Aïssata Bocoum est une jeune malienne très active, détentrice en 2014, d’une Maitrise (Master) en Anglais Unilingue à la Faculté́ des Lettres, Langues et Sciences du Langage (FLSL). Elle poursuit son master II, en genre et développement, , à la Faculté́ des Sciences Administratives et Politiques (FSAP).Aïssata est la présidente de l’association YELEEN et membre de plusieurs réseaux de femmes, dont entre autres : FENACOF (Fédération Nationale des Collectifs et d’Organisation Féminines du Mali), MFM (Mouvement Féministe du Mali). Aïssata Bocoum parle Français, Anglais, Bambara, Wolof et Peulh. Elle nous parle ici, de ses ambitions pour les femmes du Mali.
NYELENI Magazine : En 2014, votre thème de mémoire était «La participation des femmes en Commune VI à la vie publique ». Qu’avez-vous appris de cette participation?
Aïssata Bocoum: Lorsque je faisais mes recherches, j’ai constaté que les femmes ne participaient pas beaucoup à la vie publique surtout en politique. D’après mes enquêtes auprès d’une vingtaine de femmes en commune VI, elles pensent que selon nos us et coutumes la femme ne doit pas se mêler de la vie publique et politique, car toujours selon elles, leurs rôles s’arrêtent à la reproduction, s’occuper du foyer et du mari. Nos pesanteurs socio culturelles sont en grande partie, la source de l’abstinence des femmes à la vie publique.
NYELENI Magazine : En 2021, vous vous attaquez au genre et au développement était-ce pour mieux cerner les inégalités constatées dans le premier travail de mémoire ?
Aïssata Bocoum : Le concept genre n’étant pas bien compris dans la société malienne, pour approfondir mes connaissances, j’ai décidé de faire le Master, pour ensuite pouvoir approfondir mes compétences sur les questions de Genre afin, de lutter contre les inégalités et promouvoir l’égalité au sein de notre société.
NYELENI Magazine : Vous créez l’Association Yeleen, quels sont ses objectifs ?
Aïssata Bocoum : YELEEN a pour objectif de lutter contre les violences basées sur le genre, promouvoir l’éducation des jeunes filles, contribuer à la promotion de l’autonomisation économique des jeunes filles et femmes, promouvoir le leadership féminin etc.
NYELENI Magazine : Parlez-nous de la couverture géographique de votre association et quelques activités réalisées ?
Aïssata Bocoum : YELEEN est une association nationale qui existe dans toutes les grandes régions du Mali. Toutefois, nos membres participent à de nombreux ateliers et séminaires à l’échelle sous régional et même africain. Les activités réalisées sont entre autres : Le renforcement de capacités des membres en développement personnel ; Les causeries- débats avec les femmes de l’association « Balimaya » de Niamakoro sur le thème, « Femmes : actrices incontournables, debout pour la paix, la sécurité, la cohésion sociale et la réconciliation au Mali », financée par Aide à l’Église Norvégienne AEN, sur « Impact du changement climatique sur la paix, la sécurité et la cohésion sociale, quel devoir pour les femmes », en consortium avec AMAVEC et RFCOPA, sur les violences faites aux femmes ; suivie de don de produit alimentaire et matériel sanitaire (Médicaments, Gels, masques, thermo flash, Spaghetti, savons, habits, livres, jouets pour enfants,) aux déplacées de Titibougou. Nous avons mené, dans le cadre de la vulgarisation du projet de constitution, des activités aves les étudiants de IPSMART et le Grin des jeunes de Magnambougou et le groupement des femmes ‘’BALIMAYA’’ de Niamakoro
NYELENI Magazine : Quels sont les réseaux de femmes dans lesquels vous êtes actives
Aïssata Bocoum : Coalition Nationale des femmes du Mali (CNF-Mali), Association Femme Leadership pour le Développement (AFLED), Fédération Nationale des Collectifs et d’Organisation Féminines du Mali (FENACOF), Mouvement Féministe du Mali (MFM), Vivier d’Expertise Féminin en Prevention et Gestion des Conflits.
NYELENI Magazine: Au cours de vos activités, quels sont les thématiques que vous abordez?
Aïssata Bocoum: Nous abordons les thématiques du leadership féminin, les violences basées sur le genre, la santé sexuelle et reproductive, l’Agenda femme paix et sécurité, le changement climatique, l’entreprenariat, l’autonomisation économique des femmes, l’art oratoire, la communication, le plaidoyer , la Résolution 1325 et 2250 etc.
NYELENI Magazine: Quel est pour vous, le rôle et la responsabilité des maliennes dans la paix et la réconciliation?
Aïssata Bocoum: les femmes du Mali constituent une force vive dans le processus de paix et de réconciliation. Elles sont les premières victimes et les plus fragilisées. En ce sens, qu’elles peuvent influencer de manière constructive les domaines qui se répercutent directement sur leur vie, mais aussi de faire des plaidoyers auprès des groupes armés pour la pacification du pays.
NYELENI Magazine: Pour vous, un Mali respectueux des droits de l’Homme, c’est quoi?
Aïssata Bocoum: Un Mali respectueux des droits de l’homme est un Mali où les droits fondamentaux sont respectés, où il existe l’égalité des chances et d’opportunités, où l’équité aboutit irrémédiablement à l’égalité, où la socialisation n’affectera point les décisions de qui que ce soit…
Maïmouna TRAORÉ