AWA MAHAMANE MAÏGA: UNE JEUNE ÉCRIVAINE TRÈS ENGAGÉE

Née le 23 Avril 1999 à Tonka, cercle de Goundam dans la région de Tombouctou. Awa Maïga est issue d’une famille nombreuse et intellectuelle. Sa famille déménage à Bamako, suite à la rébellion au Nord du Mali en 2012-2013. Elle décrocha son diplôme d’études fondamentales puis son baccalauréat au Lycée Baminata Coulibaly avec mention Bien. Récipiendaire d’une bourse, elle poursuivra ses études universitaires en Algérie . Awa Mahamane Maïga est détentrice d’une licence en Langue Anglaise et un Master en Culture et Entreprise. Elle est aussi, certifiée en communication Marketing-Management à ESGI de Bejaia. Depuis 2021, elle est aux États-Unis, où elle exerce professionnellement et poursuit des études pour l’obtention d’un Master en « Public Affairs » dans l’État du Wisconsin à Madison. Très passionnée, Awa sort son premier Roman à l’âge de 18 ans pendant qu’elle était encore étudiante en Algérie. Cette passion pour la littérature fut la raison de la création de Kitab Center qui a commencé en tant qu’un Club de lecture aux ambitions de s’étendre à des horizons plus larges en Afrique et dans le monde. Awa est membre de plusieurs organisations dont principalement le Club Rotaract Bamako-Kanu et le Réseau des Femmes Écrivains du Mali et de la Diaspora. Lauréate de plusieurs compétitions juvéniles en milieu francophone et autres

NYELENI Magazine : A 18 ans, vous avez écrit votre premier ouvrage, comment êtes-vous venue à l’écriture ?
Awa Mahamane Maïga : C’est aussi spontané que se désaltérer d’une soif. Depuis mon enfance, j’ai été influencée par les lettres, cette passion est née, en premier, du fait que mon papa m’offrait régulièrement des livres comme cadeaux , également l’environnement ainsi, que mes fréquentations et tous mes loisirs se redirigeaient vers les livres. J’ai grandi ayant comme priorité l’apprentissage, cela est surement dû au fait que mes parents m’ont éduqué avec un sens élevé et un intérêt particulier pour l’école, j’ai compris très vite que la connaissance est un acquis, c’est la plus grande richesse qu’on puisse s’offrir et le plus grand trésor dont personne ne peut nous dérober, rejoignant ainsi la citation de Nelson Mandela qui disait : « L’éducation est l’arme la plus puissante pour changer le monde ».

Cependant, j’ai toujours senti que la lecture était une source de paix, elle m’a permis de tomber amoureuse du monde, de vouloir la pénétrer et découvrir ses merveilles, tous ses endroits dans lesquels j’ai voyagé tout en restant sur place. Mon parcours estudiantin en Algérie, a été le déclencheur de mon talent d’écrivain. Ce fut le moment pour moi de me retrouver, de prendre du temps pour moi et de me découvrir. Je savais ce que je voulais faire et c’était tout d’abord vivre ma passion, la rendre réelle et en jouir pleinement. Cette époque de ma vie m’a aidé à me surpasser, très significative de ma vie, vivre des expériences, tirer des leçons et vouloir partager pour que ça serve à d’autres. Voilà comment l’écriture m’est venue, elle représente la boussole de ma vie.

NYELENI Magazine : Vous avez publié deux livres, le premier est « La réussite, mais à quel prix? »  de quoi parle-t-il?
Awa Mahamane Maïga : Mon premier Roman intitule « La réussite, mais à quel prix? » fut publié aux Éditions du Net en 2018. Le choix de ce titre est d’autant plus authentique, dans la thématique où il s’harmonise en intégralité avec le contenu du livre et également le terme “réussite” est un concept clé, pertinent et d’actualité qui attire sans doute l’attention d’un bon nombre de lecteurs.Tout se résume en un point appelé « éducation ». Je pense que les difficultés de la vie ne représentent en aucun cas une raison de se défaire de ses valeurs sociales car nos valeurs représentent notre originalité et notre identité. Elles sont d’une grande envergure expérimentale et au lieu d’une opposition, je vois cette combinaison à renforcer et à maintenir nos mœurs afin de ne point oublier d’où l’on vient pour mieux se rappeler de notre destination. En réalité, ces valeurs sont les raisons essentielles qui doivent nous permettre de rester sur le qui-vive et de mieux affronter les entraves manifestes à la Globalisation. Nos valeurs représentent notre culture et nous devons être en mesure de les booster et cela partout dans le monde et dans n’importe quelle situation. En effet, plusieurs thèmes sont abordés dans le livre dont l’émigration clandestine reste la plus accostée.

NYELENI Magazine : Pourquoi l’accent sur l’émigration ?
Awa Mahamane Maïga : Cela est surement dû au fait que j’accentue sur la logique selon laquelle on devrait plus intérioriser qu’extérioriser et que les bons fruits doivent être valorisés et exploités chez soi. On prétend progresser, mais il faut reconnaitre qu’il y aura toujours une faille à notre développement tant qu’on se laissera influencer et complexer par toute provenance de l’extérieur. Mon cœur souffre, j’ai des larmes aux yeux, quand je vois une multitude de personnes perdant la vie dans des conditions misérables, juste dans le but de vouloir atteindre cet idéal, ce soi-disant “El Dorado”qui n’est, en vrai, rien de plus que mirage. Je profite de cette thématique pour ressortir les côtés sombres de l’immigration clandestine et j’insiste toujours sur le fait que l’étranger est loin d’être la solution à tous nos maux. Alors, concernant les autres histoires du livre, il y en a certaines qui s’inspirent également de faits réels tirés de mes expériences et de mon entourage. Tout n’est pas que fiction!

NYELENI Magazine : « Dans la profondeur des nuits », le deuxième livre est sur quoi ?
Awa Mahamane Maïga :
 Le deuxième livre est un recueil de Nouvelles à cheval entre la fiction et la réalité. Ces quelques histoires respectives évoquent tantôt des histoires imaginaires afin d’inculquer comme leçon, l’espoir que représente la jeunesse pour le développement communautaire. Elle met en Lumière des valeurs essentielles comme la solidarité et l’union et les autres parties évoquent la violence faite aux orphelins à travers une histoire tranchante d’une héroïne très tenace. La dernière partie du livre raconte les tendances actuelles entre les sentiments, l’humanisme, l’amour et le matérialisme. Qu’en est-il de la place de l’éducation en famille, à l’école et dans la société? L’éducation actuelle mérite-t-elle une réforme, a-t-elle perdue son sens?

NYELENI Magazine : Aujourd’hui, vous résidez aux États-Unis, parlez-nous de votre travail actuel et vos passages à l’ambassade du Mali dans deux pays?
Awa Mahamane Maïga: Imprégnée très tôt dans le monde professionnel, mon passage récent à l’ambassade du Mali à Alger, m’a redonné goût au monde diplomatique et a inéluctablement renforcé ma passion pour les relations internationales, avoir eu cette chance de pratiquer et d’avoir une vision plus claire dans ce domaine, a été l’une de mes grandes prouesses durant la Covid-19. Activiste et Militante pour l’émancipation et les droits des femmes et occuper des positions stratégiques dans les institutions administratives et politiques, surtout ayant été la première femme à occuper et diriger démocratiquement l’association des élèves, étudiants et stagiaires maliens en Algérie m’a permis de servir, de nourrir mon leadership et de grandir mentalement. Ce fut l’une de mes plus belles expériences en Algérie, couronnée ensuite par la fondation du Club de lecture Kitab qui souhaite s’étendre à des horizons encore plus larges.

NYELENI Magazine : Quel post vous occupez maintenant ?
Awa Mahamane Maïga : Actuellement, je suis la Directrice Exécutive de Leading Change Africa, qui est une Organisation non gouvernementale, basée aux États-Unis et ayant ses centres partout en Afrique. Cette Organisation s’investit aussi bien dans l’éducation à travers la donation de bourses d’études aux jeunes Africains mais également à travers l’accompagnement et le suivi dans l’entrepreunariat juvénile comme moyen d’apporter un changement en termes de Leadership et de développement durable dans nos pays Africains. En 2022, Leading Change a comme programme de lancement au Mali : De sponsoriser dix (10) jeunes élèves exceptionnels après leur baccalauréat afin qu’ils viennent poursuivre leurs études universitaires et entamer une carrière professionnelle ensuite retourner servir leurs pays respectifs. Ceci est un pas très important qui promet des jours meilleurs.

NYELENI Magazine : Quelle est votre vision du changement ?
Awa Mahamane Maïga : Le changement est un cycle de la vie, il est donc inévitable et tout être passe plusieurs phases de la vie et chaque période est décisive, elle marque une fin et un début à tout. Je pense que tout changement se prépare, il n’existe pas de changement brusque, tout se planifie et il commence par chaque détail qui lui confère un sens très particulier, le changement est continuel. Du petit enfant au plus vieux, chacun a un rôle à jouer. De même qu’il n’existe de petit changement, il prend un énorme impact dans l’esprit collectif et le leadership. Ma vision du changement est participative, elle implique toute les couches sociales, les femmes, la vielle génération qui nous serve de référence et les plus jeunes qui constituent l’avenir. Je pense que le leadership, la responsabilité et l’action nous amènera très loin.

NYELENI Magazine : Que pensez-vous du statut de la malienne ?
Awa Mahamane Maïga : C’est un statut toujours aussi neutre, fragilisé par les coutumes abusifs l’offusquant dans son expression. Je pense que la femme malienne est capable, je n’aime pas le dire, j’aime le voir et le réaliser en moi. Je pense que nous avons encore du chemin à faire mais, j’ai foi en la conviction féminine malienne, car j’ai la ferme conviction ; qu’il n’ y a absolument aucune limite en ce que nous pouvons accomplir en tant que femmes. Et bien, au-delà de ce rôle limité en famille et dans la société, que nous confère le patriarcat, je pense qu’il y a des femmes battantes, qui font bouger l’économie malienne et surtout au plans communautaire. Les femmes participant activement au développement mais, force est de reconnaitre que nous avons encore du chemin à faire, nous avons besoin de lois, pour nous protéger et nos vies et nos droits et tout ceci serait possible à travers l’accès aux postes politiques, stratégiques et décisifs dans nos institutions.

NYELENI Magazine : Quelles sont vos perspectives ?
Awa Mahamane Maïga : Je travaille acharnement pour un Mali nouveau, un Mali Meilleur. Je pense que la meilleure des perspectives passe d’abord par l’éducation d’où la raison pour laquelle j’y investie et mon temps et mes ressources, le patriotisme, le leadership et aussi le savoir-être. Je rêve d’un Mali de solutions et d’opportunités. Ensemble, chacun peut faire un impact et chaque action compte. L’éducation a influencé ma vie positivement d’où cette croyance en sa magie. Ma passion m’a toujours guidé et je souhaite à chacun de chercher son don, chercher à se connaitre et à identifier sa mission dans ce monde si éphémère.

Propos recueillis par Maïmouna TRAORÉ

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