Mme Barakissa Dembélé est spécialiste en genre et masculinité positive, leadership transformationnel, VBG, système de mentorat et autres thèmes connexe du genre. Géographe de développement de formation, elle est diplômée en Master genre et développement de l’Institut des Hautes études Internationales et développement (IHEID) de Genève et détentrice d’un Certificat de formatrice en genre avec gender at WORKs. Elle a appuyé plusieurs organisations féminines à élaborer leurs stratégies genre, les politiques d’égalité femmes/hommes, les politiques d’inclusions et engagement des jeunes, ainsi que dans leur mise en œuvre. Barakissa Dembélé a aussi évolué dans les organisations nationales et internationales au Mali.
NYELENI Magazine : Parlez-nous de vos activités en lien avec l’égalité de genre ?
Barakissa Dembélé : Nous avons réalisé plusieurs activités en lien avec l’égalité de genre, on peut, entre autres, citer : La mise en place de 36 comités genre, dans toutes les communes de la région de Koutiala. Nous avons outillé ces comités en genre et développement, au leadership féminin et sur les VBG. Les femmes leaders du cercle de Koutiala sur la base de certains critères ont été recensées et outillées, afin qu’elles puissent influencer, donner leurs points de vue dans les instances de décisions, défendre, promouvoir et vulgariser les droits des femmes et des filles et la masculinité positive. Les collectivtés ont été appuyées dans la célébration des mariages collectifs, afin d’apporter la preuve de l’authenticité de l’union civile entre les deux personnes et pour leur permettre d’exercer leurs droits, ainsi que celui des enfants. Nous avons aussi mesuré l’indicateur d’autonomisation économique des femmes à travers les activités génératrices de revenus qu’elles mènent (production, revenus, bénéfices, leadership et gain de temps). Cela nous a permis d’élaborer une feuille de route pour sensibiliser les collectivités sur l’égalité de genre ; Contribuer à la finalisation et à l’introduction du programme de la masculinité positive au sein des organisations locales de défense des droits des femmes et des filles. Et aussi, d’autres actions comme la Budgétisation sensible au genre, l’intersectionnalité, le leadership transformationnel, le système de mentorat et plusieurs autres thèmes connexes avec l’égalité de genre,
NYELENI Magazine : L’égalité de genre ne peut pas aller sans une justice sociale équitable, que faire pour l’atteindre ?
Barakissa Dembélé : Il faudra mettre l’accent sur l’éducation qui est d’ailleurs le soubassement sans pourtant instaurer ou encourager la discrimination, l’inégalité, la marginalisation entre les deux sexes ; Établir les principes pour faire contribuer les approches de genre et égalité. Ces principes pourraient être entre autres : La non-discrimination ; l’accessibilité physique; l’accessibilité économiques et l’accessibilité à l’information.
NYELENI Magazine : On parle de la masculinité positive comme une solution, pour mieux faire avancer l’égalité de genre, c’est quoi la masculinité et en quoi elle peut être positive ?
Barakissa Dembélé : Les masculinités sont les manières dont les hommes définissent leur identité en tant que qu’hommes en fonction de ce que l’on sait à propos du genre masculin, de ce qui est attendu des hommes par la société et de ce que chaque individu définit selon ses propres sentiments, intérêts et connaissances (JUPREC). Elles peuvent être vues et considérées comme l’ensemble des caractères, comportements stéréotypés correspondant à une image sociale traditionnelle des hommes. Elles sont positives si toutefois les hommes laissent les comportements stéréotypés qui sont l’agressivité, la violence, la domination…et qu’ils se donnent une perspective par laquelle ils s’engagent (hommes et garçons) pour être nos alliés et nous soutenir dans la défense des droits des femmes et des filles, afin de promouvoir l’autonomisation et l’épanouissement des femmes, des filles et celles qui vivent des formes croisées de discriminations et d’exclusions.
NYELENI Magazine : Avions-nous des repères qui peuvent nous servir aujourd’hui, à mieux expliquer la masculinité positive à ceux qui ne la comprennent pas ?
Barakissa Dembélé : Oui, nous avons des ressources humaines au sein des organisations pour appuyer techniquement d’autres organisations dans le besoin ; Nous avons des outils disponibles en la matière ; Des réseaux dynamiques et opérationnels d’hommes engagés dans la masculinité positive.
NYELENI Magazine : Une bonne compréhension de la masculinité positive, peut-elle nous éviter certains cas de VBG ?
Barakissa Dembélé : Bien sûr, puisqu’il s’agit de bannir les masculinités hégémoniques, les masculinités toxiques et les masculinités violentes.
NYELENI Magazine : Quel est pour vous le rôle que doivent jouer les hommes et les garçons du Mali, pour la réalisation de l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes pour un développement durable ?
Barakissa Dembélé : Pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et des filles, les hommes et les garçons doivent jouer un rôle crucial. Par exemple, le constat nous montre que les hommes occupent les postes de décisions dans les domaines politiques, économiques, de la santé, communautaire …, donc ils doivent appuyer les lois et veiller à l’application des différents décrets de ces lois destinées à protéger les droits des femmes et des filles.
NYELENI Magazine Un dernier mot pour les hommes, les femmes, les garçons et filles du Mali
Barakissa Dembélé : Se soutenir, éduquer la prochaine génération, instaurer les systèmes de mentorat, afin d’éviter les ruptures dans le domaine de l’égalité de genre et mieux positionner la nouvelle génération.
Maïmouna TRAORÉ