Au Mali, dans un passé pas lointain, l’éducation des enfants était encore une affaire de tous. Les anciens aimaient justement dire que l’enfant appartenait à toute la famille, tout le village ou encore à toute la communauté. Entendez par là que l’éducation d’un enfant ne dépendait pas seulement de ses parents biologiques mais aussi des oncles, tantes et tous ceux qui constituaient la société. «À notre époque, tu pouvais donner une bonne correction à un enfant en faute sans en avoir à te justifier devant qui que ce soit.
Aujourd’hui, essayes et tu sauras qu’il a un ‘propriétaire’ et voilà où ça nous a amené, des enfants sans repère. » s’exclame très déçu Djibril Baba Coulibaly, un octogénaire. Les méthodes d’antan pour l’éducation des enfants sont en voix de disparaitre ; l’expression « notre enfant » a cédé la place à l’expression « mon enfant ». Les causes du recul de l’éducation familiale basée sur les principes traditionnels sont multiples. Pour Ibrahim Karabenta, il ne fait aucun doute, c’est l’individualisme : « La cause principale du changement de l’éducation des enfants est l’individualisme.
Les filles, aujourd’hui veulent rester seules avec leur mari, personne ne veut rester dans la grande famille et l’enfant est laissé entre les mains de l’aide-ménagère qui n’a généralement pas d’autorité sur lui » À ce niveau, les parents ont failli. Les occupations quotidiennes ne laissent généralement aucune place pour les enfants. Abandonnés à eux-mêmes, les enfants empruntent très souvent l’éducation d’une autre famille ou au pire des cas, celle de la rue. « Aujourd’hui, les enfants s’auto–éduquent à travers le téléphone, la télévision…ils regardent tout ce qu’ils veulent car très généralement les parents en savent peu sur la technologie ou qu’ils s’adonnent eux même à regarder des images indécentes à la télé avec leurs enfants. Plus de causerie entre la mère et la fille, plus de temps de conseils pour les garçons qui seront des futurs chefs de famille, plus de clair de lune, les grands- parents sont laissés à eux même avec un désir énorme de parler avec leur petit enfant, qui eux ne pensent qu’a tchatcher. » charge Karabenta.
En clair, les parents ont perdu l’autorité parentale, les enfants ont dérouté et malheureusement aussi longtemps que les enfants resteront concentrés sur le téléphone et la télé en consommant la culture étrangère, il serait difficile de leur inculquer nos cultures, nos valeurs. Le retour à l’éducation ancestrale serait presque impossible mais, l’éducation peut être améliorée. Pour cela M. Ibrahim propose des solutions : « l’Etat doit être rigoureux par rapport à l’éducation des enfants surtout sur le plan technologique et scolaire. Pour contrecarrer l’impact de la télévision sur la vie des enfants, il faut mettre en place des mesures de contrôle parental pour surveiller les programmes suivis par les enfants. Quant aux réseaux sociaux, pour éviter que les enfants tombent dans les pièges, il convient de former des enseignants qui sont quelque part les seconds parents des enfants. Les parents devraient passer des temps avec leurs enfants sans télé, ni téléphone pour causer et conseiller. Ce qui est sûr, les enfants se sont fait des parents, des frères et sœurs sur les réseaux sociaux est- ce qu’il serait possible de les arracher à cette famille virtuelle ?
Mado