Face à l’explosion de nouveaux cas de contamination au Covid-19, on espérait que nos autorités allaient enfin prendre le taureau par les cornes. Hélas, la réunion extraordinaire du Conseil supérieur de la défense nationale (CSDN, tenue le vendredi 9 avril 2021 à Koulouba) a pris des mesures qui donnent du déjà vu. Autant alors s’en remettre à la prise de conscience individuelle de chaque citoyen et à la providence.
Face à l’explosion de nouveaux cas de contamination au COVID-19, les autorités ont pris de nouvelles mesures préventives à l’issue d’une réunion extraordinaire du Conseil supérieur de la défense nationale (CSDN) tenue vendredi dernier (9 avril 2021) à Koulouba. Depuis mi-mars, le pays fait face à «une hausse inquiétante de la propagation de la maladie avec près du tiers de positivité des personnes testées, jeudi 8 avril 2021». En effet, jeudi dernier, les services de santé ont enregistré le record de 413 nouveaux cas positifs et 312 nouvelles contaminations le samedi 10 avril 2021. On n’avait jamais atteint 200 nouveaux cas positifs depuis le début de la crise sanitaire le 25 mars 2020.
Face à cette situation, les autorités maliennes ont donc décidé, entre autres, de veiller au respect strict de l’interdiction des rassemblements de plus de 50 personnes ; de procéder à la fermeture de tous les lieux de loisirs pour la période allant du 10 au 25 avril inclus ; de suspendre toutes les festivités et autres manifestations pour une durée de 15 jours à compter du 9 avril 2021 ; d’accélérer l’acquisition de nouvelles doses de vaccin et d’intensifier la campagne de vaccination ; de procéder à une campagne d’information et de sensibilisation, à travers notamment la plateforme multi-acteurs de riposte au COVID-19 sur le caractère vital de la vaccination…
Ces mesures, a précisé le communiqué, ont été adoptées à l’issue d’une «analyse approfondie de la situation» afin de «rompre la chaîne de contamination». Mais, nous trouvons que les autorités ont réellement manqué de courage face au péril. Les mesures annoncées ont été déjà prises plusieurs fois, mais sans grand effet sur la pandémie parce qu’elles ne sont pas non seulement suivies par la majorité des citoyens (qui ne croit pas toujours à la réalité du maladie au Coronavirus), mais parce que le gouvernement ne s’est jamais donné les moyens d’un suivi strict et de sanctionner les contrevenants.
Certes, les lieux de loisirs, les festivités et autres manifestations artistiques et culturelles peuvent contribuer à la propagation du virus. Mais, les mesures préventives comme le port du masque y sont généralement plus respectées que dans nos lieux de culte (notamment les mosquées) et surtout lors de nos cérémonies sociales. On peut comprendre le manque d’audace des décideurs de fermer mosquées par exemple dans un pays où la religion et l’opium de la majorité et où les leaders religieux ont pris goût à leur statut de «faiseur de rois».
On peut comprendre que, par respect pour la douleur des proches éplorés, on ferme les yeux sur les rassemblements lors des obsèques. Mais, rien n’empêche aujourd’hui le gouvernement de sévir contre ces mairies et places publiques bondées à l’occasion de la célébration des mariages. Et bien sûr sans aucun respect des mesures barrières. Ces rassemblements inutiles (mariages, baptêmes) sont en partie à la base de l’explosion des nouveaux cas de contamination au Covid-19. Face aux chiffres hallucinants de ces derniers jours, ce ne sont ce que certains observateurs taxent de «mesurettes» qui pourront briser la chaîne de contamination. Il faut des mesures drastiques (courageuses et audacieuses) pour enrayer la menace. Nous avons apprécié, comme tous les citoyens conscients du péril sanitaire qui plane à l’horizon, la présence remarquable des forces de l’ordre au niveau des espaces verts de l’échangeur et des monuments où les cortèges de mariage se retrouvent généralement. Mais, nous aurions aussi aimé voir une telle présence au niveau des mairies… Sans compter qu’il ne s’agit pas seulement d’empêcher les cortèges d’accéder à ces lieux, mais de disperser la foule quand elle dépasse 50 personnes.
Il est aussi souhaitable que le gouvernement pense à rapidement dédommager les artistes et les entrepreneurs culturels qui avaient déjà investi des fonds pour l’organisation de plusieurs événements. En effet, de nombreuses activités artistiques et culturelles, dont des Festivals, étaient annoncées un peu partout dans le pays avant le début du ramadan prévu cette semaine dans notre pays.
Kader Toé du Matin