BAGAYOKO AÏDA KANTÉ, ENSEIGNANTE ET FEMME LEADER: QUAND LA VOCATION SERT DE TREMPLIN DE RÉALISATION DES AMBITIONS SOCIOPROFESSIONNELLES

Directrice du Centre d’animation pédagogique (CAP) de Ouéléssébougou et présidente de l’Association des femmes éducatrices du Mali, Mme Bagayoko Aïda Kanté était au four  et au moulin à l’occasion de la célébration de la Journée panafricaine de la Femme. Une débauche d’énergie compréhensible d’autant plus que le  thème de cette année leur était consacré : «Des institutrices d’hier aux enseignantes d’aujourd’hui : les femmes à l’avant-garde de la refondation à travers l’Education» ! Zoom sur une femme leader qui fait aujourd’hui la fierté des éducatrices du pays, voir de l’enseignement de manière générale.

 

«J’ai été attirée par l’enseignement à cause de l’autorité que l’enseignant avait sur les élèves, leur façon de se comporter, de parler, de se promener entre les rangées des classes… J’ai toujours été fascinée par l’enseignement» ! La confession est de Mme Bagayoko Aïda Kanté. Enseignante par vocation, qui exerce depuis 24 ans, elle est aujourd’hui la Directrice du CAP de Ouéléssébougou. Issue de la promotion 2000 de l’Institut pédagogiques de l’enseignement général  (IPEG) de Kangaba, Aïda ne regrette pas d’avoir embrassé le métier d’enseignante.

«Cette profession a contribué à créer en moi de l’assiduité, du respect, de l’honneur, de la dignité. Enseigner m’a permis d’acquérir l’ouverture d’esprit. Cela m’a aussi motivé à persévérer en toutes circonstances… Je n’ai aucun regret d’avoir opté pour cette carrière», avoue-t-elle. Et d’enchaîner, «je suis fière d’être enseignante et je le resterai avec fierté ». Une fierté qui se mue en dévouement dans l’accomplissement de sa mission. «Elle est très motivée dans l’accomplissement de sa fonction de Directrice de CAP. Celui de Ouéléssébougou n’a pas de véhicule, mais Mme Bagayoko est toujours dans les écoles, mêmes dans des localités les plus reculées de sa circonscription, pour faire ses suivis de proximité et s’enquérir des difficultés des enseignants et des Comités de gestion scolaire (CGS) afin d’apporter des solutions aux problèmes qui peuvent entraver le bon rendement scolaire», témoigne un élu de Ouéléssébougou.

La force d’Aïda, selon ses proches et collègues, c’est qu’elle est consciente des obstacles qu’une enseignante doit surmonter pour franchir les échelons. Il s’agit, entre autres, du manque ou de l’insuffisance de matériel ; supporter les caprices des enfants ; s’impliquer dans la gestion des changements d’humeur des petits enfants et dans le comportement des adolescents ; le difficile accès aux formations continues pour renforcer ses capacités et ses compétences. «Pour pallier le manque de matériels didactiques, l’enseignante ou l’enseignant doit être à mesure de les confectionner où d’inviter les élèves à venir avec le jour de l’exécution de la leçon», souligne la charmante et expérimentée enseignante.

En tout cas, Aïda Kanté ne ménage aucun effort pour être une bonne enseignante, du début de sa carrière à nos jours. « Une bonne enseignante doit veiller sur la réussite de ses élèves ; reformuler ses questions, ces phrases jusqu’à les simplifier pour les enfants ; s’intéresser à la spécificité de chaque élève, comme par exemple les filles pendant les indispositions ou les enfants vivant avec un handicap…», définit-elle.

Une battante qui ne renonce jamais à un objectif à atteindre

«Aïda a toujours été une battante. A l’école, contrairement à nous, elle ne baissait jamais les bras face à une difficulté. Quand elle se fixe un objectif, elle ne s’accorde pas de répit tant qu’elle n’a pas gain de cause. Je ne suis pas surprise qu’elle soit devenue une grande enseignante qui est en train de franchir allègrement les échelons avec beaucoup de mérite», témoigne une camarade d’enfance.

Pour cette femme leader, l’enseignement peut être aussi un tremplin de l’émancipation féminine. «L’enseignement est un métier valorisant et  favorise l’émancipation et l’autonomisation de la femme en lui donnant les moyens de réaliser ses projets et de concrétiser ses ambitions», reconnaît Mme Bagayoko, une femme émancipée et autonome aujourd’hui grâce à l’éducation. «Je n’ai pas vu un métier plus valorisant que l’enseignement parce que, au 21e siècle, aucun secteur de développement ne peut évoluer sans une bonne formation, sans une bonne éducation», ajoute la présidente de l’Association des femmes éducatrices du Mali. Et de clore ce chapitre en rappelant que «l’enseignement permet aux femmes de se former, de se cultiver pour mieux s’épanouir. Et avec le salaire qu’elle gagne, elle peut s’organiser et subvenir à ses besoins pour être autonome afin de mieux s’émanciper».

La cinquantaine abordée avec élégance et sans complexe, cette brave mère de 2 enfants voit l’avenir de sa profession avec beaucoup d’optimisme. «L’avenir de ma profession dépend de la vision des autorités étatiques et du sacrifice que les enseignants sont prêts à consentir pour toujours à la hauteur de l’attente nationale et aussi pour se faire respecter des décideurs. Quand les autorités veulent réellement valoriser l’enseignement, elles mettront tous les moyens (matériels humains, administratifs, techniques…) pour son épanouissement », souligne Madame la Directrice du CAP de Ouéléssébougou. Tout comme la très engagée Aïda est convaincue que «l’avenir de l’école malienne n’est pas dissociable de celui du pays. L’avenir de l’école dépend des orientations que le pays lui offre. Je suis optimiste au regard de ce qui se passe comme par exemple l’octroi  des bourses à ceux qui sont par exemple admis au BAC avec la Mention ainsi que la bonne organisation des examens…».

Comme conseil, la pédagogue demande aux parents de s’impliquer dans le suivi des enfants, surtout à la maison. «Il faut qu’ils s’impliquent malgré qu’ils ne soient pas des pédagogues. On peut ne pas être lettrés, mais veiller à ce que les enfants soient polis parce que bien éduqués à la maison, apprennent leurs leçons, exécutent leurs devoirs à domicile et fréquentent assidûment l’école», pense Mme Bagayoko.

Un conseil avisé d’une épouse dévouée, d’une mère à cheval sur les valeurs éducatives et d’une très rigoureuse et expérimentée pédagogue.

Des héroïnes engagées à l’avant-garde de la refondation du Mali

« Des institutrices d’hier aux enseignantes d’aujourd’hui : les femmes à l’avant-garde de la refondation à travers l’Education» ! Tel était le thème de la célébration cette année de la symbolique Journée panafricaine des femmes, le 31 juillet 2024. Ce choix vise à mettre en exergue la contribution des Maliennes à la refondation de l’Etat en faisant de «l’école malienne un vrai cadre d’apprentissage, de connaissances et de valeurs sociales». Très sollicitée par les médias dans la mouvance de cette célébration, Mme Bagayoko Aïda Kanté (Directrice du CAP de Ouéléssébougou et présidente de l’Association des femmes éducatrices du Mali) s’est prononcée sur leur rôle d’hier à aujourd’hui.

 

«Les institutrices d’hier étaient résolument engagées à faire réussir leurs élèves. L’enseignant ou l’enseignante était le seul détenteur ou la seule détentrice du savoir dont la transmission était verticale, de l’enseignant aux apprenants. Le châtiment corporel était le moyen le plus utilisé pour l’assimilation», rappelle-t-elle. Par contre, souligne Aïda Kanté, «les enseignantes d’aujourd’hui sont moins engagées dans ce sens. Ce changement est lié aux différentes innovations expérimentées au niveau de l’École malienne. C’est le cas par exemple de la nouvelle école fondamentale (NEF)».

Pour la refondation de Mali Kura, rappelle la Directrice du CAP de Ouéléssébougou et présidente de l’Association des femmes éducatrices du Mali, «les enseignantes ont un rôle d’éducation et d’orientation de la jeunesse vers l’amour de la patrie et de son prochain, le travail bien fait, le respect du bien public… Nous, les enseignantes d’aujourd’hui, nous entretenons un rôle de coaching et d’assistance avec nos élèves ».

Pour des enseignantes dévouées comme Mme Bagayoko, pour qui enseigner est un sacerdoce, la refondation de l’Etat doit reposer sur une éducation de qualité et les enseignantes sont au cœur de cette transformation. Face aux progrès des nouvelles technologies, elles se sont adaptées et utilisent aujourd’hui des méthodes modernes. Elles enseignent et soutiennent les élèves sur le plan émotionnel. Ce qui est déjà une énorme contribution dans la construction du nouveau citoyen dont le Mali Kura a aujourd’hui besoin pour tenir ses promesses et combler les attentes !

Moussa BOLLY

 

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