Exposition d’objets d’art ; conférence-débat sur le thème «Bob Marley est-il est un messager ?» par Aliou Diakité (administrateur civil et numérologue) ; match amical entre rasta-militaires ; projection de documentaire sur la lutte contre la prolifération contre les armes légères et de petits calibres (ALPC) et un grand live inédit avec de nombreux invités surprises… La 15e édition de «Mali Festi Reggae» a bien vécu le 29 février 2020 au Musée national de Bamako. La cérémonie officielle d’ouverture de cette édition a été présidée par Mme Diarrah Sanogo alias «Bougouniéré», comédienne et conseillère technique au ministère de la Culture.
«Survival» (survivre en français), l’album mythique de Bob Marley, était au centre de la réflexion de la 15e édition de Mali Festi Reggae (Festival de reggae) qui a eu lieu le 29 février 2020 au Musée national de Bamako. Un choix décortiqué par la présidente du comité d’organisation, Aminata Sangaré dite Mamy ou Queen Mamy.
Septième album (5e album studio) de Robert Nesta Marley alias Bob Marley, «Survival» est sorti en 1979 et a été accueilli par la critique comme «un véritable retour aux sources» après «Exodus» et «Kaya». Cet opus est un chef d’œuvre avec des titres fétiches comme «Africa United», «So much trouble in the world», «Zimbabwe», «Top Rankin», «Babylon System», «Survival», «One Drop», «Ride Natty Ride», «Ambush In The Night» et «Wake Up and Live» (Bob Marley/Anthony Davis). Survival est généralement considéré par les critiques comme l’album le plus abouti de Bob Marley, mais aussi le plus engagé car montrant la vision panafricaine et solidaire de Bob.
Le chef d’orchestre de l’organisation a également retracé le long parcours du reggae qui, depuis le jeudi 29 novembre 2018, fait partie du patrimoine culturel immatériel de l’Humanité de l’Unesco. Une consécration pour ce genre musical né dans le ghetto dans les années 60. Une décision que l’Unesco a justifié par la contribution de cette musique engagée à la prise de conscience internationale sur «les questions d’injustice, de résistance, d’amour et d’humanité» ainsi que sa dimension à la fois «cérébrale, sociopolitique, sensuelle et spirituelle».
«Le chemin a été long et périlleux avant cette reconnaissance que nous devons au travail acharné des hommes et des femmes qui ont mené le combat et ont porté le mouvement rastafari à bras le corps», a rappelé Mamy. Et sa sœur aînée et grande complice, Mariam Sangaré dite Sista Mam, est de ces femmes et hommes. Ne serait-ce que par l’organisation de «Mali Festi Reggae».
Célébration du «Jubilé de Diamant» de Bob Marley
Cette initiative a été inspirée par la célébration du 60e anniversaire de Bob Marley en février 2005, organisée par la Fondation Bob Marley-Rita Marley à Addis-Abeba (Ethiopie) en collaboration avec l’Union africaine, la Banque mondiale, la Commission économique pour l’Afrique et l’Unicef. Et depuis, Sista Mam a instauré cet événement dans le calendrier culturel malien pour permettre aux uns et aux autres de mieux cerner la philosophie rasta à travers la musique reggae. Et cette année, le festival s’inscrit dans le cadre du «Jubilé de Diamant» de la naissance de Robert Nesta Marley alias Bob le 6 février 1945 à Nine Mile, en Jamaïque.
Responsable du Secrétariat permanent de la lutte contre la prolifération des armes légères et petits calibres (ALPC), le Colonel-major Néma Sagara était la marraine de la 15e édition de «Mali Festi Reggae». Elle s’y est engagée car, a-t-elle rappelé, «un engagement pour la paix est une noble cause». Et d’ajouter que le reggae, au-delà du genre musical, est «un engagement pour la paix, la liberté, la justice et l’égalité».
La marraine n’a pas manqué de dresser une parallèle entre son corps de métier et le Mouvement rastafari. «La paix est notre dénominateur commun… L’idéal de paix lie les pionniers du mouvement rastafari et les pères fondateurs de l’armée malienne», a rappelé le Colonel-major. Et à travers le Secrétariat permanent de la lutte contre la prolifération des armes légères et petits calibres, elle œuvre aujourd’hui à inculquer à la jeunesse la «culture de la paix par l’éducation». Un combat auquel chacun doit contribuer par ses convictions et ses moyens. Elle a exhorté les rastas et leurs sympathisants à désormais jouer leur partition dans l’éducation, l’information et la sensibilisation contre les ALPC afin de «changer positivement notre jeunesse, de notre société».
Représentant le ministre de la Culture, Mme Diarrah Sanogo n’a pas manqué de rappeler que ce festival, par ses objectifs et son rôle, cadre parfaitement avec la politique culturelle du Mali. Et cela d’autant plus que c’est une initiative en faveur de la paix et du vivre ensemble, donc visant à contribuer à la stabilité du pays.
La cérémonie d’ouverture a été marquée par la présentation de la Médaille de l’Ordre national du mérite (Effigie Abeille) récemment remise à l’une des figures emblématiques de la musique reggae au Mali voire en Afrique, Koko Dembélé. Des «Diplômes de reconnaissance culturelle» ont été aussi remises à certains acteurs pour saluer leur participation et leur contribution à la promotion de la musique reggae et du mouvement rastafari.
La cérémonie d’ouverture a été suivie de la projection d’un film documentaire sur la prolifération ALPC et, plus tard, du match ayant opposé nos vaillants militaires à nos talentueux rastas sur le terrain de l’ex SNJ (Service national des jeunes) à Djicoroni-Para. Et la nuit, le Musée national a vibré au rythme des différentes sonorités du reggae avec Sista Mam et ses invités maliens et ceux venus d’ailleurs.
Comme nous l’a rappelé la présidente du comité d’organisation, Aminata Mamy Sangaré, ce festival vise à «promouvoir la musique reggae afin qu’à son tour elle contribue au développement socioéconomique de notre pays, à travers notamment la conscientisation de la jeunesse dans son ensemble».
Rappelons aussi que le reggae est une musique populaire jamaïcaine née, à la fin des années 1960, de la fusion du ska et des rythmes calypso venus de la Trinité avec le blues et le rock and roll nord-américain. Une fusion caractérisée par un rythme binaire syncopé avec le décalage du temps fort. Le genre s’est métamorphosé en reggae, un terme que l’on doit à Fréderic Toots Hibbert, compositeur en 1967 de «Do the reggay» ! Peace and Love ! Jah Rastafaria !
500 millions d’armes circulent illégalement dans le monde
500 millions d’armes légères et petits calibres circulent dans le monde à travers réseaux mafieux… Un arsenal non contrôlé et utilisé dans les conflits armés, le banditisme, le terrorisme… occasionnant directement la mort d’au moins 500 000 personnes chaque année. C’est la révélation faite par le Colonel-major Néma Sagara dans son intervention à la cérémonie d’ouverture de la 15e édition de la «Mali Festi Reggae» dont elle était la sublime marraine. Pour éradiquer ce fléau, le Secrétariat permanant de la lutte contre la prolifération des armes légères qu’elle dirige envisage de travailler étroitement avec toutes les couches socioprofessionnelles.
Contrôler la circulation d’armes légères et petit calibre et leur fabrication artisanale est la mission principale confiée à la Commission nationale de lutte contre la prolifération des armes légères et petits calibres dirigée par le ministre de la Sécurité et de la Protection civile. Le Secrétariat permanent est l’organe d’exécution de cette mission. Pour 2019-2023, il a élaboré et adopté un plan d’action de plus de 4 milliards de F Cfa.
Fabriquée généralement dans la capitale ou dans le sud du pays, les armes légères et petits calibres sont de plus en plus concentrées dans le centre du pays pour des activités criminelles déguisées en conflits communautaires. C’est pourquoi, comme l’a toujours souhaité le Colonel-major Sagara, «la problématique des armes légères et de petit calibre doit être une préoccupation majeure des acteurs étatiques et non étatiques». Et surtout qu’elles sont à la base de 99 % de l’insécurité actuelle dans notre pays. «C’est ensemble que nous allons combattre la prolifération des armes légères et petits calibres pour gagner la paix», a indiqué le Général Salif Traoré lors d’un atelier de formation des médias en septembre 2019 à Koulikoro.
Le Mali est signataire de la convention de la CEDEAO sur les ALPC et le Traité sur le Commerce des armes qui est international (même si la Russie et la Chine ne l’ont pas ratifié). En plus de ces deux textes, il y a la législation malienne dont la loi N°04-050 du 12 novembre 2004 régissant les armes et munitions avec son décret N°05-441/P-RM du 13 octobre 2005 portant modalité d’application de la loi sus citée.
Mais, comme le conseillent de nombreux experts, la meilleure stratégie de lutte contre les ALPC est l’information et la sensibilisation. Et en la matière, le Colonel-major Néma Sagara et son équipe peuvent désormais compter sur le Mouvement rastafari et ses sympathisants.
Moussa Bolly