L’Hôtel Sheraton de Bamako a abrité le 27 septembre 2018 la cérémonie de lancement du Programme d’éducation complète au Mali sous l’égide du ministre de l’Education nationale. Le programme est mis en œuvre par le Groupe pivot santé population et financé par l’Ambassade du Royaume des Pays-Bas.
Promouvoir une éducation sexuelle complète de qualité afin d’outiller les adolescents et les jeunes (filles et garçons) à des prises de décision en faveur d’une sexualité responsable ! Tel est l’objectif phare du Programme d’éducation complète lancé le 27 septembre 2018. Il s’agit de prévenir les maladies et affections, éviter l’abandon scolaire à cause de notamment des grossesses précoces et non désirées.
Cette initiative cible les élèves de la 5e à la 9e année du cycle fondamental ainsi que les élèves maitres des Instituts de formation des maitres (IFM). Les autres bénéficiaires du programme sont les enseignants formateurs et les directeurs des établissements de l’éducation de base avec les partenaires sociaux de l’école ; les acteurs des centres d’éducation pour le développement et les responsables des structures ministérielles impliquées dans la mise en œuvre.
Ce programme vise à fournir aux adolescents et aux jeunes (filles et garçons) des connaissances, des compétences, des attitudes et des valeurs qui leur permettront de faire des choix éclairés et de prendre des décisions appropriées concernant leur santé, leur bien-être, leur estime de soi, leurs droits, leurs relations sociales et sexuelles dans le cadre du respect mutuel.
Des actions devant contribuer au maintien des filles à l’école en leur donnant une chance égale de participer avec leur plein potentiel au développement de leur communauté et de leur pays.
Après avoir cité les problèmes rencontrés par l’école malienne, le ministre de l’Education nationale et de la Recherche scientifique a souligné l’importance de l’intégration de l’éducation sexuelle complète au système éducatif. Dans ses propos, Le Pr Abinou Témé n’a pas manqué de mettre en relation l’engagement de son département en faveur d’une formation de qualité et l’impact positif que cela fera sur le développement du Mali.
«Le Mali ne sera pas au rendez-vous du dividende démographique sans l’intégration d’une éducation sexuelle complète dans les programmes scolaires et le renforcement d’activités similaires au niveau des centres de promotion de la jeunesse pour les filles et les garçons non scolarisés», a rappelé le ministre Témé.
La population malienne est jeune avec 46 % de moins de 15 ans et 39 % d’adolescentes (15-19 ans) qui ont déjà commencé leur vie reproductive. C’est ce qui ressort de l’Enquête démographique et de santé (EDS 2012-2013). Et 33% des adolescentes ou jeune filles ont eu au moins un enfant et 6 % sont enceintes de leur premier enfant.
Cette fécondité précoce, conséquence de rapports sexuels non protégés, expose les adolescentes au risque d’infections sexuellement transmissibles (IST), notamment d’infection par le VIH, et de grossesses non désirées, L’abandon scolaire, les avortements non sécurisés, les infanticides, les fistules obstétricales et même les décès sont, entre autres, les conséquences dramatiques de cette précocité.
Toutes ces implications nécessitent que les adolescents et les jeunes (filles et garçons) aient des informations fiables sur la sexualité, la prévention des IST (y compris le VIH/SIDA), les droits sexuels et reproductifs et l’accès aux services et produits de santé sexuelle et reproductive
Cette initiative est pleinement conforme aux politiques et programmes nationaux et internationaux relatifs à la population, à la santé sexuelle et reproductive et aux droits connexes, notamment la politique nationale relative à l’égalité des sexes, le plan stratégique pour la santé en matière de reproduction 2014-2018 et la feuille de route de l’Union africaine intitulée « Tirer le meilleur parti possible du dividende démographique en investissant dans la jeunesse». Il existe également des preuves de l’efficacité de l’éducation complète à la sexualité dans le monde entier. Et l’information la plus importante à retenir est qu’elle n’augmente pas l’activité sexuelle, le comportement sexuel à risque, ni les taux d’infection par IST / VIH contrairement à l’idée répandue.
Pour le succès de ce programme scolaire sur la santé sexuelle et reproductive, destiné aux adolescents et aux jeunes, tous les partenaires de l’école, y compris les médias, seront impliqués dans la promotion de l’initiative pour une meilleure compréhension de la question.
Le ministère de l’éducation nationale du Mali, en collaboration avec toutes les parties prenantes va capitaliser les expériences pilotes d’éducation sexuelle complète. En l’intégrant au programme officiel qui sera enseigné de manière durable, indépendamment d’un financement externe, la pérennisation et la mise à l’échelle sur l’étendue du territoire national sont assurées.
Sur la base des résultats de l’analyse des besoins des adolescents et des jeunes au Mali et des recommandations d’experts en éducation sexuelle complète, les thèmes prioritaires identifiés seront développés et enseignés dans les écoles et les instituts de formation des enseignants.
En outre, un mécanisme de pilotage et de suivi est mis en place afin d’assurer la qualité d’enseignement souhaité et capitaliser les leçons et les recommandations des projets pilotes lors de la mise en œuvre du programme.
Dr Lalla Fatouma Traoré
Département d’enseignement et de recherche en Santé publique /Faculté de Médecine et d’Odontostomatologie/USTTB