème retenu est un enjeu extrêmement important. Elle estime que, « sans éducation, quel que soit le secteur, sans acquisition de connaissances et d’une éducation de qualité, les gens ne peuvent pas accomplir leurs tâches. Il s’agit de la formation de l’homme ».
Aux dires du Recteur de l’ULSHB, Idrissa Soïba Traoré, ce panel de haut niveau est une occasion pour les femmes d’intervenir et de faire des recommandations, pour que d’avantage, elles puissent voir au sein de l’AES, ce qu’elles peuvent apporter comme contribution, pour améliorer la qualité de l’éducation.
Il a énuméré beaucoup d’obstacles liés à la scolarisation de la fille. Pour lui, « cela s’explique par la socialisation du genre. Cela, fait que les filles sont confinées à des activités précises au niveau des familles. Surtout en milieu rural, ces activités font que les parents privilègient l’accomplissement des travaux des filles au détriment du fait d’aller à l’école ».
« Dans nos recherches, beaucoup de filles scolarisées se retrouvent au niveau des sites. Les sites des déplacés et de l’orpaillage, qui sont devenus, des niches de déperdition scolaire. Nous avons fait des recherches avec l’Université Naguib, nous avons pu prouver que les filles pour une large majorité se disent qu’il ne faut pas seulement rester à l’école pour étudier un programme scolaire. Il faut en plus qu’on puisse arriver à leur apprendre un certain nombre de pratiques, génératrice de revenu comme la couture, la savonnerie, la teinture, etc. » A-martelé le Recteur de l’ULSHB, Idrissa Soïba Traoré. Il a, ensuite, insisté sur le dernier aspect, concernant le mariage précoce des filles avec des grossesses précoces qui sont absolument liés.
Au cours de son discours d’ouverture, le ministre de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille , Dr Coulibaly Mariam Maïga a indiqué qu’il s’agit de l’une des activités phares de la célébration de la journée panafricaine de cette année, avec l’Organisation Panafricaine des Femmes (OPF).
Elle a rappelé qu’en signant le 16 septembre 2023, la charte du Liptako-Gourma, « l’Alliance des États du Sahel est créée et la Confédération des États du Sahel instituée, à l’issu du premier sommet tenu à Niamey le 6 juillet dernier . Ainsi, les trois (3) Chefs d’État ont décidé de donner un nouveau souffle à la coopération entre les trois pays partageant les mêmes défis, à savoir: sécuritaires, économiques, sociaux. »
C’est pourquoi, affirme-t-elle, que depuis la signature de la charte, des efforts remarquables ont été faits de part et d’autre pour rapprocher les secteurs prioritaires des différents États, notamment la défense et la sécurité, la diplomatie, l’économie et les finances, la communication, l’enseignement supérieur.
Selon elle, l’initiative d’inviter ses homologues de l’AES et de la République de Guinée, cette année vise à rapprocher davantage les couches les plus nombreuses et les plus sensibles de nos sociétés, à savoir les femmes et les enfants. « En mettant l’accent sur le rôle de la femme dans l’amélioration de la qualité de l’éducation au sein désormais de notre espace commun, ce panel s’inscrit en droite ligne non seulement de la vision de l’Union africaine qui consacre l’année 2024 à l’éducation ; mais également du thème continental de la panafricaine de cette année. » A l’en croire, au regard du rôle de la femme dans l’éducation de l’enfant en général et de la petite fille en particulier, le thème revêt plusieurs intérêts.
Ainsi, les objectifs recherchés à l’issu du présent panel de haut niveau sont :« permettre aux femmes de contribuer à l’amélioration des systèmes éducatifs des pays de l’AES pour un développement harmonieux et durable ; informer et sensibiliser les acteurs de l’éducation sur leurs rôles et responsabilités dans l’amélioration des systèmes éducatifs ; faire le plaidoyer à l’endroit des décideurs publics pour le renforcement des investissements en faveur de l’éducation ; proposer des mesures pour encourager l’équité et le genre dans le domaine éducatif de l’espace AES ; proposer des mesures concrètes pour la scolarisation et le maintien des filles dans tous les ordres d’enseignement de l’espace AES ; insister sur le rôle et la responsabilité des femmes dans l’éducation des enfants. »
Toutefois, elle a souligné qu’en moyenne, les femmes représentaient 33,1% des effectifs des enseignants en 2021-2022 ; dans les régions de Koulikoro (37.2%), Ségou (33.6%) et le District de Bamako (40.2%), la représentativité des femmes est supérieure à la moyenne nationale et les plus faibles effectifs sont constatés dans les régions de Taoudeni 17.5%), Ménaka (9.9%) et Kidal (14.5%).
Cependant, au-delà de ces statistiques, elle dira que le Gouvernement travaille dans le cadre de l’amélioration de l’éducation à travers des reformes ; notamment : la tenue récente des états généraux de l’éducation ; l’adoption d’un programme national d’éducation aux valeurs, l’introduction de plusieurs modules dans les curricula comme ceux en lien avec la lutte contre l’extrémisme violent ; l’interdiction de stéréotypes en défaveur des filles dans les manuels scolaires et pédagogiques ; l’autorisation accordée aux filles porteuses de grossesse de continuer leurs études ; l’organisation de cours de soutien/remédiation aux filles porteuses de grossesse selon le besoin ; l’octroi de temps d’allaitement aux filles -mères.
Notons que, cette rencontre représente un pas crucial des pays de l’AES, vers la concrétisation de la dynamique de refondation et de restauration de l’intégration de ses membres.
Aissetou CISSÉ