La séance d’information et de sensibilisation sur les Mutilations Génitales féminines dans le district de Bamako, organisée par la Fédération nationale des collectifs d’organisations des associations féminines du Mali (FENACOF Mali) était aussi le lancement du projet d’information et de sensibilisation sur les MGF dans le district de Bamako et les communes de Siby et Kati. C’était le 12 mai dernier, à la maison de la femme de la rive droite. Pour cette activité, la FENACOF est en partenariat avec The Girl GENERATION. Le thème était ‘’ filles et femmes du Mali engageons-nous pour éliminer définitivement les MGF sur notre territoire’’. Plusieurs personnalités ont pris part à ce lancement dont les organisations de femmes et de jeunes à la base, les autorités locales, les leaders religieux, la présidente du CAFO et le Programme National de Lutte contre l’Excision. La durée de cette campagne est de six mois.
Le Mali est l’un des rares pays en Afrique et précisément dans la sous région où les mutilations génitales féminines MGF sont encore d’actualité malgré les décennies de combat de la société civile et des partenaires au développement pour éradiquer le fléau, les instruments législatifs n’ont jamais suivis, même si le politique s’affiche des intentions fortes louables. L’excision est une vielle pratique qui a longtemps été perçue comme un acte purificateur. Au fil de l’évolution et du développement de l’homme, il est apparu qu’elle a de graves conséquences médicales (infections, kystes, incontinence contamination par le VIH Sida etc.), sociale, psychologique et même économique. L’objectif de ce projet est de contribuer à l’information et sensibilisation des populations desdites communes. Après les mots de bienvenus du représentant du Maire de la commune V Monsieur Adama Sangaré. Les orateurs suivants se sont succédés :
Sow Kadiatou Togola : Coordinatrice du projet et représentante de la Fenacof Mali
« L’excision est présentée dans le monde comme une atteinte aux droits humains, car elle est une négation du libre choix de la femme de disposer de son corps. Aussi les victimes sont exposées à des conséquences néfastes à court et long terme, dues à des organes atrophiés, à des cicatrices inhibant la sexualité et les fonctions de reproduction et à des problèmes récurrents. Au Mali l’excision a jadis été vue comme un rituel de maturité, elle est aujourd’hui pratiquée sur des enfants pendant leur petite enfance ou sur des femmes en âge de se marier. La situation se présente de façon plutôt inquiétante. Les chiffres en la matière sont très éloquents chez nous. L’excision en tant qu’une pratique profondément ancrée dans la société malienne, a un taux de prévalence de 89%. La répartition des prévalences est globalement la même sur le territoire. Les Maliennes sont excisées durant la petite enfance, généralement avant 5 ans. L’opération est souvent exécutée par des exciseuses traditionnelles. Afin de conscientiser les populations sur les conséquences des mutilations génitales féminines et engendrer un changement de comportement visant à protéger la santé des enfants et de la jeune fille, la FENACOF entend jouer sa partition à travers le projet « information et sensibilisation des populations du district de Bamako et les communes de Kati et Siby ».
Dembélé Houleymatou Sow : Présidente du CAFO et Ex présidente de la FENACOF Mali
« Les enfants sont l’avenir du pays, pourquoi compromettre leur devenir avec des pratiques néfastes pour leur santé ?. L’excision est un sujet très sensible chez nous, il suffit qu’on en parle pour qu’on nous traite de blancs, ou nous juge d’avoir pris l’argent des blancs pour en parler ou lutter contre. Or, nul n’ignore les conséquences de l’excision dans notre société. Ce projet est financé par Girl Fondation en Afrique du Sud pour une durée de 6 mois. J’exhorte la population à écouter et participer aux séances enfin de mieux connaitre les dangers de la pratique. Nous appuyons le gouvernement dans la lutte parce que ça fait des décennies que, l’Etat veut prendre des mesures, mais n’arrive pas. J’apporte ma petite contribution à la jeunesse en tant que formatrice, pour lancer un appel enfin de définitivement éliminer les MGF.
Trois thématiques furent traitées par les panelistes qui explicitent tout sur l’excision , entre autres, de la généralité sur les MGF à ses effets néfastes, en passant par ce que dit la religion sur les MGF, le rôle des femmes et des jeunes dans la lutte contre les MGF. Ensuite la cérémonie a pris fin par une séance de débat avec les participants.
Mady Tounkara
En contribution à votre article : plasticienne engagée, j’ai réalisé une oeuvre sur le sujet des mutilations sexuelles intitulée « Infibulation », que j’ai pu présenter à 400 lycéens français pour la Journée des Femmes 2018. Le dialogue fut incroyable avec des élèves qui découvraient cette pratique barbare.
Quand l’art permet de parler directement des MGF et d’ouvrir le débat.
A découvrir : https://1011-art.blogspot.fr/p/blog-page.html
Mais aussi une oeuvre plus pudique intitulée « Noli me tangere » sur l’inviolabilité du corps de la femme : https://1011-art.blogspot.fr/p/noli-me-tangere.html
Merci beaucoup, j’ai vu votre travail très intéressant, on pourra un de ces jours, faire une interview avec vous.