Dans le cadre de son projet « She Leads », en français « Elles dirigent », l’Association des jeunes pour la citoyenneté active et la démocratie (AJCAD-Mali), en partenariat avec l’ONG Terre des Hommes a organisé du 19 au 22 juin 2023, dans ses propres locaux un atelier de renforcement des capacités sur les thématiques liées au leadership féminin au sein des rédactions des organes de presse au Mali.
Une vingtaine de femmes et d’hommes de médias venant de la Région de Ségou et du District de Bamako (journalistes, blogueurs, influenceurs et Tik-Tokeurs) ont pris part à cet atelier de 4 jours, aminé par la blogueuse et experte en communication Genre, Fatouma Harber. Cette session visait à échanger sur les Violences basées sur le genre (VBG) et la promotion féminine, afin d’influencer positivement et sensibiliser la population à travers la production de contenus médiatiques. Ce cadre idéal d’échanges sur les méfaits des stéréotypes a également permis aux participants de proposer des stratégies de communication pour déconstruire ces clichés à travers des émissions radiophoniques, la publication d’articles sur leur Blog, etc.
Au Mali comme dans de nombreux pays, les femmes souffrent de l’impact néfaste de la structure sociale caractérisée par des inégalités dans les responsabilités, rôles et opportunités entre les hommes et les femmes. D’où la tenue de cette session pour inverser la tendance et favoriser une meilleure prise en compte du Genre et une inclusion sociale à tous les niveaux notamment dans les organes de presse. À travers le projet « She Leads », les organisateurs entendent accroître l’influence durable des filles et des jeunes femmes à la prise de décision et la transformation des normes de Genre dans la société et dans les institutions formelles et informelles.
Le responsable du Programme, Gouvernance et Engagement civique de l’AJCAD, Fousseyni Diop, a indiqué que « cet atelier vise à renforcer le leadership féminin, engager des discussions dans les communautés avec les jeunes et les légitimités traditionnelles, concernant la participation des femmes et des jeunes filles dans la gestion des affaires publiques ». Il ajoutera que la présente formation est surtout destinée aux hommes de radio, blogueurs, influenceurs afin qu’ils puissent aborder positivement la question du leadership féminin sur leurs fréquences, blogs et contenus vidéos.
Plusieurs thématiques ont été développées lors de cette session notamment, les VBG, le leadership féministe, le droit des femmes, le Genre et les stéréotypes dans les médias. Pour Fatoumata Harber, cette formation vient à point nommé car « les hommes de médias véhiculent à longueur de journée beaucoup de stéréotypes liés au genre ». Vue l’ampleur de la chose, a-t-elle expliqué, il est important que ces acteurs soient informés et sensibilisés afin de mieux aborder et traiter la question des stéréotypes.
Par ailleurs, Fatoumata Harber a déploré le fait que les femmes sont rarement promues parmi leurs collègues. À cela, s’ajoutent la mauvaise compréhension de la notion de genre par bon nombre de personnes et le manque de terminologie employée par les hommes de médias dans leurs productions.
Fatoumata Sanogo, journaliste au quotidien « Le Républicain » a salué la tenue de cet atelier qui, de son point de vue, a été bénéfique à divers égards. À l’en croire, les stéréotypes constituent des plafonds de verre pour les femmes, au sein des rédactions. La jeune journaliste invite les femmes à quitter la timidité et à s’imposer intellectuellement malgré les nombreuses difficultés du métier et les étiquettes qu’on leur colle.
La plupart des participants se sont dit très satisfaits des compétences acquises. C’est le cas de Mamadou Sissoko de « Djoliba Fm » Bamako, qui a promis de prendre en compte l’aspect genre dans le traitement de l’information par l’utilisation d’un langage inclusif. Cela, pour ne pas offenser un sexe. Quant à Diéni Albert Kalambry, de la « Radio Fôkô » de Ségou, il a souligné la nécessité de soutenir les femmes dans les médias, à travers des plaidoyers auprès des rédactions pour faciliter leur intégration.
À titre de rappel, le projet « She Leads » est mis en œuvre à Ségou et dans le District de Bamako, avec l’implication des différents acteurs locaux et nationaux, mais plus précisément, les actrices de déconstruction des normes sociales nuisibles au Genre. Notons qu’à la suite de cet atelier de renforcement des capacités, des productions seront faites par chaque participant sur la problématique du leadership féminin à travers les différents canaux de communication. Comme pour boucler la boucle, un partage d’expérience a été fait avec Mariam Moussa Henri Maïga, journaliste de « Studio Tamani », qui n’a pas manqué de relater son parcours de femme de médias, les difficultés qu’elle a rencontrées, avant de prodiguer des conseils aux participants.
Fatoumata Z. COULIBALY