D’un seul cas le 25 mars 2020, notre pays a dépassé les 5000 cas de malades de Covid-19, avec plus de 200 décès. Malgré les morts, certains hésitent encore à respecter les mesures barrières. La maladie touche tout le monde sans exception, riche, pauvre, homme ou femme. L’impact est visible sur tous les secteurs de l’économie, qu’elle soit formelle ou informelle. La femme, socle de la société se trouve doublement frappée, économiquement et socialement avec souvent des violations de ses droits élémentaires. Elles sont souvent sujettes à la stigmatisation, lorsque le conjoint décède de Coronavirus.
Au Mali, la majorité des femmes évoluent dans l’informel, avec l’arrivée de la Covid-19 et le ralentissement des activités lucratives, l’économie de façon générale est en difficulté dans le pays, comme un peu partout dans le monde. Les limitations imposées par la Covid-19 ont un peu augmenté les violences, notamment dans le cadre familial. La femme, socle de la famille, qui doit, même, quand ça ne va pas, chercher le minimum vital pour les enfants. Cela s’avère plus difficile, lorsqu’elle fait partie de cette couche démunie, cheffe de famille. Il y a le cas de celle qui vit dans un couple pauvre, toutes ces femmes vivent les mêmes difficultés que ce soit sur le plan financier, social ou sanitaire. Et celle dite économiquement indépendante, n’échappe pas aussi à une certaine forme de violence. Elles sont aussi sujettes à des stigmatisation quand c’est le mari qui décède de Coronavirus.
Pour une femme, la violence est partout, mais il y a, celle surtout conjugale, qui se vit lorsque que le grand portail de la cour se referme ou la porte de la chambre conjugale. Avec le sentiment d’agacement, dû au Coronavirus, certaines formes de violences se sont accentuées et ont creusé un très grand écart entre les hommes et les femmes vivant déjà dans la pauvreté. La femme en ces temps, face au silence d’un mari en manque d’emploi, boude, insulte et les enfants ne sont plus libres comme avant. Par manque de cours, des fillettes sont mariées à la va-vite.
Pour Korotoumou dite koro, vendeuse ambulante de pain: « Depuis l’apparition du coronavirus, nous n’avons plus la paix à la maison. Mon mari agace tout le moment et je suis particulièrement victime d’injures et de menaces depuis que ses affaires ne marchent plus, il est devenu violent. Je vendais du pain chaque matin de porte en porte mais depuis un moment, mes clients n’achètent plus comme avant à part quelques-uns à cause du coronavirus. » .
Les domaines dans lesquels travaillent les femmes sont les plus touchés par les restrictions dues à la Covid-19. Il s’agit de la restauration, de la vente sur des étales aux abords des marchés, dans les lieux d’hébergement, le travail domestique chez les plus aisés …etc. Si ce n’est pas le licenciement, au niveau des hébergements ou de certains domiciles par peur de la maladie, c’est la perte des sources de revenus comme l’explique Sétou Doumbia, mère de cinq enfants, elle fait de la restauration au coin de la rue dans son quartier à Kalaban Coro. C’est avec ce revenu, qu’elle paye la scolarité des enfants, les problèmes de santé et le repas. « En temps normal, je pouvais vendre 5 kg de haricot en une soirée sans compter les autres petits plats. Mais, depuis l’arrivée de cette maladie, plus la période de couvre-feu et maintenant le taux élevé de malades et de morts, rien ne va, je vends à peine un kilo par soirée ».
Assise sous son hangar, l’enfant sur les jambes, Mariama Kanssaye, mère de trois enfants parle de l’impact de la covid-19 sur son commerce : « Quand j’ai appris que la Covid-19 avait refait surface, j’ai eu beaucoup de tristesse. Parce que je garde à l’esprit le mal que ça nous a causé. Imaginez, nous vendons de la nourriture aux abords de la route. Avec la pandémie, les clients ne viennent plus et c’est difficile pour nous. En seulement deux semaines, j’ai perdu mon fonds de commerce. C’est dur parce que nous aidons économiquement nos maris qui aussi n’arrivent plus à joindre les deux bouts. »
Chez nous, les tâches de ménagères, de garde d’enfants et des parents malades sont très souvent réservées aux femmes et aux filles. Les besoins spécifiques des femmes en période de Covid-19, en terme d’accès aux soins de santé essentiels souvent ignorés à cause de la priorité donnée à la pandémie. Ce qui peut réduire les avancées en matière de droits à la santé.
Les femmes sont les plus touchées par la crise de la Covid-19, car elles sont celles qui perdent vite leur emploi et sont souvent moins couvertes par les mesures de protection sociale. C’est à nos gouvernants maintenant d’inverser l’impact en apportant de l’aide aux femmes les plus démunies. En les choisisant bien, car certaines n’ont pas bénéficié dans les quartiers périphériquse du projet “Un malien, un masque”.
Maïmouna TRAORE .