En vraie Nyéléni, elle continue son ascension dans les sphères du management sportif et vient de prendre fonction à Dakar (Sénégal) pour diriger le bureau de la FIFA au bénéfice du football sous-régional. Et cela, après avoir damé le pion à tous les postulants, suite à un appel à candidature fructueux de l’instance mondiale du football. Mme Fatou Camara, c’est d’elle qu’il s’agit, est destinée à une très brillante carrière dans les instances sportives internationales. A condition qu’elle continue de bénéficier de tous les soutiens indispensables dans son propre pays.
Dans le cadre de sa nouvelle politique de développement du football, la Fédération internationale du football Association (FIFA) a récemment ouvert trois bureaux en Afrique et couvrant des zones bien indiquées (Afrique du Sud, Sénégal et Ethiopie). Suite à un appel à candidatures, c’est notre compatriote Fatou Camara qui a émergé du groupe pour diriger le bureau de Dakar (Sénégal).
«Heureuse de pouvoir servir le football en Afrique. Il ne s’agit pas que du football féminin et le Mali, mais le développement du football global avec une aide précieuse aux fédérations… Je reste une motivation pour les femmes et les anciennes joueuses dans le monde du foot», a-t-elle confié à nos confrères du site africafootunited.com. Pour ceux-ci, «Coulibaly Fatou Camara prouve que, au-delà de ce poste, elle a une conviction pour développer le foot malien, africain voire mondial».
«Dans le cadre de sa vision Fifa 2.0, la Fifa a résolument pris l’option de remettre le football au centre de ses décisions et l’ouverture des bureaux régionaux dans 9 pays, dont celui du Sénégal, est un symbole sans équivoque dans l’engagement de la Fifa à renforcer le dialogue avec les acteurs clés du football que sont nos associations membres aux fins de développer le football à tous les niveaux», avait souligné la secrétaire générale de la Fifa, Mme Fatma Samoura, en février 2018 lors de la signature de l’accord de siège entre le gouvernement du Sénégal et la Fifa. C’était en vue de l’implantation à Dakar de son bureau régional pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre.
Les bureaux régionaux ont pour mission principale de coordonner toutes les activités de développement de la Fifa dans leur région respective ; d’aider les associations à mettre au point leurs stratégies en vue d’atteindre leurs objectifs de développement et de mettre en œuvre le programme Forward de la Fifa, et ce travail est accompli en étroite collaboration avec l’administration de la Fifa à Zurich. Ancienne joueuse et capitaine de l’Equipe nationale féminine de football du Mali, Fatou Camara a donc été désignée pour diriger le bureau de l’Afrique de l’Ouest à Dakar.
Née le 16 octobre 1978, à Bamako, marié et mère de deux enfants, Fatou Camara a été présidente de la Commission centrale du foot féminin au Mali et commissaire des matches Caf. Ancienne sociétaire du FC Amazone de Boulkassoumbougou (Quartier Est de Bamako), Coulibaly Fatou Camara a porté le maillot de la sélection nationale pendant 7 ans. Elle a ainsi disputé deux Can (2002 et 2004) avant de prendre sa retraite en 2004. «Si la polyandrie était de règle dans nos us et coutumes, le football serait le second mari de Dame Fatou. Ainsi, personne ne trouvera quelque chose à redire sur une femme qui a scellé son union avec cette discipline sportive en ne brûlant aucune étape pour être au summum du football féminin aujourd’hui», dselon notre confrère Moustaph Maïga de « Le Ségovien » (Ségou) !
Du terrain poussiéreux de Konatébougou, aux arènes de 80 000 places des stades de Coupe du monde, en passant par les gazons naturels ou synthétiques de Bamako et de certaines capitales africaines où elle a laissé des traces indélébiles, Fatou Camara a toujours été au service du football national dans une Commission Fédérale et au service de la Nation dans un poste des Nations Unies. «Elle est incontestablement l’incarnation d’une race de sportive dont le background professionnel est irréprochable», témoigne notre confrère.
En 1992, elle n’avait que 14 ans quand le germe du football s’est emparé d’elle 21 ans plus tard, c’est la patronne du football féminin au Mali. Fille unique parmi une fratrie de 5 enfants, elle ne rechignait pas la compagnie de ses frères qui jouaient au ballon. «Nous habitions Konatébougou, et un jour, j’ai eu l’idée de mettre en place une équipe féminine dans le quartier, en faisant le porte à porte pour convaincre les filles de venir avec moi, et nous avons mis en place une équipe dénommée CSK (Club Sportif de Konatébougou) qui n’a pas eu la chance d’être affiliée à la fédération. Les filles se sont découragées et j’ai intégré après, le FC Amazones de Boulkassoumbougou», raconte-t-elle modestement pour expliquer sa passion du sport-roi au Mali et un peu partout dans le monde.
La bachelière du Lycée Fily Dabo Sissoko en 1997 tapera, à partir de là, dans l’œil des Maliens. Capitaine de club, celle qu’on surnommait Crespo et dont la coqueluche reste Romario, remporte la Coupe de la Ligue de Bamako, mettant fin au règne du mythique club féminin du Mali à l’époque (les Supers Lionnes). Et cela grâce à ses deux superbes buts dans ce match historique. Et du coup, elle sera vite appelée en Equipe nationale pour une belle épopée avec les Aigles Dames. A son palmarès, l’élimination des Nations comme la Cote d’Ivoire, le Maroc et surtout la fabuleuse qualification pour la CAN 2002 au Nigeria, au même moment où la Nation malienne organisait celle des Hommes.
Mais, Fatou garde surtout comme meilleur souvenir de son parcours ce derby national qui lui a permis de terrasser «l’ennemie jurée» qu’est le club des Super Lionnes d’Hamdallaye, pour être Champion du District. Elle a avait offert la victoire à son équipe en jouant avec un nez fracturé toute une mi-temps.
Charme, équilibre, flexibilité, mesure et esprit pondéré… Des traits caractéristiques qui ont permis à Fatou d’allier sport et études en décrochant notamment un Master 2 en Gestion des Projets et de servir dans de grandes structures des Nations Unies comme le BIT (Bureau International du Travail) et le PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement) où elle servait comme Assistante en Gestion technique, administrative et financière du Projet pool technique des PTF (Partenaires Techniques et Financiers) avant son nouvel emploi à la FIFA !
«Le monde du football n’est pas facile pour une femme. C’est un combat quotidien et un combat permanent contre la discrimination faites aux femmes par les hommes. Il faut être courageuse, déterminée, avoir des objectifs et surtout les nerfs solides pour tenir», souligne souvent la jeune dame en analysant son propre parcours avec le recul nécessaire.
«Des fois, je regrette d’avoir mis fin très tôt à ma carrière. Mais, je me dis aussi que si je n’avais pas arrêté tôt, je ne serais pas devenue cette dirigeante de foot que je suis aujourd’hui», raconte comme dilemme celle qui a raccroché les crampons à 26 ans. Juste après une nouvelle qualification du Mali à la CAN 2004 en Afrique du Sud. Dans le management sportif, elle fait figure de boussole pour la jeune génération… Déléguée fédérale des matchs de la D1 depuis 2007 au Mali, Fatou a été présidente de la Commission Centrale du foot féminin à partir de 2013, ambassadrice de l’ONG Right To Play inspirée par des athlètes au bénéfice des enfants défavorisés, membre du Comité Régional Olympique…
Et personne ne sera surpris qu’elle brigue la présidence de la Fédération malienne de football un jour. «Beaucoup de personnes me posent cette question, mais pourquoi pas, d’autant plus que le monde du football fait partie de ma vie. Cependant, si je dois y penser ce n’est pas pour maintenant», répond «Yaye» (son surnom affectif en famille) quand on lui pose la question. En tout cas, une telle responsabilité ne serait pas au-dessus de la compétence et du dévouement de celle qui a pour idole la Burundaise Lydia Nsekera, membre de la FIFA et présidente de la Fédération Burundaise de Football.
En attendant, ce nouveau poste va sans doute permettre à Fatou de gagner en expérience managériale et surtout d’enrichir son CV et son carnet d’adresse pour être pile à l’heure ! Au cas où… !
Alphaly