ÉMERGENCE SOCIO-ÉCONOMIQUE : L’IMPÉRIEUSE NÉCESSITÉ DE DONNER AUX MALIENNES LES MOYENS DE LEURS AMBITIONS ÉCONOMIQUES

Les femmes jouent un rôle essentiel dans l’économie mondiale et le Mali ne fait pas exception. Avec une population féminine représentant près de la moitié du pays, leur contribution est indispensable au développement national. Cependant, malgré leur potentiel, les Maliennes font face à de nombreux obstacles qui entravent leur pleine participation économique.

 

Les femmes sont des actrices clés et assument un rôle crucial dans l’économie nationale. Elles sont notamment très actives dans l’agriculture, un secteur qui représente une grande partie de l’économie du pays. Elles participent activement à la production alimentaire, surtout  les cultures vivrières telles que le mil, le sorgho et le riz. En outre, certaines femmes entrepreneures innovent en investissant dans l’agro-industrie. En transformant les produits agricoles en denrées avec de la valeur ajoutée, elles contribuent ainsi à la sécurité alimentaire et à la création d’emplois.

Dans les marchés locaux, les femmes dominent le commerce informel à travers la vente des produits alimentaires, des vêtements et d’autres biens de consommation. Leur présence est également notable dans l’artisanat où elles produisent des textiles, des poteries et des bijoux qui sont souvent vendus sur les marchés nationaux et internationaux.

Ces activités génératrices de revenus sont cruciales pour le soutien économique aux familles et aux communautés. Les femmes occupent des positions importantes dans le secteur formel, y compris dans les professions libérales et le secteur public. On observe ainsi une augmentation du nombre de femmes entrepreneures qui dirigent des start-ups innovantes dans divers domaines contribuant à diversifier l’économie et à stimuler la croissance économique.

Malgré tout, l’accès aux ressources financières demeure un obstacle majeur pour les femmes maliennes. En effet, elles ont souvent du mal à obtenir des crédits et des financements nécessaires pour démarrer ou développer leurs entreprises. Sans compter que l’accès à la terre et aux outils de production reste limité. Ce qui freine leur capacité à optimiser leur productivité agricole. Sans compter que le taux d’alphabétisation des femmes au Mali est encore faible et leur accès à l’éducation supérieure était encore limité il y a encore quelques années.

 

Une quête d’autonomie et d’indépendance économique contrariée par les stéréotypes de genre et la violence basée sur le genre

Cette situation réduit les opportunités pour les femmes d’acquérir des compétences techniques et professionnelles nécessaires pour exceller dans divers secteurs économiques. Les programmes de formation adaptés aux besoins des femmes sont essentiels pour combler cette lacune. Les femmes maliennes font face à des obstacles culturels et sociaux qui limitent leur participation économique. Les stéréotypes de genre et la violence basée sur le genre sont des réalités qui entravent leur autonomie et leur indépendance économique.

«La sensibilisation et l’éducation sur l’égalité des sexes sont nécessaires pour changer les mentalités et promouvoir un environnement plus inclusif», suggère un spécialiste en économie familiale. N’empêche que le gouvernement a mis en place plusieurs politiques et initiatives pour promouvoir l’égalité des sexes et améliorer la participation économique des femmes. Des projets de développement spécifiques, tels que les fonds de soutien aux femmes entrepreneures et les programmes de micro-crédits, ont été initiés pour offrir des opportunités économiques aux femmes.

Aussi, les organisations locales et internationales jouent un rôle crucial dans l’autonomisation des femmes au Mali. En effet, elles mettent en œuvre des projets de formation, de mentorat et de financement pour aider les femmes à développer leurs compétences et à lancer des entreprises. Des initiatives comme les coopératives agricoles dirigées par des femmes et les programmes de développement communautaire ont produit des résultats prometteurs.

 

De la réussite malgré des défis énormes

Malgré l’immensité des défis, de nombreuses femmes maliennes ont réussi à surmonter les obstacles et à prospérer dans leurs domaines. «De nos jours, avoir un diplôme ne garantit plus d’avoir du travail. Ainsi, pour aider mon mari à faire face aux dépenses familiales, en entendant que nos enfants puissent avoir du travail, je fais ce métier. Ça me permet de subvenir à mes propres besoins et d’aider mon mari et mes enfants de temps en temps», explique Binta Traoré, vendeuse de légumes dans un marché de la capitale. «Comme on le dit souvent de nos jours, un mari à lui seul a du mal à subvenir aux besoins d’une famille. C’est pourquoi je me suis lancée dans ce commerce pour aider mon mari à gérer les dépenses familiales et aussi pour ne pas rester sans rien faire», souligne Fatoumata Diallo, vendeuse de fruits depuis plus de quinze ans pour soutenir sa famille. Et d’ajouter, «ce travail me permet de subvenir à mes besoins personnels et d’apporter un soutien financier à mon mari et à nos enfants».

Quant à Mariam Koné, elle est vendeuse de tissus depuis une décennie pour assurer le bien-être des siens. «De nos jours, même avec un diplôme, il est difficile de trouver un emploi stable. C’est pour cette raison que j’ai choisi de me lancer dans ce commerce afin d’aider mon mari à subvenir aux besoins du foyer», déclare-t-elle. «Grâce à ce métier, je peux non seulement répondre à mes propres besoins, mais aussi contribuer aux dépenses familiales et soutenir mes enfants lorsqu’ils en ont besoin», précise-t-elle.

Et sont nombreuses les femmes comme Binta, Fatoumata et Mariam qui refusent désormais de croiser les bras à la maison pour tout attendre de leurs époux. «Leurs histoires inspirantes montrent l’impact positif des initiatives de soutien et mettent en lumière le potentiel immense des femmes pour contribuer au développement économique du pays», reconnaît notre expert en économie familiale. Leurs histoires témoignent de la résilience et de la détermination des Maliennes à pleinement contribuer à leur propre épanouissement, à celui de leurs familles et au développement du pays. «Ces femmes sont des piliers indispensables de l’économie malienne. Leur contribution va bien au-delà des secteurs traditionnels, et leur potentiel est immense. Pour maximiser cette contribution, il est essentiel de lever les obstacles auxquels elles sont confrontées et de renforcer les initiatives visant à promouvoir leur participation économique», conseille l’économiste.

En reconnaissant et en soutenant pleinement les femmes, pense l’expert, «le Mali peut atteindre un développement économique plus inclusif et durable». En tout cas, il est clair qu’on ne peut pas aspirer à une émergence socio-économique pérenne en reléguant au second plan celles qui constituent plus de la moitié des forces vives du pays ! C’est de l’utopie !

 

Sory DIAKITÉ

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