Cette édition s’est déroulée du 08 au 26 mars 2021, dans le District de Bamako et l’ensemble des capitales régionales, y compris Kidal, Ménaka et Taoudénit et traite de l’évolution de la situation générale du pays, les défis et priorités au Mali, la gestion de la transition et de la pandémie du coronavirus au Mali, la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation, la sécurisation du pays, le niveau de satisfaction des différents acteurs impliqués dans la sécurisation et la stabilisation du Mali, la justice et bonne gouvernance au Mali et les perspectives. Voici le résumé de cette enquête tiré dudit document.
Mali-Mètre est le titre donné à l’enquête d’opinion politique que la Friedrich-Ebert-Stiftung (FES) a conduit au Mali depuis la fin de l’année 2012 ; elle est à sa douzième édition. Mali-Mètre a pour objectif principal de recueillir les opinions des Maliennes et des Maliens sur les différentes questions marquantes de l’actualité ou décisives pour le présent et le futur du pays. La collecte de données s’est déroulée du 08 au 26 mars 2021. L’échantillonnage est basé sur la méthode des quotas avec la prise en compte des caractéristiques démographiques suivantes: lieu de résidence, sexe, âge et niveau d’instruction. L’échantillon est de 2258 personnes de 18 ans et plus, réparties entre le District de Bamako et l’ensemble des capitales régionales, y compris Kidal, Ménaka et Taoudénit.
Les principaux résultats se présentent comme suit :
Évolution de la situation générale du pays : pour un tiers des Malien(ne)s (33,1%), la situation générale du pays s’est améliorée au cours des douze derniers mois. Alors que pour 41,6% de la population, elle s’est détériorée ; elle est restée au même niveau pour 24,2% de la population.
Défis au Mali : les principaux défis que rencontre le Mali actuellement sont : la lutte contre le chômage des jeunes, citée par 46,6% de concitoyen(ne)s ; la lutte contre l’insécurité (44,6%); la lutte contre l’insécurité alimentaire (42,5%) ; la lutte contre la pauvreté (38,7%) et l’amélioration du système éducatif (37,8%). Pour les hommes, les principaux défis auxquels le Mali est confronté actuellement sont par ordre de priorité : la lutte contre le chômage des jeunes (50,2%), la lutte contre l’insécurité (47,0%), la lutte contre l’insécurité alimentaire (40,0%) et l’amélioration de l’éducation (39,0%). Alors que chez les femmes, l’ordre de priorité est le suivant : la lutte contre la pauvreté (47,9%), la lutte contre l’insécurité alimentaire (45,0%), la lutte contre le chômage des jeunes (43,0%) et la lutte contre l’insécurité (42,1%).
Niveau de satisfaction de la gestion de la transition : dans l’ensemble, près des deux tiers de la population (65,5%) sont satisfait(e)s de la gestion de la transition en cours au Mali. Cependant, dans la région de Kidal, plus de la moitié de la population (53,2%) sont insatisfait(e)s de la gestion de la transition. Aussi dans la région de Mopti, un tiers de la population n’est pas satisfaite de la gestion de la transition. Actions prioritaires à mettre en œuvre par le gouvernement de la transition : plus de la moitié de la population a cité la lutte contre l’insécurité et la criminalité (57,6%), suivie de l’amélioration du système éducatif (38,6%), la restauration de la paix et de la stabilité (34,6%), la création d’emploi (32,8%) et la lutte contre la pauvreté citée par un quart de la population (25,7%).
Confiance envers les membres ou organes de la transition: un tiers de la population a cité le Président de la transition (33,8%). Une proportion de 23,3% de la population estime avoir un même niveau de confiance envers tous les organes responsables de la transition et 18% n’ont confiance en aucun d’eux. Intention de vote lors des prochaines élections : plus de huit Malien(ne)s sur dix pensent voter lors des prochaines élections. Plus particulièrement à Gao, presque la totalité des citoyens compte se rendre aux urnes lors des prochaines élections.
Perception de l’implication des leaders religieux dans la sphère politique : plus de la moitié des Malien(ne)s trouvent que l’implication des leaders religieux dans la sphère politique est une mauvaise chose (22,2% plutôt mauvais et 35,4% très mauvais). Par contre, dans la région de Taoudéni, neuf personnes sur dix trouvent que l’implication des leaders religieux dans la politique est une bonne chose.
Vaccination contre la COVID-19 et respect des gestes barrières : plus de la moitié de la population (54,3%) accepteraient de se faire vacciner dès qu’un vaccin sera disponible. Les femmes sont plus favorables à la vaccination (57,9%) que les hommes (50,7%). Pour ceux qui sont contre la vaccination, les principales raisons évoquées sont le manque de confiance au vaccin ou la crainte des effets secondaires (66,1%).
Niveau de connaissance de l’Accord pour la paix et la réconciliation : près des deux tiers des Malien(ne)s (66,1%) n’ont aucune connaissance de l’Accord pour la paix et la réconciliation, 15,7% estiment en avoir une faible connaissance et 1,5% une bonne connaissance. Niveau d’avancement de l’Accord pour la paix et la réconciliation : pour plus de sept Malien(ne)s sur dix, l’accord pour la paix et la réconciliation n’a pas avancé. Toutefois, dans les régions de Sikasso, Mopti, Tombouctou, Taoudénit et Bamako, une personne sur cinq (20,0%) pense que l’accord a assez avancé. Et plus particulièrement dans la région Ménaka, quatre personnes sur cinq sont du même avis.
Relecture de l’Accord pour la paix et la réconciliation : un(e) Malien(ne) sur deux estime que l’accord doit être relu et modifié. Alors qu’un(e) Malien(ne) sur dix pense que l’accord ne doit pas être modifié, mais doit être appliqué comme tel. La proportion de personnes qui partagent l’opinion selon laquelle l’accord doit être relu et modifié, augmente avec le niveau d’instruction : aucun niveau (38,4%), niveau primaire (51,78%), niveau secondaire (59,1%), niveau supérieur (70,0%). Niveau de confiance en l’Accord pour ramener la paix et la stabilité : un(e) Malien(ne) sur deux a confiance en l’accord pour ramener la paix et la stabilité au Mali. Plus particulièrement dans les régions de Sikasso et Ménaka, deux tiers des citoyens font confiance à l’accord pour ramener la paix et la stabilité.
Évolution du niveau de sécurité dans les régions au cours des trois derniers mois : dans les régions de Kayes (44,0%), Sikasso (56,2%), Mopti (49,3%) et Gao (61,8%), la majorité des citoyen(ne)s estiment que le niveau d’insécurité a augmenté au cours des trois derniers mois. Alors que dans les régions de Kidal, Ménaka et Tombouctou, plus de la moitié des citoyen(ne)s estiment que le niveau d’insécurité a diminué au cours des trois derniers mois. Fréquence des conflits inter et intracommunautaires : dans l’ensemble, les conflits inter et intracommunautaires sont inexistants pour deux Malien(ne)s sur trois. Dans les régions de Koulikoro, Kayes et Bamako, ces conflits sont inexistants pour neuf personnes sur dix. Cependant, dans la région de Mopti, un citoyen sur deux pense que les conflits inter et intracommunautaires sont fréquents.
Les trois principales raisons de conflits inter ou intracommunautaires sont : les disputes ou mésententes sociales (25,1%), les conflits ethniques (22,9), les problèmes fonciers (18,2%). Sentiment de sécurité lorsqu’on est seul dans les rues la nuit: plus de la moitié des Malien(ne)s se sentent en sécurité lorsqu’ils sortent seuls la nuit. Cependant, dans les régions de Mopti, Kidal, une personne sur deux ne se sent pas en sécurité en sortant seule la nuit. Et, dans les régions de Gao, Ménaka et Bamako, sept personnes sur dix ne se sentent non plus en sécurité en sortant seules la nuit. Plus d’hommes se sentent en sécurité en sortant seuls la nuit que les femmes, 57,8% d’hommes pour 52,9% de femmes.
Sentiment de sécurité en participant aux évènements sociaux : près de trois Malien(ne)s sur quatre se sentent en sécurité en participant aux évènements sociaux (baptême, mariage, etc.). Par contre, à Kidal, trois personnes sur cinq ne se sentent pas en sécurité lors des évènements sociaux et, dans la région de Gao, une personne sur dix partage ce même sentiment d’insécurité.
Sentiment de sécurité lors des déplacements ou voyages : plus de la moitié des Malien(ne)s (57,2%) se sentent en sécurité lorsqu’ils quittent leur lieu de résidence pour un autre lieu. Cependant, dans les régions de Mopti (71,3%), Gao (73,6%) plus de sept personnes sur dix se sentent en insécurité en quittant leur lieu de résidence. Ce sentiment d’insécurité est partagé par huit personnes sur dix dans la région de Tombouctou et par six personnes sur dix à Kidal. Aussi, plus de femmes se sentent plus en sécurité en quittant leur lieu de résidence, 58,1% de femmes pour 56,3% d’hommes.
Niveau de satisfaction du travail de la MINUSMA et principaux reproches à la MINUSMA : 38,0% des Malien(ne)s sont satisfaits du travail de la MINUSMA contre 42,7% qui n’en sont pas satisfaits. Et, les principaux reproches faits à la MINUSMA sont : ne pas protéger la population contre les violences des groupes armés et des terroristes (76,7%), être complice des groupes armés (26,0%), son mandat n’est pas suffisamment connu (22,2%) ou encore qu’elle se protège elle-même (21,2%).
Niveau de satisfaction du travail de Barkhane et principaux reproches à Barkhane : 45,6% des Malien(ne)s ne sont pas satisfait(e)s du travail de Barkhane au Mali dont 30,5% qui n’en sont pas du tout satisfaits. Toutefois, un(e) Malien(ne) sur trois se dit satisfait du travail de Barkhane au Mali. Plus de la moitié des hommes (55,6%) est insatisfaite du travail de Barkhane pour 30,5% de femmes qui le sont également.
Niveau de satisfaction du travail du G5 Sahel et principaux reproches au G5 Sahel : deux Malien(ne)s sur cinq (44,9%) sont globalement satisfaits du travail du G5 Sahel au Mali. Cependant, un tiers des Malien(ne)s n’ont pas d’opinion sur le travail du G5 Sahel. Les trois principales raisons évoquées par les personnes non satisfaites du travail du G5 Sahel sont : ne pas protéger la population contre les violences des groupes armés (54,5%), répondre trop lentement aux défis de la stabilisation (36,5%), son mandat n’est pas suffisamment connu (17,7%).
Appréciation de l’implication de la société civile dans la sécurisation des régions : pour plus de trois Malien(ne)s sur quatre, l’implication des chefs de village, des imams ou des leaders religieux peut jouer un rôle dans la sécurisation des régions. Acteurs internationaux capables de stabiliser le pays : Le plus grand groupe de Maliens est insatisfait du travail de la MINUSMA (42,7%) et de la BARKAHNE (45,6%). Les opinions positives prédominent pour le G5 Sahel (44,9%).
Entendre parler de l’EUTM ou de l’EUCAP : plus de huit personnes sur dix n’ont pas entendu parler de l’EUTM. Suivant le sexe, 18,1% d’hommes ont entendu parler de l’EUTM pour 7,2% de femmes qui en ont entendu parler. Quant à l’EUCAP, neuf Malien(ne)s sur dix n’en ont pas entendu parler.
Niveau de satisfaction du travail des forces de défense et de sécurité : plus de neuf Malien(ne)s sur dix (93,3%) sont satisfait(e)s du travail des forces de défense et de sécurité (avec 64,2% qui en sont très satisfaits). Toutefois, quelques reproches sont faits à l’endroit des forces de défense et de sécurité : une mauvaise formation des militaires (28,0%), l’insécurité toujours persistante (17,5%), la lenteur dans les interventions (14,2%).
Connaissance des réformes en cours dans le secteur de la sécurité au Mali : huit Malien(ne)s sur dix n’en ont pas entendu parler. Les personnes qui ont entendu parler de ces réformes ont principalement cité la dotation en équipement (36,9%), le renforcement du système sécuritaire (18,3%), le recrutement massif (13,7%). Cependant, 22,4% n’ont pu citer aucune de ces réformes en cours.
Confiance en la justice malienne : 47,7% des Malien(ne)s ont confiance en la justice contre 45,0% qui n’y ont pas confiance. Aussi, une femme sur deux (50,4%) a confiance en la justice contre 45,0% des hommes.
Appréciation du niveau de corruption au Mali et les secteurs les plus concernés : le niveau de corruption au Mali est jugé élevé par neuf personnes sur dix (68,5% très élevé et 22,8% plutôt élevé). Les trois secteurs les plus concernés selon les Malien(ne)s sont : la justice (53,5%), la police (50,1%) et la douane (28,4%). Appréciation de la fréquence de l’impunité au Mali : pour huit Malien(ne)s sur dix, l’impunité est fréquente au Mali (50,4% très fréquente et 32,4% plutôt fréquente).
Disponibilité des lois fondamentales dans un langage simple et compréhensible : plus de la moitié des Malien(ne)s (53,3%) sont en désaccord avec cette assertion. Cependant, un tiers des Malien(ne)s pense que les lois sont disponibles en langage simple et compréhensible.
Connaissance des droits et responsabilités juridiques : plus de la moitié des Malien(ne)s sont conscients de leurs droits et responsabilités. Suivant le sexe, 59,2% des hommes sont en accord avec cette assertion contre 53,1% pour les femmes.
Connaissance des lieux où obtenir des informations et conseils juridiques pour la résolution d’un litige : une personne sur deux sait où obtenir les informations et des conseils juridiques pour la résolution de litiges ou de conflits. De même, plus de la moitié des hommes (56,0%) savent où obtenir des informations et conseils pour la résolution de conflits, et 47,5% des femmes le savent aussi. Appréciation de la tenue d’un jugement équitable en cas de litige : plus de trois Malien(ne)s sur cinq pensent qu’ils n’auront pas un jugement équitable en cas de litige. Suivant le sexe, 30,4% des femmes estiment avoir un jugement équitable en cas de conflit, et 28,7% des hommes sont du même avis.
Possibilité pour les victimes d’actes criminels de demander justice : trois Malien(ne)s sur cinq sont d’accord que la justice malienne permet à toutes les victimes d’actes criminels de demander justice, quelle que soit leur identité, alors que trois Malien(ne)s sur dix pensent le contraire.
Possibilité pour toutes les personnes accusées de crime d’obtenir un procès équitable : un(e) Malien(ne) sur deux pense que la justice malienne ne permet pas à toutes les personnes accusées de crime d’obtenir un procès équitable, quelle que soit leur identité. La justice malienne fournit aux victimes d’actes criminels le service et le soutien dont elles ont besoin : 41,2% des Malien(ne)s partagent cette affirmation contre 46,4% qui pensent le contraire. Aussi, 50,4% des hommes ne sont pas d’accord avec cette assertion, et 42,3% des femmes ne la partagent pas non plus. Aussi, 52,4% des hommes ne sont pas d’accord avec cette affirmation et 44,9% des femmes ne la partagent pas non plus.
Efficacité de la justice malienne pour traduire en justice les personnes qui commettent des crimes : plus de la moitié des Malien(ne)s sont d’accord que la justice malienne est efficace pour traduire en justice les personnes responsables de crimes. Projection du Mali dans les six prochains mois : trois personnes sur cinq (61,2%) pensent que la situation générale du pays va s’améliorer au cours des six prochains mois, pour une personne sur cinq qui pense qu’elle n’évoluera pas. 8,4% pensent qu’elle va se détériorer. Les femmes sont plus optimistes (63,1%) que les hommes (59,2%) penser à une amélioration de la situation générale du pays au cours des six prochains mois.
Projection du Mali dans les quinze prochaines années : plus de sept personnes sur dix (77,6%) pensent que la situation générale du pays connaitra une évolution positive dans les 15 prochaines années. Perception du niveau de vie des enfants dans l’avenir : 43,5% des Malien(ne)s pensent que leurs enfants auront un niveau de vie meilleur que le leur. Pour 9,5% des enquêté(e)s, le niveau de vie de leurs enfants sera pareil que le leur actuel et 37,7% pensent que le niveau de vie de leurs enfants sera moins que le leur actuel. Aussi, 46,3% des femmes pensent que leurs enfants auront un niveau de vie meilleur, et 40,7% des hommes partagent ce point de vue.
Les grands souhaits pour le Mali pour les cinq prochaines années : les souhaits des Malien(ne)s pour les cinq prochaines années se résument au retour de la paix et de la sécurité (78,4%), à l’emploi pour les jeunes (43,1%), à de bonnes récoltes et la sécurité alimentaire du pays (34,3%).
Source: Friedrich-Ebert-Stiftung Mali