Le 13 octobre 2018, la Fédération Nationale des Collectifs des Organisations Féminines du Mali (FENACOF) en partenariat avec l’ONG « GIRL GENERATION » a organisé une séance d’information et de sensibilisation dans la Commune rurale de Siby.
Cette rencontre a réunie les autorités locales, les représentantes des organisations féminines, les organisations religieuses, les exciseuses et de nombreuses personnes autour d’un débat très passionnant et tabou. Mais malgré le caractère tabou du sujet les participants ont posé beaucoup de questions et ont eu droit à des réponses claires et satisfaisantes.
« La lutte efficace contre les MGF passe par les femmes et les filles, engageons-nous pour l’éliminer » tel était le thème choisi pour cette troisième séance organisée après celles de Bamako et Kati. Ce projet vise selon les organisateurs à conscientiser les populations sur les conséquences des Mutilations Génitales Féminines (MGF) et engendrer un changement de comportement visant à protéger la santé des enfants et des filles. Ce qui est en droite ligne avec la vision de « GIRL GENERATION » qui est convaincu que la communication a le pouvoir d’influencer positivement le tissu même de la société et des communautés, d’où son appui financier .
L’excision est présentée aujourd’hui, dans le monde entier, comme une atteinte aux droits humains car elle est une négation du libre choix de la femme de disposer de son corps. Aussi les victimes sont exposées à des conséquences néfastes à court et long terme dues à des organes atrophiés, à des cicatrices inhibant la sexualité et les fonctions de reproduction, a précisé Mme Kadidiatou Togola Coordinatrice du projet. Au Mali, l’excision a jadis été vue comme un rituel de maturité, elle est aujourd’hui, pratiquée sur des enfants pendant leur petite enfance ou sur des femmes en âges de se marier. La situation se présente plutôt inquiétante avec une prévalence de 89%. La répartition des prévalences est globalement la même sur le territoire a-t-elle ajouté. Les activités de la journée ont pris fin par des émissions de sensibilisation dans les différentes stations de radio de la commune.
Daouda Kéïta : Maire de la Commune rurale de Siby
L’excision est un sujet que je dirais tabou, surtout au Mandé parce que, comme vous le savez c’est une pratique ancienne. Donc ça nécessite beaucoup d’informations et de sensibilisations des communautés pour qu’ils adhèrent à des projets de ce genre. Malgré la bienfaisance et le bien fondé de ces luttes, depuis de très beaux temps, on se bat pour la cessation de ces pratiques. Je pense qu’on ne doit pas se fatiguer d’informer et de sensibiliser toujours la population. C’est une question de génération, pour les générations passées, c’était un sujet tabou et ces générations sont plus nombreuses par rapport à la génération actuelle que nous sommes. En tant qu’autorités, nous soutenons des actions de ce genre parce que, nous savons que la mutilation génitale n’est pas sans conséquences surtout chez les filles.
Baminata Sinaba : Exciseuse à Siby
Je pense que les femmes ont compris l’intérêt de ce projet parce que, nous travaillons avec la présidente de la FENACOF Mme Ouleymatou Sow depuis 2010. Elle nous aide dans beaucoup de domaines et suite à cet espace je viens de comprendre que ce que nous faisons est vraiment mauvais. Je regrette beaucoup d’avoir pratiqué l’excision mais nous ne savions pas qu’elle avait des conséquences aussi périlleuses. Je lance un appel aux autorités de nous aider à trouver d’autres activités à faire pour que nous puissions subvenir à nos besoins.
Kadidiatou Togola : Coordinatrice du projet « INFORMATION ET DE SENSIBILISATION DES POPULATIONS »
La FENACOF à travers son projet « GIRL GENERATION » qui a son siège en Afrique du Sud a pour objectif de défendre le droit des femmes et assurer son autonomisation en organisant des séances d’information et de sensibilisation de la population, des émissions radio de sensibilisation. Nous avons prioriser le problème d’excision parce que, nous avons remarqué que les chiffres en la matière sont très éloquents chez nous, avec une prévalence de 89% ce qui constitue un véritable problème de Santé publique. Nous avons organisé des espaces de sensibilisation à Bamako, notamment dans la commune IV, Commune V et VI. Pour le début, nous avons ciblé Bamako, Kati et Siby, mais nous envisageons couvrir d’autre localité dans les jours à venir.
Mamadou Gagny Traoré