Depuis qu’elle a rejoint les Forces guinéennes, il y a 10 ans, Kadiatou Bah (33 ans), a gravi les échelons pour devenir la seule femme à faire partie de la flotte de véhicules mobiles de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) à Kidal, au Nord du Mali. Comme elle, d’autres guinéennes évoluent dans le maintien de la paix.
«Pour moi, peu importe que je sois la seule femme du groupe des 50 hommes», explique Kadiatou Bah à l’équipe médias de la mission. Pélagie Diawara (26 ans), a quitté la Guinée Conakry pour rejoindre la Minusma à Kidal en août 2018. Elle est l’une des 16 femmes d’un bataillon guinéen de 850 hommes. Se séparer momentanément de son mari et de ses deux enfants n’a pas été un obstacle insurmontable.
Pélagie reste enthousiaste et disciplinée au sujet de son travail «autant que les hommes». Et de préciser, «je veux montrer aux autres femmes qu’il n’y a pas d’obstacles lorsque vous recherchez un développement personnel et que vous pouvez vous démarquer dans ce travail militaire».
Officier des services de renseignements du contingent guinéen, elle a ressenti un immense bonheur en apprenant le choix porté sur elle pour intégrer le contingent guinéen de la Minusma. «Mon moment le plus heureux en tant que soldat, c’est quand j’ai été sélectionnée, en tant que femme, pour participer à ce poste de maintien de la paix. J’ai alors reçu le soutien total de ma famille, pour cette mission en particulier, et pour ma carrière militaire en général».
Fière de jouer un rôle important dans le maintien de la paix, Kadiatou Bah souhaite que les femmes marquent leur passage de leur empreinte afin d’encourager le déploiement davantage de femmes dans des missions de maintien de la paix partout dans le monde. «Je pense que le moment est venu, et je pense que c’est important que d’autres femmes se rendent compte qu’il est possible, y compris dans le système des Nations Unies, d’entrer dans la hiérarchie militaire et de servir dans des environnements difficiles», a-t-elle défendu.
«L’expérience de la Mission a renforcé ma confiance pour travailler dans des environnements difficiles avec une supervision limitée. J’aime avoir la responsabilité de gérer une dimension très critique et sensible des opérations», confie Pélagie.
Alors que la journée de Pélagie et Kadiatou touche à sa fin, elles commencent à se préparer pour le lendemain dans le vaste désert du Nord-Ouest de l’Afrique, sans être pour autant perturbées par ce rude environnement. «Nous sommes ici pour aider le peuple malien. C’est ce que nous faisons», précisent-elles.
L’augmentation du nombre de Casques bleus de maintien de la paix est l’une des recommandations clés de la «Stratégie à l’échelle du système sur la parité hommes-femmes» lancée par le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, en 2017. Elle vise à atteindre la parité hommes-femmes d’ici 2028.
En octobre 2000, les Nations Unies ont adopté la résolution historique 1325 qui vise, entre autres, à accroître la participation et l’influence des femmes dans les processus de paix dans le monde. Bien que des progrès aient été lents à venir, il y a des signes de changement.
Dans un effort accru en faveur de l’égalité des sexes, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) s’est efforcée, au cours des dernières années écoulées, d’intégrer les perspectives sexo-spécifiques lorsqu’elle s’acquitte des tâches qui lui ont été confiées.
L’accroissement de la participation des femmes au maintien de la paix est reconnu comme un facteur déterminant du succès général de ces missions. «Les femmes apportent une perspective différente aux opérations de maintien de la paix», a déclaré le Général Dennis Gyllensporre, Commandant de la Force de la Minusma. Selon-lui, «elles et elles seules peuvent accéder aux réseaux de femmes dans les communautés, améliorant ainsi la compréhension globale de la situation».
Au 25 septembre 2018, la Minusma comptait 363 femmes Casques bleus, soit environ 3 % des 12 000 hommes. A titre de comparaison, les femmes représentaient 1,8% des Casques bleus de la Mission l’an dernier et 1,5 % trois ans plus tôt. Parmi les 56 pays qui fournissent des contingents à la Minusma, le Burkina Faso compte le plus grand nombre de femmes en uniforme (68), suivi du Togo (38), du Tchad (37), de la Suède et du Cambodge (25 chacun).
Et le Général Gyllensporre a conclu en rappelant, «la Minusma continuera de faire tout ce qui est en son pouvoir pour réaffirmer le rôle important des femmes dans la prévention et le règlement des conflits, dans la consolidation et le maintien de la paix».
Bravo aux femmes dans le maintien de la paix.
Moussa Bolly
(Avec la Minusma)