Ce vendredi 8 mars 2019, le Mali a célébré la 25ème édition de la Journée internationale des droits des femmes au Palais de la culture Amadou Hampaté Bah de Bamako. La cérémonie s’est déroulée en présence du Président de la République et son épouse, du Premier ministre, du ministre de la Promotion de la Femme de l’Enfant et de la Famille, ainsi que les représentants de plusieurs organisations nationales et internationales sous le thème de « L’autonomisation des femmes et des filles à travers l’engagement de tous contre les violences basées sur le genre ».
Cette célébration a été une occasion pour révéler le résultat des enquêtes du Fonds des Nations Unies pour la Population, résultat de cette qui indique que « Dans le monde une femme sur 3 a connu une forme quelconque de violence au cours de sa vie ». Au Mali l’enquête démographique de la santé réalisée en 2012-2013 a montré que « parmi les femmes qui ont déjà été en union, 44% ont subi les violences physiques, sexuelles, émotionnelles de la part de leur mari actuel ou le plus récent. Selon la même source 1/4 des femmes ont été physiquement blessées à la suite de violences conjugales dans les 12 derniers mois ». Et que les femmes et les enfants représentent les principales victimes des violences basées sur le genre à hauteur de 96% des cas.
Les conséquences des violences basées sur le genre selon les résultats desdits enquêtes sont très graves « sur la santé reproductive des victimes, comme les grossesses forcées et non désirées, les avortements dangereux, fusils traumatiques, les infections sexuellement transmissibles, le VIH SIDA, allant même jusqu’à leur décès. Ces violences privent les enfants de leurs droits à l’éducation, à la fréquentation des services sociaux de base, à avoir accès aux équipements et matériels de productions pour les activités génératrices de revenus. A ce titre les violences constituent un frein à l’autonomisation des femmes et des filles en leurs privant de leurs droits humains élémentaires ». Cette journée a été aussi l’occasion pour Mme Diakité Aissata Traoré ministre de la Promotion de la Femme de l’Enfant et de la Famille de rappeler que le Mali a ratifié la quasi-totalité des conventions internationales protégeant les femmes et les filles contre les violations de leurs droits humains « La convention sur l’élimination de toute forme de discrimination à l’égard des femmes en 1979 , la convention des droits de l’enfant en 1989 , le protocole à la charte africaine des droits de l’Homme et des peuples relatif aux droits des femmes de l’Union Africaine en 1993. Cependant avec l’effet multiplicateur que les crises et les changements rapides des normes sociales impulsent aux violences à l’encontre des femmes, il est plus urgent de prendre des mesures législatives appropriées pour d’avantage les protéger et assurer leurs droits légitimes ». Mme la ministre a aussi signalé les avancés enregistrées par le Mali au cours de ses dernières années en matière de protection et de promotion des droits humains des femmes et leur autonomisation. Ces avancés ont été consolidé selon elle « par l’adoption de la loi 2015 (L 052) du 18 décembre 2015 instituant des mesures pour promouvoir dans l’accès aux fonctions nominatives et électives, l’adoption du politique national genre en 2010 et ses différents plants d’actions. L’opérationnalisation en cours au sein de mon département du plan décennal pour le développement de l’autonomisation de la femme et de l’enfant assorti d’un premier programme quinquennal 2020-2024 et sa prise en compte dans le nouveau cadre stratégique pour la relance économique et le développement durable. Le programme plate-forme multifonctionnel pour l’autonomisation des femmes. Le programme d’appui à l’autonomisation des femmes dans la chaine de valeur karité et les filières porteuses. La mise en place du fonds d’appui d’autonomisation et à l’épanouissement de l’enfant. La création du programme national de la lutte contre les violences basées sur le genre. La réforme en cours du système de santé qui est une matérialisation de la haute volonté politique du président de la République en faveur des soins de santé de qualité pour les maliens ….La récente donation par son Excellence Mr le Président de la république d’un important lot de matériel agricole aux femmes rurales à l’occasion de la journée internationale de la femme rurale le 15 octobre 2018, montre à suffisance tout l’intérêt qu’il accorde à l’autonomisation de tous les femmes maliennes en particulier celles qui vivent en milieu rural » a-t-elle conclu. Les participants ont eu droit à des scènes de théâtre illustrant les violences que subissent les femmes dans leurs foyers.
BINTOU ARIELLE DIARRA : Femme leader
Je crois qu’il y a une l’évolution parce que, d’importantes actions ont été faites sur le plan de la sécurité, des droits de la femme et pour son autonomisation. Pour celui qui suit l’histoire, rares étaient les femmes qui occupaient les postes nominatives ou électives importantes mais, actuellement ce n’est pas le cas, les textes sont pris et appliqués en faveur de la promotion de la femme. Je pense bien qu’il y a des changements parce que, le 08 mars n’est plus seulement une affaire de femmes des grandes villes mais, de toutes les régions et même dans les coins les plus reculés. Donc, les femmes, plus elles sont sensibilisées et informées de leurs droits, plus elles deviennent autonomes. Il y a un adage qui dit que chaque que derrière chaque grand homme se cache une grande femme. Nous ne voulons plus être cette grande femme cachée derrière le grand homme mais à côté du grand homme.
Mme Sangaré Aicha Koné : Présidente de l’Association Benkadi Soro yiriwa de Lassa
Le changement est vraiment remarquable, moi j’ai été surpris par cette prise de conscience de la part des femmes. Je suis la présidente d’une association de plus 600 femmes et nous sommes venues avec six bus pour célébrer cette journée. Cette sortie massive prouve la volonté des femmes de faire bouger les choses. Nous aussi, nous voyons une grande volonté du gouvernement à travers les lois qui protègent le droit des femmes, à travers les fonds d’appui misent à la disposition des femmes et même à travers les reformes sur le système de la santé en faveur de la promotion de la femme. J’invite les femmes à s’impliquer d’avantage en formant des groupements et associations et postuler pour les poste électives afin d’être beaucoup plus représentées aux postes de décisions et cela permettra d’accélérer le processus de l’autonomisation parce que, seules les femmes connaissent les vrais problèmes des femmes.
Mme Diallo Fatoumata Kourouma : Coordinatrice Nationale de l’association Africa Femmes performantes
Je pense que les droits des femmes sont confisqués. Si on prend l’exemple sur Bamako, il y a beaucoup d’association qui ne reçoivent l’aides d’aucune part, alors que des fonds sont allouées pour aider ses associations et groupements de femmes. Les femmes ont besoin des financements de leurs projets, on a fait des formations mais les moyens nous manquent pour la réalisation de nos entreprises, c’est dire que les femmes ne sont pas suffisamment accompagnées pour mieux exprimée leurs performances. Je profite de votre micro pour dire aux femmes de prendre des initiatives et faire un rapport pour le déposer à la mairie et la mairie remonte ce rapport au niveau du gouvernorat et ce dernier à son tour fait remonter l’information au ministère afin que le ministre puisse faire un bon répertoire dans le cadre de la décentralisation.
Mamadou Gagny TRAORE