AU VILLAGE DE MAMISSA, L’UNICEF fait des merveilles

Dans le cadre de son programme de coopération avec le gouvernement malien, le représentant résident du Fonds des Nations unies pour l’Enfance (UNICEF) a effectué une visite de terrain dans le village de Mamissa (cercle de Bougouni, région de Sikasso), le vendredi 9 juin 2017. Pour Fran Equiza, il s’agissait de s’enquérir de la situation relative aux initiatives d’éveil de la petite enfance à travers la vision «Pour chaque enfant, des chances égales».

Susciter  et promouvoir les bonnes pratiques auprès des décideurs et des ménages ainsi que des communautés en faveur des enfants maliens ! Tel était l’un des objectifs visés par la tournée de plaidoyer du représentant résident de l’Unicef dans la région de Sikasso.  Une visite de terrain effectuée  à la veille de la Journée de l’Enfant africain, célébrée chaque année le 16 juin, et qui coïncide également avec la fin de la mission de M. Fran Equiza au Mali.  Le projet d’éducation soutenu par l’organisme onusien, depuis 2016, contribue à ce plaidoyer dans les régions de Sikasso et Kayes. Bornefonden, l’ONG partenaire de l’UNICEF, est responsable de la mise en œuvre du projet à Mamissa et d’autres localités du cercle de Bougouni.  Le Mali est classé parmi les 10 pays ayant la plus forte prévalence de malnutrition aiguë globale et parmi les 20 pays ayant aussi la plus forte prévalence de retard de croissance chez les enfants. Plus d’un enfant sur quatre (26 %) souffre de malnutrition chronique (retard de croissance), souvent appelé «urgence silencieuse» ; car, invisible à l’œil nu.  Au Mali, le taux de malnutrition aiguë globale reste pratiquement supérieur à 10 %. Et les facteurs sous-jacents de la malnutrition des enfants sont, entre autres, l’insécurité alimentaire, la pauvreté, la présence d’autres maladies, la connaissance limitée des bonnes pratiques de nutrition et d’hygiène, les normes sociales et le genre.

Une «fenêtre d’opportunités»

Malnutrition aiguë

Les enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère (MAS) doivent recevoir un traitement de qualité pour assurer une guérison complète. L’Unicef est le seul organisme international pourvoyeur au Mali pour le traitement de la MAS. En 2016, cette organisation et ses partenaires ont aidé 145.000 enfants souffrant de MAS.  Et, en 2017,  le Fonds estime que 142.000 enfants souffriront de MAS.

Malnutrition chronique

En plus de répondre aux besoins des enfants déjà touchés par une malnutrition sévère, l’UNICEF appuie le gouvernement malien dans sa Politique nationale de prévention de la malnutrition grâce à la promotion des bonnes pratiques dans le domaine de la nutrition et des soins en faveur des communautés.  Et cela avec un focus sur la «fenêtre d’opportunités» des 1.000 jours de l’enfant, donc de la conception jusqu’à l’âge de 2 ans.Ces pratiques comprennent la bonne nutrition de la femme enceinte, l’allaitement exclusif jusqu’à 6 mois, l’alimentation de complément entre 6 mois et 2 ans (bouillie enrichie), la vaccination complète de l’enfant, une bonne hygiène, notamment le lavage des mains au savon et à l’eau propre.

L’approche unique de l’UNICEF positionne la communauté comme point d’entrée pour soutenir le droit à l’éducation pour chaque enfant. 

A Mamissa, un village situé à 39,5 km du Chef lieu du Cercle de Bougouni, le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance a soutenu l’amélioration des services d’eau, d’hygiène et d’assainissement. Cela s’est traduit par l’équipement de l’école primaire en un point d’accès à l’eau, la construction de latrines pour filles et garçons, ainsi que la dotation en dispositifs de lavage des mains au savon.

L’UNICEF a contribué à la promotion de l’approche de l’assainissement total menée par la communauté de Mamissa, village déclaré «libéré de la défection à l’air libre» en 2013. L’organisme soutient également les services de santé, notamment la vaccination dans le Centre de santé communautaire, la nutrition en soutenant la création et la formation d’un Groupe de promotion de la nutrition axé sur la communauté. Ce programme est connu sous le nom de Groupe de Soutien aux Activités Nutritionnelles (de GSAN) depuis 2013.

Accompagné d’une forte délégation, Fran Equiza a visité les investissements de l’Unicef dans le village de Mamissa. Il a commencé avec  la visite du Centre de développement de la petite enfance (CDPE). C’est un centre préscolaire accueillant actuellement 38 enfants, dont 14 filles et 24 garcons. Les enfants y sont encadrés par les Mamans d’éveil (ME). Ils ont réservé un accueil chaleureux au Représentant de l’Unicef.  Dans ce centre, les enfants participent à l’apprentissage préscolaire et à des activités de jeu pour stimuler leur développement cognitif.  Ce cadre idéal est reconnu pour  jouer un rôle clé afin d’assurer l’arrivée des enfants à l’école primaire, car ils sont prêts à apprendre et mieux préparés pour atteindre leur potentiel. A noter que c’est seulement environ 5 % des enfants maliens qui participent à une forme d’apprentissage préscolaire. A  Mamissa, 262 enfants (117 filles et 145 garçons) fréquentent l’école primaire. La moitié des enfants inscrits en première année vient du centre préscolaire du village. Après la visite du CDPE, Fran Equiza a  visité l’école primaire où il  a assisté à une séance de lavage des mains  au savon, avant d’être accueilli par les élèves de cet établissement.   Après cette étape, le représentant de l’Unicef a assisté  à une séance de démonstration culinaire de la bouillie enrichie, animée par les membres du GSAN.

Au cours de cette séance, il a été également très impressionné par la détermination et le dynamisme de ces braves  femmes du groupement appelé «Demba Yelen» qui préparent la bouillie enrichie avec amour et surtout la stimulation de l’allaitement maternel  exclusif pendant 6 mois.

Ensuite, Fran Equiza  s’est rendu au Centre de Santé Communautaire du village où il a constaté avec satisfaction les réalisations  au sein de l’infrastructure sanitaire.  Il s’agit  d’un forage, des latrines, de l’incinérateur et d’une installation scolaire pour le frigo. «Pour chaque enfant, des chances égales . C’est le thème que nous avons choisi pour cette visite qui est aussi ma dernière sur le terrain ici au Mali, avant que je ne quitte pour d’autres fonctions. Le village de Mamissa illustre cette ambition. Nous avons vu dans ce village un fort engagement communautaire qui favorise la santé, le développement, la stimulation, la bonne nutrition et l’éducation des jeunes enfants», a déclaré M. Equiza à la fin de sa visite. Il a poursuivi en disant que, «pour mettre les enfants sur le meilleur chemin possible vers leur vie d’adultes, il faut réunir une série de conditions pour favoriser le développement des enfants. Il y a encore plus d’un million d’enfants maliens qui sont hors de l’école. Ici  à Mamissa, vous nous avez montré que c’est possible de réunir tous ces facteurs et de mettre les enfants sur le meilleur chemin vers leur vie d’adulte grâce à un fort engagement de la communauté». Par ailleurs, il dira que tous les enfants de Mamissa ont un énorme potentiel. Le potentiel de devenir des agents de changement positif, de contribuer à construire le Mamissa de demain, le Sikasso de demain et le Mali de demain. «Je suis certain que les enfants de Mamissa feront exactement cela. Soyez un exemple pour d’autres villages afin que chaque enfant du Mali ait des chances égales», a conclu le représentant résident de l’UNICEF en fin de mission au Mali.  La visite a été marquée par l’échange avec la communauté de Mamissa sur les activités appuyées par l’organisme onusien, les défis et leur engagement pour leur durabilité. Le Sous-préfet de Zantiébougu, Toumani N’Diaye ; le Chef du village, Bakary Mariko  et le Maire de la Commune rurale de Zantiébougu, Mintou Mariko, ont tous salué les réalisations faites par l’UNICEF dans leur localité. Par la même occasion, ils ont souhaité la pérennisation de ces actions et ont promis de prendre  soins des acquis et de contribuer activement  dans le développement de leur village dans ce sens.

La région de  Sikasso est la plus densément peuplée au Mali (3,4 millions de personnes), mais se caractérise par des niveaux élevés de pauvreté. Sikasso a également le taux le plus élevé de malnutrition chronique de tout le pays, avec plus de 30 % des enfants souffrant d’un retard de croissance en 2016. Mamissa est un village de 3.347 habitants situé dans la région de Sikasso, à environ 219,5 km de Bamako. La majorité des habitants vivent de l’agriculture, de l’élevage et du petit commerce.

Salma SAYE